Ce roman porte en son cœur le nœud vibrant de la musique, tant le tissu romanesque faisant s’entremêler les évocations de cet univers et les précisions qui ont trait au chant lyrique nous permettent d’être habités par elle, et de retourner vers elle, ouvrant telle pochette de disque, telle autre, glissant la promesse de soleil, disque vibrant de micro-rayures, dans le lecteur pour que le souffle s’empare de nous, nous ravisse.
Mais la musique est bien plus que cela dans Mélomane, aussi n’est-ce pas à proprement parler un roman sur la musique. Elle est le cadre qui permet que soit vraiment approché par l’auteur le sentiment amoureux, dans toute l’étendue de son déploiement, c’est-à-dire dans la façon qu’il a d’être relié à la matérialité des nerfs et à l’immatérialité des pensées.
Si l’opéra permet qu’ait lieu dans toute sa précision l’indéfinition de l’amour – indéfinition qui a néanmoins valeur de définition puisqu’elle permet que soit approché ce trouble (ce flou de la conscience et cette certitude organique) dans ses plus précises circonvolutions –, c’est parce qu’il va jusqu’à apparaître véritablement comme la métaphore de l’amour, étant indéfectiblement relié au ressenti le plus profond, le plus organique, étant un « un art de la nostalgie. Un art pour des gens qui connaissent avec précision les exigences de leur sensibilité ».