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Langue allemande

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, Ingeborg Bachmann

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, édition bilingue, trad. allemand (Autriche) Françoise Rétif, septembre 2015, 592 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Ingeborg Bachmann Edition: Gallimard

 

Après une première traduction en français d’une partie des écrits d’Ingeborg Bachmann, en 1989, chez Actes Sud, cette anthologie de son œuvre poétique Toute personne qui tombe a des ailes n’a pas d’équivalent, ni en France ni en pays germanique. Elle présente l’œuvre lyrique dans sa continuité, de ses premiers poèmes composés dès l’âge de 16 ou 18 ans par les Poèmes de jeunesse (1942-1945), Le temps en sursis (1953), Invocation de la Grande Ourse (1956), aux poèmes écrits jusqu’en 1967, dont le poème au lecteur.

Ingeborg Bachmann est née le 25 janvier 1926 à Klagenfurt en Autriche. En 1952, elle rejoint le cercle littéraire Munichois d’avant-garde, le Gruppe 1947 dont Max Frisch, Heinrich Böll, Uwe Johnson et Günter Grass font partie. À 33 ans, en 1959, elle sera la première titulaire de la chaire de poétique de la faculté de Frankfort. De la génération de Günter Grass, Martin Walser, Thomas Bernhardt, Paul Celan ou Max Frisch, elle fut liée à beaucoup par amitié ou par amour et c’est ainsi que grandit une très profonde relation d’égal à égal avec Paul Celan qui marquera à jamais non seulement son œuvre, mais aussi celle de l’écrivain d’origine roumaine.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau), février 2015, Edition bilingue (allemand/français) annotée par Jean-Pierre Lefebvre, trad. français Olivier Le Lay, 201 pages, 4,10 . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Toujours doublement précieuses sont les éditions bilingues des grands textes littéraires. Le lecteur français germanophone et le lecteur allemand francophone apprécieront certainement celle-ci en particulier, mais nulle nécessité d’être bilingue pour se laisser prendre aux qualités intrinsèques du récit, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Le Lay.

La scène a pour cadre, au début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise de la Riviera, où se côtoient les membres d’une société à la Somerset Maugham, à la Maupassant, où chacun observe chacun, où chacun commente, critique, juge et sanctionne les gestes et les paroles de chacun, au nom d’une morale étriquée appliquée de manière immédiate et arbitraire au vu de la seule superficialité des faits.

Une vie entière, Robert Seethaler

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 15 Octobre 2015. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Une vie entière, octobre 2015, traduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landes, 157 pages, 18 € . Ecrivain(s): Robert Seethaler Edition: Sabine Wespieser

 

La vie peut-elle être désespérante ? Et dans ce cas, pourquoi s’accrocher à elle ? Ces questions trouvent des réponses dans le roman, saisissant, de Robert Seethaler, Une vie entière. Il s’agit de la vie d’Andreas Egger, jeune paysan né – peut-être ? – le 15 août 1898, dans un village des alpes autrichiennes. Il naît orphelin, battu par l’homme qui l’a recueilli chez lui, un certain Kranzstocker, au point de le rendre boiteux. Le roman débute par la découverte faite par Andreas Egger de Jean des Cornes. Ce dernier agonise sur sa paillasse, Andreas Egger le porte jusqu’au village sur un sentier de montagne long de plus de trois kilomètres. Premières souffrances, douleurs préliminaires de la vie.

Il tombe amoureux de Marie, jeune femme embauchée à la ferme où il travaille, parvient à la rejoindre clandestinement dans le village, mais ne parvient pas à entamer une relation pleine avec cette femme, ne peut lui exprimer son amour, faute de maîtrise suffisante du langage, et ne peut consommer cette relation jusqu’à son terme naturel…

La vie conjugale, David Vogel

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Août 2015. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, L'Olivier (Seuil)

La vie conjugale, mai 2015, trad. de l’hébreu par Michel Eckhardt Elial, 458 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): David Vogel Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Toute la puissance – impressionnante – de ce roman est dans la véritable oppression que subit son principal personnage. Une oppression qui, parce qu’elle est volontaire et choisie, se déploie narrativement comme un cauchemar.

Gurdweil est un petit Juif viennois, sans envergure, sans importance, sans ambition. Il a quelques amis, dont la très jolie Lotte, qui de toute évidence et on ne sait trop pourquoi, l’aime secrètement. Un jour, dans un des cafés de la Vienne flamboyante des années vingt, Gurdweil aperçoit une dame non moins flamboyante, une femme qui d’emblée provoque chez lui un trouble immense.

« Il se sentit soudain pris d’une indéfinissable sensation de malaise, comme à l’annonce d’un malheur proche ».

Cette étrange sensation née lors de la rencontre avec la femme qui sera sa femme, sonne comme un sombre avertissement de ce que sera cette relation faite de haine pure. La Baronne Thea von Takow – c’est ainsi que se présente la dame – sera le bourreau quotidien – cruel jusqu’au pur sadisme – du malheureux Gurdweil, écrasé par une passion masochiste qui le dépasse.

Pro domo et mundo, Aphorismes et réflexions II, Karl Kraus

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 19 Mai 2015. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Rivages poche

Pro domo et mundo, Aphorismes et réflexions II, mars 2015, traduction de l’Allemand et préface de Pierre Deshusses, 176 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Karl Kraus Edition: Rivages poche

Cela faisait des siècles qu’on ne crachait plus quand passait un écrivain.

Avant la création du monde, le dernier couple d’humains sera chassé du jardin de l’hôpital.

Il y a des gens qui en veulent toute leur vie à un mendiant de ne rien lui avoir donné.

Proposition pour regagner cette ville : modification du dialecte et interdiction de la reproduction.

 

Karl Kraus écrit à Vienne, entre deux catastrophes annoncées, la fin de l’empire austro-hongrois des Habsbourg et l’avènement du national-socialisme allemand. Il ne cesse dans son journal Die Fackel de mettre en garde ses lecteurs contre la ruine qui s’annonce. Karl Kraus est en guerre, en guerre permanente contre la langue frelatée des journalistes, contre la bourgeoisie, le mensonge, la corruption, et la manipulation des masses, mais aussi les complaisances douteuses et les dénis de justice. Il manie la satire et l’attaque directe, la visée frontale, c’est un snipper, la plume et la parole, car il se pique également d’organiser des soirées de lectures publiques qui connaissent de grands succès – ce que j’écris est du théâtre écrit.