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Mon dîner chez les cannibales et autres chroniques sur le monde d’aujourd’hui. Journal philosophique, Ruwen Ogien

Ecrit par Arnaud Genon , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Grasset

Mon dîner chez les cannibales et autres chroniques sur le monde d’aujourd’hui. Journal philosophique, mars 2016, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Ruwen Ogien Edition: Grasset

 

L’éthique minimale de Ruwen Ogien


Les philosophes sont de plus en plus sollicités – dans la presse, sur les plateaux de télévision, à la radio – pour commenter le monde, le donner à penser, parfois à comprendre. Parmi eux, se distingue Ruwen Ogien qui échappe aux « tendances catastrophistes qui sont devenues dominantes au sein de la philosophie académique et non académique ». Pour autant, il ne succombe en aucun cas aux autres maux des esprits d’aujourd’hui : « l’optimisme béat ». Son journal philosophique, en fait, un recueil d’articles publiés dans divers médias, se penche sur les questions d’actualité qui ont été au cœur des récents débats publics : droits de l’Homme, religion, liberté d’offenser, grossesse pour autrui ou homophobie sont, entre autres nombreux sujets éthiques et politiques, ici abordés.

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), Ann Leckie

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Science-fiction, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion), Aventures

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), septembre 2015, trad. anglais (USA) Patrick Marcel, 443 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ann Leckie Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

 

Depuis sa publication en 2013, La Justice de l’Ancillaire, premier roman de l’Américaine Ann Leckie (1966), s’est vu attribuer quelques prix parmi les prestigieux dans le domaine de la science-fiction : le Prix Hugo (meilleur roman), le Nebula (meilleur roman), le Locus (meilleur premier roman), le Arthur C. Clarke (meilleur roman de science-fiction) et celui de l’Association Britannique de Science Fiction (meilleur roman), n’en jetez plus, on a compris, il est chaudement recommandé de le lire selon les membres éminents de la profession, si tant est que la science-fiction soit une profession. C’est donc avec une certaine bienveillance qu’on ouvre ce volume de taille raisonnable (environ quatre cent-quarante pages) dont on sait déjà qu’il sera suivi de deux autres d’une épaisseur similaire, les deux suites de ces Chroniques du Radch, et cette bienveillance se trouve récompensée par un roman aussi solide dans sa narration qu’inventif dans sa technique et son style.

Viges, Christophe Lamiot Enos

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Flammarion

Viges, 2016, 309 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christophe Lamiot Enos Edition: Flammarion

 

Vibrant recueil (vibration qui choit du livre et nous fait vivre, vibration qui émane du, de&tenue, tenue ensemble).

Recueil (vrai mot). Plein, tout plein de la vibration de la vie : cette « moisson » « vécue » à jamais « infinie » (réveillée) dans son « fini » « finissant » (conscience, faits).

Première citation : Gertrude Stein : We feel we feel

Les moments vécus par l’auteur, moments remarquables (même les infimes le sont, quand le cœur s’y est mis, quelque), ces moments sont clairement restitués. Nous sont donnés.

Clairement : au moyen de la musique verlainienne, subtile&entêtante, correspondant à un phrasé&à un quotidien, à un dicible&à un ineffable (le ressenti est son propre langage), au moyen de

Cette musique véhiculée par le vers (goût profond pour l’impair).

Ainsi (par exemple) : 9/9/3

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, Vladimir Vertlib

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Langue allemande, Roman, Métailié

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, février 2016, trad. allemand (Autriche) Carole Fily, 420 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vladimir Vertlib Edition: Métailié

 

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur est le quatrième ouvrage publié par l’Autrichien d’adoption Vladimir Vertlib (1966). Malgré le succès rencontré Outre-Rhin, il aura fallu attendre quinze ans pour qu’il soit traduit en français – c’est d’ailleurs le premier ouvrage de Vertlib à connaître ce sort. Etant donné l’accueil plus que favorable réservé à L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, récompensé par le prix Adalbert-von-Chamisso (un prix décerné à un ouvrage de langue allemande écrit par un auteur dont ce n’est pas la langue maternelle) et le prix Anton-Wildgans (un prix destiné à encourager de jeunes écrivains autrichiens prometteurs), nul doute que d’autres traductions suivront.

Ce roman débute quasi comme un gag, une farce flaubertienne : dans une petite ville fictionnelle allemande du nom de Gigricht, en vue du nouveau millénaire et en célébration de son (supposé – Vertlib s’en amuse avec délectation vers la fin du roman (se) jouant de la notion de document historique fiable… ou non, ce qui remet en perspective un certain point des faits narrés par Rosa Masur) sept cent cinquantième anniversaire, la municipalité décide de publier un ouvrage, avec l’aide d’un institut d’histoire, un livre destiné à favoriser et montrer l’intégration des étrangers, qui « s’intitulerait Etrange patrie. Une patrie à l’étranger […].

À la nuit tombée, Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble, Enrique Quevedo

, le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Jeunesse, Seuil Jeunesse, Albums

À la nuit tombée, Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble, traduit de l’espagnol par Divina Cabo avril 2016, 40 pages (dès 6 ans), 13,50 € . Ecrivain(s): Enrique Quevedo Edition: Seuil Jeunesse

 

L’album revendique un hommage à Edward Gorey et Maurice Sendak, tous deux illustrateurs américains de renom. L’un et l’autre ont une part dans la rédaction de cet album. Au premier on attribuera l’influence du trait, tout en noir et en finesse. Noir le cadre – dans la nuit, l’heure des monstres et de l’inquiétude qui monte à mesure que s’efface le jour, noir aussi l’humour qu’E. Gorey pratiquait jusqu’au macabre. Il n’est que de se souvenir des célèbres Enfants fichus (1), abécédaire de prénoms d’enfants dont chacun est lié à une mort violente et différente. Le second nous rappelle l’incontournable Max et les maximonstres (2), traduction du titre originel Were the wild things are, publié en 1964.

Les deux influences se trouvent ici réunies sous la plume talentueuse de Enrique Quevedo pour un album dont l’originalité tient à ce que les monstres cette fois ont droit à la parole et à leurs propres peurs des petits humains !