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Italie

Une lame de lumière, Andréa Camilleri

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 15 Décembre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une lame de lumière, traduit de l'italien par Serge Quadruppani éd. Fleuve Noir, septembre 2016, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Andréa Camilleri

Andrea Camilleri est un auteur italien d’origine sicilienne. Son œuvre littéraire traduite par Serge Quadruppani est écrite dans une langue métissée de sicilien qui a fait son succès et dont la saveur a quelque chose d’exotique. Si vous n’êtes pas habitués à la prose camillerienne ni aux traductions au plus juste qu’en donne Serge Quadruppani, de cette langue particulière mêlée de dialecte sicilien et d’italien sicilianisé, si vous n’êtes pas sensible à l’humour dans les romans policiers et à celui que l’auteur déploie et que le traducteur rend, alors ne lisez pas cette chronique ni ce livre, sauf à être vraiment décidé à passer tout à la fois un bon moment de divertissement et de découverte que procure toute approche différente et élargie du langage.

Faut-il connaître tout à fait cet univers, comme moi qui suis née d’une mère sicilienne, me suis-je alors demandé, pour en apprécier toutes les subtilités ? Sans doute non car Camilleri qui connaît un grand succès dans son pays est un de ces conteurs facétieux qui mêle tous les registres, se moquant des hommes et de leur violence dans ses récits policiers. Son célèbre commissaire Montalbano fait souvent d’étranges rêves. Rendez-vous compte ici, son agent, peut-être le plus naïf ou le plus simplet de sa brigade intervient dans un de ses rêves en parlant latin à la perfection. Ainsi commence donc ce récit-là.

Le manteau de Proust, Lorenza Foschini

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.

Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.

A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.

Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.

Lisario, ou le plaisir infini des femmes, Antonella Cilento

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 15 Octobre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Lisario, ou le plaisir infini des femmes, avril 2016, trad. italien Marguerite Pozzoli, 375 pages, 23 € . Ecrivain(s): Antonella Cilento Edition: Actes Sud

 

Naples, en l’an de grâce 1644, Belisaria Morales, dite Lisario, devenue muette des suites d’une opération chirurgicale ratée pratiquée sur sa gorge dans son enfance, s’endort, à l’âge de quinze ans, pour échapper à un mariage arrangé qui lui fait horreur, et ne se réveille plus. Plongée de façon permanente dans une sorte de coma, elle est alimentée de force, dans le palais de Baia, propriété du roi Philippe IV d’Espagne, Naples, Sicile et Portugal, où résident ses parents, qui font venir à son chevet les médecins les plus illustres, sans résultat, jusqu’au jour où leur est envoyé Avicente Iguelmano, un obscur « médicaillon » catalan dont s’est débarrassé à cette occasion le maître chirurgien de la Haye chez qui ce médiocre disciple faisait des études peu glorieuses.

Lisario et Avicente sont les héros de ce roman baroque, dont l’intrigue (ou, mieux, les intrigues, tant multiples sont les destinées qui se croisent et s’intriquent) a pour toile de fond principale la Naples espagnole dans un contexte historique de luttes de pouvoir, de complots, et de la révolte populaire contre la monarchie espagnole, conduite par Masaniello et Genoino, qui aboutit à la création d’une éphémère République Napolitaine (1647-1648), dans le cadre général de la Guerre de Trente Ans.

Les incendiés, Antonio Moresco

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 10 Octobre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Verdier

Les incendiés (Gli incendiati), août 2016, trad. italien Laurent Lombard, 187 pages, 16 € . Ecrivain(s): Antonio Moresco Edition: Verdier

 

 

Voilà sans doute l’un des plus étranges récits qu’il m’ait été donné de lire ces derniers mois. Les climats et images que nous avions découvert dans La petite lumière ou dans Fable d’amour, à cheval entre une réalité concrète, dure voire brutale, et un monde onirique voire simplement fantastique et surnaturel, sont ici dans une oscillation encore plus affirmée entre ces deux mondes. De façon encore plus puissante, plus radicale, le style, les images, nous installent dans un onirisme hyperréaliste qui n’épargne ni le lecteur, ni le narrateur, ni ses personnages.

Tout au long du récit, il semble que nous soyons dans un long écho, de plus en plus déformé, lointain, du Rêve familier de Verlaine :

Les yeux fermés, Federigo Tozzi

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 03 Septembre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Baconnière

Les yeux fermés (Con gli occhi chiusi), juin 2016, trad. italien Philippe Di Meo, 206 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federigo Tozzi Edition: La Baconnière

 

Véritable renaissance, grâce à cette découverte, d’un auteur largement omis par les anthologies, oublié, sinon totalement inconnu. Né en 1883, décédé en 1920 de la grippe espagnole, l’auteur italien, d’origine siennoise, a publié nombre de livres, dont ces Yeux fermés, en 1919. Le Robert des noms propres, édition 2014, signale qu’il est mort à Rome, qu’il a fait connaître ses nouvelles par l’entremise des écrivains Borgese et Pirandello, qu’il a écrit, entre autres, Les Bêtes, Trois croix, et Le Domaine, et que sa stature de narrateur insigne lui est aujourd’hui reconnue à l’instar de Svevo.

Cet exact contemporain de Saba propose donc avec ce roman nourri d’autobiographie une histoire autant âpre que révélatrice d’une époque où la ruralité était encore d’un poids massif, où la province – ici la Toscane – déroulait ses codes ancestraux et signait les derniers sursauts familiaux et terriens, entre domaine à sauvegarder et quête presque impossible de l’amour. Le tout jeune Tozzi a connu toute une série de traits qu’il partage avec son antihéros Pietro : un père autoritaire, la latifundia menée à coups de violence et de dressage des ouvriers agricoles, un tempérament d’une timidité maladive, une quête de sentiments que sa nature a bien du mal à maîtriser sinon éprouver, etc.