Identification

Essais

Lettres aux jeunes poétesses, Ouvrage collectif, préface Aurélie Olivier (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 07 Septembre 2021. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, L'Arche éditeur

Lettres aux jeunes poétesses, Ouvrage collectif, préface Aurélie Olivier, août 2021, 144 pages, 15 € Edition: L'Arche éditeur

 

Le titre de l’ouvrage en annonce bien le contenu : la démarche initiale est de vouloir faire écrire à des poétesses ce qu’elles auraient voulu recevoir comme conseils pour se préparer à l’aventure de l’écriture.

Tout y passe, les auteures pressenties s’y donnant à cœur joie en même temps que, souvent, à juste titre, « L’écrivain mâle sera questionné sur la conception de son ouvrage, l’élaboration de sa structure. Toi on te demandera si la sortie de ton livre t’a fâchée avec ta famille ».

L’intention de Claire Stavaux, l’éditrice, est de donner la parole. L’intention est louable et fonctionne parfois avec une dose d’humour : « C’est un milieu un peu hostile mais il y a de la sororité. C’est pas non plus franchement gagné/…/ Ne regrette rien et viens sans peur, tu marches déjà sur des braises, bientôt viendra le batême du feu. Allez bisou ».

La mort écrite de Flaubert, Nécrologies, Marina Girardin (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 06 Septembre 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

La mort écrite de Flaubert, Nécrologies, Marina Girardin, éditions Honoré Champion, mai 2021, 464 pages, 68 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Les nécrologies de Flaubert ou la fondation d’un mythe littéraire

Que nous disent les nécrologies d’un écrivain ? En quoi ces textes qui annoncent la mort, qui déplorent, qui célèbrent, qui retracent la vie et l’œuvre permettent-ils d’assister « à la naissance […] d’un véritable mythe littéraire » ? C’est à ces questions que répond la riche étude de Marina Girardin, qui a réuni une centaine d’articles nécrologiques dédiés à Gustave Flaubert. Ils sont ici classés chronologiquement et selon leur genre : « Nécrologies », « Les dépêches et reportages d’obsèques », ou encore « Les portraits, témoignages et commentaires ». Cet ensemble met en lumière la manière dont s’opère « une transformation de la relation critique : par sa mort, l’écrivain devient auteur ».

Dant de Flourence (deux préfaces à La Comédie de Dante), Gabriele D’Annunzio (par Jean-Charles Vegliante)

, le Lundi, 23 Août 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Dant de Flourence (deux préfaces à La Comédie de Dante), Gabriele D’Annunzio, éditions Arcades Ambo, avril 2021, 57 pages, 14 €

Un petit livre élégant, discret, sans notes superfétatoires, impeccablement édité par l’érudit Paul Bitner avec un document d’archive dactylographié de René Gutmann, et certainement fort utile. Les deux préfaces de D’Annunzio annoncées en sous-titre étaient restées en effet (dans la version française d’André Doderet) confidentielles, quasiment inédites en fait, à la suite de diverses péripéties exposées dans le court texte liminaire de l’éditeur scientifique. Ce dernier a eu l’excellente idée de fournir la première mouture – tirée à part en quelques rares exemplaires, véritables incunables – Dante, les imprimeurs et le bouvier, en reproduction anastatique dont on appréciera même le papier jauni (pp.39-49). La rédaction de ce texte, dont nous retrouverons l’essentiel (repris dans la seconde version), assez divaguant « à sauts et à gambades », ne fut pas manifestement le premier souci du vates vétéran, retiré alors, en 1924, au bord du Lac de Garde, anobli comme Prince de Montenevoso, occupé à relire son Notturno de 1921 et à meubler sa propriété, bientôt baptisée Vittoriale degli italiani… tout en finissant de se remettre d’une chute du 1er étage dans l’un de ses jardins (chute peut-être provoquée par une fillette que le vieux poète serrait de près, ou par la mère de celle-ci accourue), où il fut gravement blessé.

Quand les élèves nous élèvent, De nouvelles voix éducatives, Frédéric Miquel (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 19 Août 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Harmattan

Quand les élèves nous élèvent, De nouvelles voix éducatives, Fréderic Miquel, 200 pages, 20,50 € Edition: L'Harmattan

 

Bien sûr, parfois « les élèves enfoncent ». « Disciples indisciplinés, enfants-rois, empereurs-mineurs, beaucoup n’ont qu’une idée : se frotter à leurs maîtres pour s’éprouver et faire de leur dépouille courbée un piédestal à la gloire de leur immaturité » (p.155). Et « avoir un Bac+5 pour trembler devant un Bac-5 » n’est ni naturel ni souhaitable !

Bien sûr, aussi, seuls les adultes peuvent éduquer ou former les non-adultes, car la raison ne peut naître que d’elle-même (et non de la violence, de la folie et de l’ignorance, qu’elle seule peut cerner et dépasser, comme disait Eric Weil) : l’humanité ne peut compter que sur elle-même pour se renouveler, l’humanité à former dépendant toujours de l’humanité formée. Le développement doit mener à l’autonomie sans pouvoir en partir. « Le portrait de la jeunesse comme une période de soumission n’a donc rien de substantiellement péjoratif dans la mesure où l’inégalité de statut provient de faits et de situations objectivement reconnaissables qui échappent à l’arbitraire d’une volonté de puissance usurpatrice. Bienheureuse éducation ! » (p.127).

L’Europe archéologique, Jean-Paul Demoule (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 17 Août 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard), Histoire

L’Europe archéologique, Jean-Paul Demoule, mai 2021, 400 pages, 8,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Nous sommes à la fin du mois de juin 2021. Comme chaque jour, la lettre d’information du site Sciences et Avenir permet d’assouvir ce péché mignon qu’est la curiosité insatiable et tous azimuts, surtout du côté de l’archéologie en tant qu’elle parle de l’Homme et son histoire. Le lecteur apprend, dans le désordre, en suivant des titres intéressants à ses yeux, qu’une grotte dans les montagnes de l’Altaï aurait abrité des Hommes de Denisova et des Néandertaliens de façon simultanée ; qu’à Copenhague viennent d’être réunis les squelettes de deux guerriers vikings appartenant à la même famille, l’un mort en Angleterre, l’autre au Danemark ; que certaines victimes de la peste durant le Moyen Âge ont été enterrées dans des cimetières ordinaires. La première information résulte de l’extraction d’ADN de sept cents échantillons de sédiments récoltés dans la grotte de Denisova ; la seconde information résulte d’une cartographie de l’ADN des squelettes de l’époque viking (entre le VIIIe et le XIe siècle) ; la troisième information résulte de l’analyse des dents de personnes décédées au XIVe siècle en Angleterre, dans lesquelles ont été retrouvées des traces de Yersinia pestis.