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Les Dossiers

Interview de Claro, à propos de Tous les diamants du ciel

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 27 Août 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens, La rentrée littéraire

 

Il y a un côté très poétique dans la langue que vous employez. On a l’impression qu’il s’agit de vers mis en prose. Ça chante, ça danse. C’est très lyrique et en même temps très drôle, très imagé. Il y a aussi une certaine scansion dans la phrase. Est-ce une volonté délibérée ? Si oui, pourquoi ?

 

J’ai du mal à concevoir l’écriture comme quelque chose de désincarné. La langue est à la fois un allié et un ennemi. Un allié parce qu’elle est malléable ; un ennemi, parce qu’elle agit aussi contre nous, véhicule des lieux communs, se fige sans cesse. Je m’efforce donc d’écrire une langue qui soit consciente d’elle-même, qui puisse s’entendre dans son déploiement. La scansion est l’expression d’une nécessité physique de la langue. J’écris aussi en imaginant l’effet que peut et doit produire la langue sur le lecteur, je veux qu’il vive une expérience, pas seulement une lecture.

Portrait rouge - A propos de Roger Munier, Vision

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Juillet 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

Vision, Roger Munier, Editions Arfuyen, 2012, 80 p. 8,50 €

 

Il n’est pas nécessaire [...] de regarder l’analyse comme un exercice en soi, long, fastidieux, détaillé, rationnel. Car l’analyse n’est pas forcément cette approche globale, cette saisie totale et absolue qu’elle se donne souvent pour but. L’analyse peut être courte, fulgurante, intuitive. Elle n’a pas besoin de porter sur l’ensemble d’une œuvre pour être déterminante. Elle peut s’accrocher immédiatement à un détail apparemment secondaire ; elle est parfois le fait d’une rencontre inspirée, surprenante.

Pierre Boulez

 

J’admire Vision, le dernier livre de Roger Munier, car son idée du vide me touche beaucoup. À cause de cette vie provinciale que je mène ici actuellement où un simple oiseau dans l’écho de la rue, ou le bruit régulier du réveil dans le silence ouaté de la maison, l’odeur de pêche mûre, signalent que quelque chose passe en soulignant que cela disparaît et fait place au vide, à l’éclipse.

Michel Leiris, Vivre poétiquement

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 22 Juin 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

Propos recueillis par Frédéric Aribit

 

Les éditions des Cahiers viennent de publier leur troisième volume consacré à Michel Leiris. Avec Georges Bataille, Laure et bientôt Antonin Artaud, la collection continue d’interroger les figures majeures d’une époque, pour lesquelles la poésie se lit, bien au-delà de la littérature, comme la trace d’un impossible affronté. Rencontre avec Jean-Sébastien Gallaire, qui en dirige la publication.

 

Pouvez-vous nous raconter la naissance de ces ambitieux Cahiers, dont vous venez de publier le troisième numéro consacré à Michel Leiris ? Qu’est-ce qui est à l’origine de ce projet ?

 

Tout est né de ma découverte de Michel Leiris sur lequel j’ai longuement travaillé durant mon parcours universitaire. Au bout de sept années consacrées à l’analyse de ses seules œuvres, j’ai eu envie de poursuivre l’aventure. Il m’était difficile de me détacher de Leiris… Et j’en suis, aujourd’hui encore, bien incapable ! La fascination qu’il exerce sur moi me poursuit. En 2003, j’ai créé le site internet michel-leiris.fr.

Entretien avec Chris Womersley, à propos du livre "Les affligés"

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 21 Juin 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

Propos recueillis par Yann Suty

 

Votre livre va dans plusieurs directions. Il est difficile à rattacher à un genre en particulier. Drame de l’après-guerre ? Histoire de vengeance ? Fantastique ? Roman gothique ? Western ? En tout cas, c’est un livre riche en interprétations. Est-ce que c’était une volonté de votre part de faire un livre insaisissable, qui nous embarque sur de multiples pistes ? Qui s’amuse même à nous tromper ?

 

Je suis ravi que vous le décriviez comme un livre riche et je pense que c’est entre autres ce qui fait son intérêt : il peut plaire à des personnes aux goûts littéraires variés. J’ai été inspiré par de très nombreuses sources, du roman d’Emily Bronte, Les Hauts de Hurlevent à L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Même si ce n’était pas mon intention première d’explorer autant de genres, je voulais tout de même écrire un livre qui puisse être perçu de multiples façons, tant en ce qui concerne les thèmes que les personnages. J’aime l’ambiguïté fictionnelle, donner aux lecteurs plus de questions que de réponses.

Léon Tolstoï, les chemins de la misère

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 31 Mai 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Les chemins de la misère, Léon Tolstoï, Editions de l’Herne, 2012, 63 pages, 9,50 €

 

Le 9 février 1909, le Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï écrivait dans son journal :

« Je viens de voir un misérable, un moujik, un ancien soldat, qui s’exprime avec des mots étrangers, inutiles, mais leur sens est le même : la haine à l’encontre des gouvernants, des riches, la jalousie et une façon de se justifier de tout. Un être épouvantable. Qui a fait cela ? Les révolutionnaires ou le gouvernement ? Les deux ».

A travers ce paragraphe, L. Tolstoï décrit un tableau qui s’inspire d’une réalité sociale qui sévit en Russie. C’est ainsi qu’il nous introduit d’emblée dans le thème central de cet essai totalement consacré au monde paysan vivant dans les villages à proximité de sa demeure située près de Toula. Par ailleurs, en centrant son propos sur les paysans et sur leurs conditions de vie extrêmement précaires, il nous informe du contexte politique russe des années 1908 et dévoile son positionnement à l’égard du gouvernement russe, d’une part. Et des révolutionnaires, d’autre part.