Identification

Articles taggés avec: de Courson Nathalie

Là-bas, août est un mois d’automne, Bruno Pellegrino

Ecrit par Nathalie de Courson , le Vendredi, 09 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Zoe

Là-bas, août est un mois d’automne, janvier 2018, 222 pages, 17 € . Ecrivain(s): Bruno Pellegrino Edition: Zoe

 

Dans ce premier roman, Bruno Pellegrino imagine librement la vie du poète suisse Gustave Roud (1897-1976) avec sa sœur aînée Madeleine à partir de documents tirés de l’œuvre et de la correspondance du poète.

C’est un livre que l’on pourrait, à la manière de Flaubert, appeler « livre sur rien », ou du moins sur presque rien : la maison avec son jardin, la sœur, le frère, tous pris entre 1962 et 1972 dans « l’épaisseur des jours », des mois et des saisons.

La maison est située dans le « là-bas » du titre, tout au bout d’un village vaudois. Gustave et Madeleine y sont entrés quand ils avaient onze et quinze ans et ne l’ont plus quittée. Bruno Pellegrino la décrit minutieusement, parfois même en poète avec ses poutres apparentes, ses odeurs, ses lumières vacillantes, ses courants d’air, ses armoires en chêne, et sa poussière qui prend possession de l’espace et « charrie les résidus des travaux et des gens, rognures d’ongles, cheveux, peaux mortes des visages et des sols ».

L’oubli que nous serons, Héctor Abad

Ecrit par Nathalie de Courson , le Lundi, 11 Décembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Folio (Gallimard), Roman

L’oubli que nous serons, trad. espagnol (Colombie) Albert Bensoussan, 400 pages, 8,30€ . Ecrivain(s): Héctor Abad Edition: Folio (Gallimard)

 

L’année France-Colombie qui s’achève nous a permis de mieux connaître certains artistes et écrivains colombiens de grande valeur, dont Héctor Abad Faciolince, aussi sensible et chaleureux dans son œuvre romanesque que dans son contact avec le public. Le titre énigmatique de son livre autobiographique, L’Oubli que nous serons, provient d’un sonnet de Borges (1) trouvé dans la poche du père de l’auteur après son assassinat en 1987 à Medellín par une milice paramilitaire : « Nous voilà devenus l’oubli que nous serons ». Mais la dédicace du livre à deux amis survivants du père, et l’épigraphe du poète israélien Yehuda Amichaï dissipent un peu la mélancolie de ce titre en affirmant d’emblée la volonté de mémoire qui anime le livre :

Et pour l’amour de la mémoire

je porte sur mon visage le visage de mon père.

Comment construire un livre autour d’un père exceptionnel sans tomber dans la mièvrerie hagiographique ? se demande le narrateur.

Un petit héros, Fédor Dostoïevski

Ecrit par Nathalie de Courson , le Lundi, 27 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Nouvelles, Russie

Un petit héros, septembre 2017, traduit du russe par Gustave Aucouturier, 79 pages . Ecrivain(s): Fédor Dostoïevski Edition: Folio (Gallimard)

 

La Collection Folio 2 € présente l’avantage de mettre à portée de la main, dans toutes les librairies de quartier, certaines œuvres de grands écrivains que l’on n’a pas toujours remarquées et qui contiennent en germe certains de leurs thèmes les plus importants. C’est le cas de Un petit héros publié en septembre dernier dans la traduction classique de Gustave Aucouturier (et dont celle, plus récente, d’André Markowicz pour Actes Sud, ne diffère pas considérablement). Cette nouvelle de 70 pages mérite d’être isolée car elle est très particulière dans la production de Dostoïevski, d’abord par les circonstances de sa composition : l’auteur, arrêté pour complot politique en 1849, attendant la sentence qui le condamnera à mort, s’empresse de l’écrire aussitôt qu’il peut disposer d’une bougie, d’une plume et d’un papier. Mais bien loin de raconter le dernier jour d’un condamné, ce récit a pour narrateur un garçon de onze ans que l’on envoie passer l’été dans une maison pleine de gaieté, et où de multiples invités virevoltent en une fête permanente et artificielle, comme en témoignent d’étourdissantes énumérations :

Un Secret et autres récits, Severino Pallaruelo

Ecrit par Nathalie de Courson , le Lundi, 23 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Un Secret et autres récits, éditions de la Ramonda, trad. espagnol Monique et Charles Mérigot, 170 pages, 17 € . Ecrivain(s): Severino Pallaruelo

 

Les seize nouvelles de ce recueil se déroulent en Aragon, région natale de Severino Pallaruelo, rude pays montagnard de pauvreté, d’isolement, d’exode vers la ville, d’émigration vers la France, et plus récemment de canyoning et de randonnée pédestre. Mais plus que le décor d’un écrivain régionaliste, l’Aragon de Pallaruelo est un paysage comme l’entendrait Jean-Pierre Richard : l’ensemble des éléments sensibles qui forment le sol rugueux de son expérience créatrice. Ses personnages ressemblent à la nature qui les contient, « tenaces et durs comme les rochers de ces montagnes et comme les ajoncs qui poussent sur ces versants arides ».

Pallaruelo est un conteur comme on en trouve peu de notre côté des Pyrénées : entrant dans ses récits avec la vivacité d’une rivière de montagne, il sait par des sauts temporels en accélérer le rythme, pour le ralentir ailleurs en déployant des nappes de sensations : dans le premier récit, la perspective pour une petite fille de découvrir un secret est « un chatouillement dans la poitrine, comme si un mille-pattes minuscule avait dansé dans ce recoin de l’âme tellement sensible aux caresses délicieuses du doute, des secrets partagés et des révélations intimes ».

Le sable de la terre, Ismaël Savadogo

Ecrit par Nathalie de Courson , le Mercredi, 10 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le sable de la terre, éd. Lavoir Saint-Martin, 2015, 39 pages, 10 € . Ecrivain(s): Ismaël Savadogo

 

Le recueil Le sable de la terre commence ainsi (p.7) :

 

« Marcher en plein soleil

par un jour non élucidé,

 

marcherons-nous encore

même si nous sommes parvenus

à un arbre ?

 

la réponse à cette question

est de ne pas s’arrêter :