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Schlott, Eléona Uhl

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 15 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Schlott, janvier 2016, 159 pages, 14 € . Ecrivain(s): Eléona Uhl Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Etre dans la tête et le corps d’une femme éprise de deux vies. Deux mondes parallèles qui se croisent et s’entremêlent sans que jamais l’une abolisse vraiment l’autre. Deux personnalités d’un même bloc qui s’énoncent et se racontent au supposé médecin et psychiatre. « Moi, je subis vos pressions ainsi que vos ennuyeuses interrogations, celles qui, de toute manière, ne vous mèneront à rien. A rien de bien ». Comprendre, essayer d’atteindre et de sentir comme celle qui a perdu la surface plane et unifiée du monde réel.

Dans ce roman, nous sommes tourmentés par deux consciences et deux âmes qui s’approchent, se flairent et se reniflent, sans parvenir à s’apprivoiser et à se réconcilier. « Comment j’avais vu tout ça ? Depuis l’extérieur, et planquée derrière mon arbre en fleur (…). Je n’avais qu’elle en tête, la belle demoiselle. Vous avez raison, très cher, j’étais obsédée par cette femme qui, contrairement à moi, était dévergondée et lumineuse à la fois ». Peu à peu, de l’observation de l’autre on passe à une véritable obsession, puis à une possession traversée de scarifications, le corps ne s’appartient plus. Qui est qui ? Mélange d’humanité et d’animalité comme ce félin devenu Bernadette ou Mme Schlott. « Ces monstres me plaquèrent au sol sans aucune pitié, blessant mes poignets, ficelant mes chevilles (…) Un miaulement jaillit de je ne sais où et décolla, pareil à un féroce rugissement. Je venais de miauler ».

A la table des hommes, Sylvie Germain

Ecrit par Zoe Tisset , le Vendredi, 04 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

A la table des hommes, janvier 2016, 262 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Sylvie Germain Edition: Albin Michel

 

« Le porcelet ne la quitte plus, il vient se frotter contre ses genoux. Elle déboutonne son gilet, ouvre sa chemise, dégage un de ses seins, elle prend le goret dans ses bras, et l’allaite ».

Etonnant ce premier chapitre où nous sommes dans « la peau » d’un porcelet affamé, venant de naître et fuyant la guerre. Tout est alors sensations, instinct, survie. L’homme moderne a oublié qu’il était aussi un animal, l’homme d’aujourd’hui a falsifié la nature, elle se rappelle à lui dans le dénuement.

« Comme auparavant auprès de la daine, le goret aime à paresser, à ruminer la jouissance d’être en vie, d’appartenir à la terre, de respirer l’espace, de faire peau avec les éléments, chair avec le monde ».

Dans ce livre, le porc vaut mieux que l’homme, brutal, aigri, incapable de vivre avec ses congénères.

L’homme incertain, Stéphanie Chaillou

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 24 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Alma Editeur, Roman

L’homme incertain, janvier 2015, 164 pages, 16 € . Ecrivain(s): Stéphanie Chaillou Edition: Alma Editeur

 

C’est un premier roman tout en délicatesse et en même temps hurlant l’injustice de « ceux qui sont empêchés ». L’auteur affirme dans son autoportrait : « Je ne voulais pas être empêchée. Je ne voulais pas que les autres, ceux que j’aimais, soient empêchés ». C’est l’histoire d’un homme de la terre, qui perd sa ferme et par là-même sa raison d’être, existentielle, sociale et même familiale. Il semble disparaître à lui-même et aux autres : « J’avais disparu. Comme quand on se retire d’une pièce parce qu’il y a trop de monde ou que quelqu’un vous importune. Je m’étais retiré, mais sans le décider. On m’avait chassé ». Petit à petit, le lecteur mesure et rentre dans le drame de cet individu qui s’interroge sur son échec et sur la non coïncidence entre ce qu’il est devenu et ce qu’il voulait être :

« Je m’affirmais à moi-même que ça n’existait pas les hommes ratés. Que “raté”, ce mot ne contenait rien. Rien d’autre que mes propres peurs. Que seules mes peurs avaient fait de moi un fantôme d’homme. Un fantôme de personne. A cause de ce que je croyais voir dans le regard des autres. Ce que je croyais y voir, parce que je ne savais pas, que je n’étais pas assez sûr ».

Des voleurs comme nous, Edward Anderson

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 10 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, USA, Points

Des voleurs comme nous, traduit de l’anglais (USA) par Emmanuèle de Lesseps, septembre 2014, 240 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Edward Anderson Edition: Points

 

C’est l’histoire d’une cavale de trois hommes, des hors-la-loi, des mécréants, des malfaiteurs. Ils braquent des banques comme le bon citoyen va faire des courses. Ils ne sont pas méchants, juste hors système, hors tout. « Les flics m’ont jamais inquiété, dit T. Doub. C’est les mecs qu’on prenait pour des amis qui vous dépassent. Et une femme qui t’en veut. C’est ça qui te dépasse ». Bowie va pourtant s’amouracher d’une « donzelle », d’une fille à part, sauvage et tendre.

« – J’ai l’impression que toutes les femmes font ça.

– Je ne sais pas ce que font les autres femmes (…)

– Je suppose qu’une femme est un peu comme un chien, Bowie. Tu prends un bon chien, si son maître meurt, il refusera qu’un autre le nourrisse et il mordra tous ceux qui veulent le caresser, et s’il continue, il cherchera tout seul sa nourriture et souvent il mourra ».