Ça commence par la fin du monde et la découverte d’un Nouveau Monde, celui d’Anne Teyssiéras. Nouveau car éternellement renouvelé. Mais son univers, ses lecteurs le connaissent. Se consacrant à l’écriture dès 1958, elle a publié de nombreux recueils de proses poétiques dans un style particulier qu’on lui reconnaît. Comme point de repère pour ne pas se perdre dans son œuvre abondante, remarquons Golem, qui en 2000 a été considéré comme la synthèse et le faîte de ses créations poétiques. Elle continue d’écrire. Ecrire pour ne pas oublier, pour ne pas être oubliée. Ecrire pour vivre, pour montrer qu’elle est vivante. Ecrire pour créer mais aussi pour recréer.
Dans son Précis de recomposition, publié aux éditions Corlevour, elle recompose encore une fois son passé, le passé de tous par les mots : elle navigue entre ses expériences personnelles et de grands événements planétaires, comme el Descubrimiento par exemple. En réponse au Précis de décomposition de Cioran (mais aussi en relisant d’autres auteurs auxquels elle fait référence en notes), elle redonne vie à un territoire laissé en friche par le philosophe. Le présent chez elle est nécessairement lié à la mémoire et se constitue toujours par rapport à un passé qui n’est jamais très loin. Sa prose si poétique n’en est pas moins philosophique et difficile à décoder.