Identification

Articles taggés avec: Ghanima Bouzit Fedwa

L’Education sentimentale : Histoire d’un jeune homme, par Fedwa Bouzit

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Mercredi, 24 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Pour une raison que j’ignore, j’ai procrastiné sur la lecture de l’Education sentimentale tout au long de ma jeunesse. Peut-être parce que le titre, trompeur, donne l’idée d’un essai laborieux et non d’un roman. Ou encore parce que j’associais toujours Flaubert à Balzac, et que Balzac n’a jamais été ma tasse de thé. Pourtant, c’est le roman de jeunesse parfait ! Je m’en rends compte alors que je le lis, tard, en ce mois de décembre 2017. Dès les premières pages, on est happé par ce style à la fois simple et dense, par une sensibilité sans fioritures et un humour fin. Comme le sous-titre le révèle, c’est l’histoire d’un jeune homme et ça parcourt les thématiques majeures de l’âge juvénile.

Amour

A propos de Dé-coïncidence, D’où viennent l’art et l’existence ?, François Jullien, par Fedwa Bouzit

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Vendredi, 17 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Dé-coïncidence, D’où viennent l’art et l’existence ?, François Jullien, Grasset, septembre 2017, 162 pages, 16,50 €

 

La dé-coïncidence, c’est cette fissuration avec soi et avec le monde, c’est cette désadaptation qui ouvre sur l’inaliénable ambiguïté de l’existence. En cela, elle crée un malaise, car elle nous positionne en dehors et nous laisse orphelins de toute attache, de toute stabilité, de toute assurance. C’est ainsi qu’au moment d’un succès tant attendu, on se sent déjà propulsé hors de lui, de nouveau insatisfait et inaccompli. Lorsqu’on regarde du côté de son amoureux ou de son ami et que les regards ne coïncident plus, que le langage secret qui unissait deux personnes est désappris et que l’on retourne à l’étrangeté de l’autre.

A propos de Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito, Actes Sud, 2008, trad. arabe (Maroc) Francis Gouin, 112 pages, 17,30 €

 

Bilinguisme, traduction et territoires linguistiques

Abdelfattah Kilito est un grand lecteur. Dans ses essais comme dans ses récits, les références et les anecdotes littéraires abondent, tissées par une narration ludique et sagace. Car Kilito ne se limite pas à citer La divine comédie de Dante ou Les séances de Hamadhâni pour faire preuve d’une bonne culture littéraire, il fait de ces références des outils d’introspection et d’interrogation du monde.

Dans Tu ne parleras pas ma langue, l’auteur explore des questions propres à la langue, cet espace où nous résidons, mais aussi cet hôte qui nous habite, « un hôte pervers et têtu qui descend chez [le locuteur] sans permission, s’empare de lui et l’habite malgré lui ». Ce champ de pouvoirs, car « le pouvoir de nommer équivaut à la domination et signifie la maîtrise du monde ».

Tu ne parleras pas ma langue est une lecture riche et cocasse qui nous interroge sur notre rapport à la langue et nous donne envie de redécouvrir bien des auteurs et des pans de l’histoire sous l’angle linguistique.

Les dimensions inexplorées du chez soi, par Fedwa Ghanima Bouzit

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Samedi, 25 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Chez soi, c’est bien plus que quatre murs. Pour certains, c’est le cocon revitalisant nécessaire pour faire face à un environnement hostile. Pour beaucoup, de plus en plus, c’est un luxe durement acquis. Pour les femmes, et surtout pour les femmes les moins nanties, un espace de pouvoir auxquelles elles perdent toujours. Mona Chollet explore, dans son essai Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, des dimensions encore insoupçonnées de cet espace à la fois intime et le champ de forces extérieures, politiques, sociales et économiques. C’est un livre qui se prête à une lecture universelle et ravira aussi bien les natures introverties que celles sensibilisées aux questions de la justice.

Le nouveau statut du casanier

Le casanier a toujours eu mauvaise réputation. Il n’a pas de vie, il s’ennuie à mort, c’est une nature aigrie qui méprise les autres, il a « la consistance molle des plantes privées de lumière ou des êtres privés de vie » (1). Au milieu d’une espèce d’animaux sociaux, c’est le paria des parias que l’on considère tantôt avec mépris, tantôt avec pitié. Au Maroc, dans une culture où les notions d’individualité et de vie privée sont aussi peu présentes, les casaniers solitaires font face à encore plus de dédain. C’est une discrimination douce sous couvert de taquinerie que j’ai bien connue et c’est en partie pour cela que j’ai trouvé autant de réconfort dans ce livre.