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Gallmeister

Fondées en 2005, les éditions indépendantes Gallmeister sont spécialisées dans la publication de livres relevant du genre Nature writing.

Oliver Gallmeister, ancien directeur financier chez Hachette, est passionné par la littérature américaine, les grands espaces et les polars. Après avoir eu entre les mains leTraité du zen et l'art de la pêche à la mouche de John Glerach qui raconte sa vie bucolique dans le Colorado, il décide de faire connaître le « nature writing » en éditant et traduisant tous ces auteurs américains méconnus en France et fonde sa propre maison en 2005. SARL au capital de 30 000 euros ; la maison d’édition est modeste, il n’y a ni bureaux, ni personnels. Oliver Gallmeister travaille avec Laurent Beccaria (directeur des éditions Les Arènes depuis 1997) et fait très attention à rester une microstructure, en effet pour lui le principal écueil d’une jeune maison d’édition serait d’ « essayer d’être Gallimard tout de suite » . La première année il a publié six livres, aujourd’hui il en est à neuf parutions par an et 5 000 exemplaires vendus en moyenne par titre. Son plus gros succès, « Sukkwan Island » d'Island de David Van publié en 2010 et prix médicis 2010 du roman étranger, compte plus de 58 000 exemplaires vendus alors que ses meilleures ventes montaient jusqu’alors à 15 000, Le gang de la clef à molette d’Edward Abbeypublié en 1975. Soutenu par le CDE(son diffuseur), la presse et les libraires, le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élevait à 539 999 euros en 2009.


Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 24 Septembre 2025. , dans Gallmeister, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine

Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain, éd. Gallmeister, 2017, trad. américain, Simon Baril, 157 pages, 8,60 € Edition: Gallmeister

 

Depuis quelques années, il est d’usage et de bon ton chez les experts en polars de chanter la louange des romans policiers qui « bousculent les codes » du genre. Effets de l’air du temps – on déconstruit à tour de bras – ou de la recherche de modernité à tout prix qui ont eu pour résultat de produire une profusion de polars déjantés, de plus ou moins bon goût, dont le seul objectif est visiblement de « bousculer les codes » justement.

Avec James Cain, on ne risque rien. C’est lui, avec quelques autres comme Chandler, Goodis, Hammett, entre autres, qui a établi ces codes, à notre grand bonheur. Assurance sur la mort est l’un des piliers de la grande littérature noire et, comme il se doit de celle-ci, du cinéma noir : Billy Wilder a signé en 1944 un film remarquable tiré du livre.

Donc, tous les codes y sont. Non seulement ceux du polar classique, mais ceux des polars écrits par James Cain. On retrouve en effet, deux ans avant le célébrissime Le Facteur sonne toujours deux fois, le triangle funeste du mari victime, de la femme et de l’amant meurtriers.

L’Année de la victoire (L’Anno della vittoria), Mario Rigoni Stern (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 04 Juin 2025. , dans Gallmeister, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

L’Année de la victoire (L’Anno della vittoria), Mario Rigoni Stern, éditions Gallmeister, 2024, trad. italien (nouvelle traduction), Laura Brignon, 188 pages, 8,90 € Edition: Gallmeister

 

Mario Rigoni Stern est le chantre le plus puissant des montagnards du Haut-Adige italien, près de la frontière autrichienne. Les Saisons de Giacomo nous avait déjà bouleversés par son âpreté et son réalisme. Nous retrouvons ici la force tellurique du style de l’écrivain, sa capacité à évoquer l’effroyable boucherie de 14-18 qui a ravagé l’Europe et les versants arides des montagnes de sa Vénétie natale. Terre cent fois maudite, par la nature austère et violente, la rudesse de son sol et de ses pentes, l’extrême dénuement de ses habitants et la folie des hommes qui se sont déchirés sauvagement pour des enjeux illisibles.

Une terre impitoyable avare et brutale qui désormais porte en elle les restes de la tuerie collective, shrapnels, grenades, bombes avortées, douilles de fusils, de mitrailleuses, qui font un étrange lit aux forêts, aux villages, aux hommes, aux animaux. Dans le village dévasté, là-haut, plus rien, si ce n’est quelques traces d’une vie naguère, d’un bonheur simple mais réel.

Chien sauvage, Pekka Juntti (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 18 Décembre 2023. , dans Gallmeister, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Chien sauvage, Pekka Juntti, éd. Gallmeister, septembre 2023, trad. finnois, Johanna Kuningas, 464 pages, 25,40 € Edition: Gallmeister

 

Ce premier roman d’un journaliste finlandais impliqué dans la cause environnementale raconte une belle aventure humaine : celle de Samuel, jeune homme âgé de dix-neuf ans, qui part vers le Grand Nord, la Laponie, pour vivre son rêve, devenir meneur de chiens de traîneau. Arrivé dans l’élevage tenu par Matti et Sanna, il est confronté à la réalité la plus crue, celle du nettoyage des cages, de la mise à mort d’un chien incapable de survivre dans ces terres sauvages, mais aussi celle des visiteurs à qui il faut sourire et parler – mais le plaisir des chiens l’emporte. L’aventure se concrétise lorsque Trond, un autre musher, perd deux chiens qui s’ensauvagent aussitôt, Nanok et Inuk. Pour Samuel, qui désire avant toute chose échapper au sort familial, celui de la mine, c’est l’envol vers son rêve : après avoir capturé Inuk, retrouver Nanok en respectant la forêt, les us des éleveurs de rennes, bref être l’égal des personnages du roman Baldy de Nome, signé Esther Birdsall Darling, qui l’a envoûté enfant.

La Contrée obscure, David Vann (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 07 Novembre 2023. , dans Gallmeister, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman

La Contrée obscure, David Vann, éd. Gallmeister, août 2023, trad. américain, Laura Derajinski, 506 pages, 26 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Hernando de Soto, né en 1496 ou 1497 en Estrémadure, à Barcarrota ou à Jerez de los Caballeros, en Espagne, et mort le 21 mai 1542 dans l’actuel Arkansas, est un conquistador et explorateur espagnol. Arrivé dans la baie de Tampa en 1539, il erre pendant trois ans entre la Floride et le Mississippi. Il meurt près du fleuve américain, sans avoir découvert les immenses richesses dont il rêvait.

Ce formidable roman de David Vann, exubérant produit du jaillissement bouillonnant d’une imagination intarissable, est le récit, donc fictionnel bien que fondé sur des détails historiquement réels dont la précision témoigne de recherches approfondies de la part de l’auteur, de la lamentable odyssée de de Soto dans les immensités, la plupart du temps marécageuses, de ces terres alors inconnues des Européens, que l’explorateur appelle la « Florida » et sur lesquelles il proclame sa souveraineté, en arguant d’une capitulación royale, dès qu’il en aborde le littoral.

Betty, Tiffany McDaniel (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 15 Septembre 2023. , dans Gallmeister, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA, Roman

Betty, Tiffany McDaniel, éditions Gallmeister, 2020, trad. américain, François Happe, 480 pages

 

J’ai volontairement laissé le livre derrière moi. Pour ne pas être tentée de le citer, par passages. Pour le plaisir de la décantation. J’ai repensé aux toiles d’Anselm Kiefer qui vivent à l’extérieur, des jours, des mois, des années sans que le peintre ne les retouche. Afin que toute chose du monde s’y dépose. Pour l’empreinte et l’altération. Ou l’innocence corrodée.

Le livre est resté aux Samoa américaines. Sur l’île de Tutuila où je suis restée trente jours. Et je n’ai pris aucune note. J’ai voulu me souvenir. Page après page. Du visage de Betty. Comme celui de chaque femme et de chaque homme, aux Samoa, qui ont placé entre mes mains un fragment de leur île. J’ai songé à Betty, à son enfance relatée, ses pages d’écriture. À tout ce que l’on enfouit, ce que l’on apprend et qu’un voyage désapprend. Ou confirme. Le début. La fin. Trop précipité ou trop autoritaire.