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Roman

Le Livre des nombres, Florina Ilis (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Editions des Syrtes

Le Livre des nombres, Florina Ilis, éditions des Syrtes, mars 2021, trad. roumain, Marily Le Nir, 523 pages, 25 € Edition: Editions des Syrtes

 

Ce livre foisonnant, dont on suit pourtant facilement les méandres grâce à la traduction au plus près de Marily Le Nir, commence par la description d’un paysage calme et simple comme un tableau champêtre : des familles laborieuses dans un cadre paradisiaque, des enfants heureux. Mais dès les premières pages se dessine une menace, la menace figurée par les pétales de pommier tombant sur les champs en culture, comme une neige précoce. Que se passe-t-il ici ? Les enfants, un garçon, une fille, ont douze et dix ans, leurs pères sont des chiaburi, ces paysans qui refusent encore – en cédant de plus en plus – de donner leurs terres à la collectivité.

L’invitation à les céder se fait de plus en plus pressante. Des affiches de propagande les représentent tels les ennemis du peuple, buvant son sang, refusant de partager.

Les Honneurs 2021 de La Cause Littéraire

, le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Essais, La Une Livres, Poésie

Les lecteurs et rédacteurs de notre revue ont décerné leurs Honneurs de La Cause Littéraire 2021

Les deux meilleurs romans français :

Blizzard, Marie Vingtras (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Olivier (Seuil)

Blizzard, Marie Vingtras, Éditions de l’Olivier, août 2021, 181 pages, 17 € Edition: L'Olivier (Seuil)

 

 

Tout lire, lire la moindre lettre, y associer une autre et n’en gâcher aucune. Le premier mot d’un livre. Son titre. Les numéros de pages n’apparaissent pas encore, je m’installe, il est 8 heures du matin, à l’intérieur d’une brasserie, la terrasse comme ligne d’horizon. Il fait beau, il fait froid.

L’Alaska. Le blizzard.

Une brasserie, un boulevard, une capitale. Je veux commencer tôt la lecture, être éprise, surprise et me jeter d’emblée dans ce blizzard, à cette heure où les êtres ont le dos voûté, faisant face à la ville. À l’intérieur, deux tables occupées, et au comptoir, des cafés avalés en deux coups de tête, le comptoir pour support, à la rigueur Le Parisien et ses titres. L’émotion et trois lignes de clients qui se succèdent.

Parler à ma mère, David Allouche (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Parler à ma mère, David Allouche, éditions Balland, juin 2021, 152 pages, 13 €

 

Itsak Haïm, le narrateur et personnage principal de ce deuxième roman de David Allouche, se retrouve seul à quarante ans avec son fils Gabriel.

Le roman est en grande partie constitué de dialogues animant les consultations récurrentes auxquelles s’astreint Itsak dans le cabinet de Lucien Trabac, psychanalyste à Paris, après la disparition de sa femme.

Que s’est-il passé ? Où est Emma, son épouse, la mère du garçon ?

« J’ai épluché hier votre site internet, non pas le vôtre, celui de votre école analytique, enfin, c’est pareil. J’ai lu un joli texte sur le psy comme partenaire […]. Ça m’a parlé. Depuis que j’ai tué ma femme, j’ai besoin d’un partenaire. Je deviens fou… ».

La Fille de l’optimiste, Eudora Welty (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 19 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Cambourakis

La Fille de l’optimiste (The Optimist’s Daughter, 1972) Eudora Welty, trad. américain, Louise Servicen, 178 pages, 20 €

On reconnaîtrait le style d’Eudora Welty entre mille. La linéarité de ses phrases n’est qu’apparente et cache des collisions, des suites improbables, parfois même une logique narrative déroutante, faisant bifurquer des phrases d’un propos à un autre sans prévenir. Ce qui est sûr est que Welty est une Sudiste authentique. On retrouve dans ce roman son goût immodéré pour les scènes de vie archétypiques du monde du Delta, son enracinement dans le territoire et les fleuves, l’extravagance des personnages.

Et en matière d’extravagant(e)s, on peut dire que ce roman en déborde. Le vieux juge McKelva est mort et, autour de l’événement, toute une troupe de gens va s’agiter, s’époumoner, pleurer, rire, dans un vacarme étonnant et burlesque. On a en mémoire les inoubliables funérailles d’Addie Brunden de Faulkner, on peut y ajouter le tonitruante veillée funèbre autour du juge McKelva de Welty. Le cercueil exposé devient l’axe autour duquel vont se présenter des personnages hauts en couleur, sorte de défilé sudiste où l’on retrouve tant d’archétypes de la littérature du pays : le paysan obtus, les bourgeoises créoles, les parvenus infatués, les autorités stupides, etc. Mais la scène, et le roman entier, sont dominés par deux femmes.