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Roman

La huitième vie (pour Brilka), Nino Haratischwili (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Octobre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Folio (Gallimard)

La huitième vie (pour Brilka), Nino Haratischwili, août 2021, trad. allemand, Barbara Fontaine, Monique Rival, 1200 pages, 12,90 € Edition: Folio (Gallimard)

La huitième vie est une saga familiale d’une rare intensité dramatique qui couvre mille-deux-cents pages et qui court de 1917 à 2007.

L’histoire, dont la destinataire annoncée par la narratrice est la jeune Brilka, le plus récent rejeton du clan, commence avec la vie de l’ancêtre Ketevan, le patriarche, pâtissier chocolatier dans une petite ville de Géorgie, pays où se situe, tout au cours du récit, le centre de rayonnement narratif qui exerce sur la totalité des personnages une indestructible attraction centripète, même si certains d’entre eux, à un moment donné de leur existence, se sentent passagèrement animés par des forces centrifuges.

Ketevan a inventé une recette de chocolat qui fait tourner les têtes, remue les estomacs et ravit tous les sens mais dont la confection et la consommation, qui doivent rester exceptionnelles, sont potentiellement annonciatrices de grands malheurs. Il en garde précieusement le secret, ne la transmettant, sur serment de ne jamais en dévoiler les ingrédients, qu’à l’aînée de ses filles, Stasia.

Le Rivage des Syrtes, Julien Gracq (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 30 Septembre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions José Corti

Le Rivage des Syrtes, 322 pages, 20 € . Ecrivain(s): Julien Gracq Edition: Editions José Corti

« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge.

Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle

pour tout faire bouger ».

« On dirait le Sud, le temps dure longtemps… ».

 

Lire Le Rivage des Syrtes, c’est partir en voyage. Sagra, l’île de Vezzano, Fabrizio, Giovanni, Belsenza… L’Italie ? Les noms de lieux et de personnages du roman de Gracq en ont la sonorité. La Seigneurie d’Orsenna, ce pays imaginaire, lui ressemble.

Loin de sa capitale, Aldo, le jeune héros désœuvré, décide d’aller tromper son ennui et s’offrir l’illusion d’un début de carrière. Il part donc sur le rivage des Syrtes pour tenir informées les autorités sur le commandement de la forteresse par la rédaction des rapports scrupuleux.

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper, trad. anglais (USA), Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 688 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui a donné naissance à la littérature américaine ? Vaine question, sujet à pinaillage universitaire, si l’on attend une réponse univoque et précise ; question intéressante si l’on prend plaisir à fréquenter des auteurs défrichant des territoires vierges, sans Histoire mais avec nombre d’histoires, des auteurs s’élançant depuis les lettres européennes pour migrer par-dessus l’Océan Atlantique et leur donner une forme nouvelle – même si la question est bien plus complexe qu’il y paraît. Le plus bel exemple est celui de Washington Irving, qui confronte le gothique aux vastes espaces, qui voyage entre l’Europe et New York, écrit sur les deux continents et crée de la sorte une œuvre originale – « américaine ».

Pas moins originale est l’œuvre de James Fenimore Cooper (1789-1851), qui rencontra un beau succès dès son second roman, L’Espion (1821), et acquit une renommée internationale avec les Histoires de Bas-de-Cuir, des romans historiques confrontant les valeurs d’une Amérique occidentalisée naissante à celles de ses premiers occupants, dont Le Dernier des Mohicans (1826) ;

Bonheur / Le Bazar de l’hôtel de vie, Christian Laborde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 23 Septembre 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

. Ecrivain(s): Christian Laborde

Bonheur, Christian Laborde, éditions Cairn, février 2021, 120 pages, 12 €

Le Bazar de l’hôtel de vie, Christian Laborde, Le Castor Astral, avril 2021, 160 pages, 16 €

 

« Le portail s’ouvre sur une vaste cour en cailloux, des cailloux de taille identique, serrés les uns contre les autres, des cailloux qu’on ne pourrait arracher bien qu’au ciment ne les scellât, des cailloux lisses et luisants que l’Adour et les gaves ont charriés dans leurs eaux bourlingueuses. Ils donnent à la cour l’apparence du lit asséché d’une rivière » (Bonheur).

Bonheur fut d’abord un feuilleton de La Nouvelle République des Pyrénées, un feuilleton qui deviendra un roman, un roman qui n’est pas à l’eau de rose, mais à l’eau du Gave, un roman dont les mots roulent comme des galets. Bonheur est l’histoire de Julien Beausonge – un beau rêve, une belle chimère –, qui s’installe à Ossun dans les Hautes Pyrénées, le dernier repos de sa mère, à quelques roues de Tarbes. Ce n’est pas un retour aux sources, les sources elles jaillissent de la plume de Christian Laborde, mais une plongée dans le Sud : c’est-à-dire la douceur, les nuages qui freinent, les fantaisies du vent.

L’Amoureuse, Le roman de Marie-Madeleine, Cécilia Dutter (par Laurent Bettoni)

Ecrit par Laurent Bettoni , le Jeudi, 23 Septembre 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

L’Amoureuse, Le roman de Marie-Madeleine, éditions Tallandier, août 2021, 280 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Cécilia Dutter

Marie est une jeune fille de 13 ans qui vit avec ses parents, sa sœur et son frère, à Béthanie, en Judée, au 1er siècle. Son avenir y est tout tracé : on lui trouvera bientôt un homme aux côtés de qui elle pourra devenir une épouse modèle et une mère de famille soumise à la loi maritale. Mais l’adolescente refuse de se plier à ces règles établies par les Juifs pieux de son époque pour mieux enfermer la femme. Au lieu de cela, elle rêve de liberté, de luxe, de richesse, de plaisir. Elle rêve de vivre comme les aristocrates proches du pouvoir romain. Alors, un jour, elle s’enfuit du foyer parental où elle s’ennuie ferme sans avoir plus rien à espérer et se rend à Magdala.

Sensuelle et audacieuse, elle ne tarde pas à faire tourner les têtes et devient très rapidement Marie de Magdala, la courtisane la plus prisée de Palestine. Les hommes puissants sont à ses pieds et y déposent des richesses… en échange d’une nuit, d’une nuit seulement. Ainsi Marie enchaîne-t-elle les amants et les ébats, mais ces aventures d’un soir restent sans lendemain et ne sont rien d’autre, au fond, que des passes tarifées, là où la jeune femme espère et croit naïvement à chaque fois en l’amour. Car en plus de sa couche, elle ouvre toujours son cœur. C’est pourquoi, après dix ans d’une vie de débauche, elle ressent un profond vide en elle et craint de sombrer dans la vacuité de son existence.