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Roman

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), Ann Leckie

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, USA, J'ai lu (Flammarion), Aventures

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), septembre 2015, trad. anglais (USA) Patrick Marcel, 443 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ann Leckie Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

 

Depuis sa publication en 2013, La Justice de l’Ancillaire, premier roman de l’Américaine Ann Leckie (1966), s’est vu attribuer quelques prix parmi les prestigieux dans le domaine de la science-fiction : le Prix Hugo (meilleur roman), le Nebula (meilleur roman), le Locus (meilleur premier roman), le Arthur C. Clarke (meilleur roman de science-fiction) et celui de l’Association Britannique de Science Fiction (meilleur roman), n’en jetez plus, on a compris, il est chaudement recommandé de le lire selon les membres éminents de la profession, si tant est que la science-fiction soit une profession. C’est donc avec une certaine bienveillance qu’on ouvre ce volume de taille raisonnable (environ quatre cent-quarante pages) dont on sait déjà qu’il sera suivi de deux autres d’une épaisseur similaire, les deux suites de ces Chroniques du Radch, et cette bienveillance se trouve récompensée par un roman aussi solide dans sa narration qu’inventif dans sa technique et son style.

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, Vladimir Vertlib

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Langue allemande, Métailié

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, février 2016, trad. allemand (Autriche) Carole Fily, 420 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vladimir Vertlib Edition: Métailié

 

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur est le quatrième ouvrage publié par l’Autrichien d’adoption Vladimir Vertlib (1966). Malgré le succès rencontré Outre-Rhin, il aura fallu attendre quinze ans pour qu’il soit traduit en français – c’est d’ailleurs le premier ouvrage de Vertlib à connaître ce sort. Etant donné l’accueil plus que favorable réservé à L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, récompensé par le prix Adalbert-von-Chamisso (un prix décerné à un ouvrage de langue allemande écrit par un auteur dont ce n’est pas la langue maternelle) et le prix Anton-Wildgans (un prix destiné à encourager de jeunes écrivains autrichiens prometteurs), nul doute que d’autres traductions suivront.

Ce roman débute quasi comme un gag, une farce flaubertienne : dans une petite ville fictionnelle allemande du nom de Gigricht, en vue du nouveau millénaire et en célébration de son (supposé – Vertlib s’en amuse avec délectation vers la fin du roman (se) jouant de la notion de document historique fiable… ou non, ce qui remet en perspective un certain point des faits narrés par Rosa Masur) sept cent cinquantième anniversaire, la municipalité décide de publier un ouvrage, avec l’aide d’un institut d’histoire, un livre destiné à favoriser et montrer l’intégration des étrangers, qui « s’intitulerait Etrange patrie. Une patrie à l’étranger […].

Souriez, vous êtes ruiné, Yves Bourdillon

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

Souriez, vous êtes ruiné, avril 2016, 510 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Yves Bourdillon Edition: Les éditions du Rocher

 

Une farce au vitriol et donc forcément indigeste, qui dépeint à grands traits décomplexés une France actuelle, de fiction certes, mais à peine…. Avec pour personnage central, le narrateur, antihéros, journaliste (comme l’auteur) qui travaille pour Le Journal, un journal « de gauche », qui soutient ouvertement la position des Indignés, Enragés, Sans-Slibards, qui s’affrontent avec « leurs concurrents, tout aussi remontés contre le pouvoir » qui crient : « Nous n’avons plus que l’impôt sur les os », ou bien plus intello et vulgaire à la fois « Léviathan, on t’encule », les libéraux donc, fédérés en « les Baudets » par autodérision. Léviathan étant une métaphore qu’avait utilisée le philosophe anglais Hobbes, pour faire référence à un état tout puissant.

Fred Beaumont donc, couvre pour Le Journal, les évènements qui mettent le pays sens dessus dessous, grève et pénuries de presque tout, manifestations, émeutes, affrontements permanents… sauf que Fred Beaumont, lui, ses opinions sont plutôt à l’opposé de la ligne que défend Le Journal. il a viré sa cuti depuis bien des années déjà, au profit de la ligne libérale, et faute de pouvoir s’y faire embaucher, même les journaux de droite manquant de moyens, il accepte donc de faire aussi des piges pour Libertas, sous la fausse identité de Paquette, journaliste fraîchement inventé et débarqué du Québec.

L’Heure d’or, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Editions de Fallois

L’Heure d’or (The Golden Hour), mars 2016, trad. anglais Anne Hervouët, 411 pages, 22 € . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

William Nicholson continue brillamment sa toile sur sa petite société de la province anglaise. Et notre addiction y trouve son compte, comme dans une série dont on attend avec avidité la suite et le destin des personnages. On l’a déjà dit ici, l’art de Nicholson est de transformer la petite vie de ses humains en aventures passionnantes. Nulle généralité. Le regard de l’auteur se démultiplie pour nous faire saisir au plus près les chemins individuels. Dans la fourmilière, il ne regarde pas la fourmilière mais quelques fourmis, dans leur particularité.

Cet été anglais est torride. Laura, Henry, Maggie, Andrew, Mrs Dickinson et les autres sont dans leurs jardins, leurs maisons, leurs soucis, leurs joies. C’est le tableau d’une certaine société anglaise qui se peint devant nous : une société moyenne bourgeoise, provinciale, tenaillée par les doutes, l’inquiétude pour certains – sociale, affective – par l’ennui pour d’autres qui ont vieilli, ou qui ne travaillent pas, ou plus. Dans tous les cas, il s’agit de l’incapacité des êtres à vivre heureux, même s’ils en ont la possibilité. Cette hypothèse fascine Nicholson : les personnages sont comme des papillons de nuit devant la lumière, hypnotisés par l’échec à tout prix ! Et cela en espérant le bonheur !

La Huitième Reine, Bina Shah

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 13 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Actes Sud

La Huitième Reine, février 2016, trad. anglais (Pakistan) Christine Le Bœuf, 347 pages, 23 € . Ecrivain(s): Bina Shah Edition: Actes Sud

 

Triptyque parfaitement équilibré entre l’Histoire – celle du Sindh, cette grande province au sud du Pakistan Oriental – l’Actualité contemporaine ; la fin de l’année 2007, qui, là-bas éclatera avec l’attentat meurtrier contre Benazir Bhutto, la huitième reine des légendes – et le roman, bien ancré dans le réel de la société et des mentalités Pakistanaises, autour du récit d’Ali, le héros, et les siens. Voilà un roman-récit-Histoire, qui aboutit à un voyage dépaysant, informatif, et magnifique de justesse d’écriture. Le lire, aujourd’hui, dans notre Europe menacée, massacrée, prenant encore une autre acuité, en liant davantage le lecteur à sa lecture.

Ali est entre plusieurs mondes, comme beaucoup en des pays semblables ; constant dédoublement, menaçant basculement : Karachi, où il est journaliste-TV officielle ; l’Occident américain, où il voudrait partir étudier (utiles pages vous donnant la procédure et les obstacles de la chose), et son Sindh, ses particularismes y compris sa langue, ses légendes auréolées de Saints Soufis combattant les tyrans, un tissu sociétal venu du plus loin de l’Histoire, arc-bouté sur des féodaux pour lesquels les liens d’homme à homme perdurent ici et maintenant.