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Roman

Après le silence, Didier Castino

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 06 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Liana Levi

Après le silence, août 2015, 224 pages, 18 € . Ecrivain(s): Didier Castino Edition: Editions Liana Levi

 

« J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir

Mes poumons – mon sang et mes colères noires

Horizons barrés là – les soleils très rares

Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir…

Forger l’acier rouge avec mes mains d’or ».

C’est à cette chanson de Bernard Lavilliers que peut nous faire penser le premier roman de Didier Castino, Après le silence, qui commence étrangement par un « Et », comme si le dialogue avait débuté il y a longtemps. Suit un portrait qui ressemblerait à un interrogatoire. « Et je m’appelle Louis Georges Edmond Cattala. Je travaille à l’usine toute la semaine, c’est dur mais ça me plaît. Je suis quelqu’un qui avant tout travaille, a toujours travaillé. C’est ma vie, ma reconnaissance et la sécurité ». En fait, c’est peut-être de cela dont il s’agit puisqu’un dialogue se met en place entre un père et un fils. On sait juste qu’il y a un lien étroit entre deux personnages car ils se tutoient.

Treize hommes, Sonia Faleiro

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 04 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Actes Sud

Treize hommes, avril 2016, trad. anglais (Inde) Eric Auzoux, 101 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Sonia Faleiro Edition: Actes Sud

 

Drôle de livre, à part, mais, si important.

Très peu de pages serrées, précises, qu’on nous pose comme devant un jury d’assises ; rapport de police ? contenu de dossier judiciaire ? Il y a de tout ça, avec la distance, le regard porté à la fois tout en bas – au ras des faits bruts, et de plus haut, comme l’exige une enquête dont on espère, qu’au bout, elle frôlera la vérité… Histoire vraie, celle – il y en a tant en Inde de nos jours – d’un viol collectif, de cette femme-là, « Baby », dans une lointaine province du Bengale occidental, au creux d’un tout petit village replié sur les usages ancestraux de l’ethnie Santal. Là, entre misère et encore misère, « certains des villageois n’avaient jamais vu un train ».

Sur la couverture du livre, Actes Sud a posé une photographie qui dit tout de l’histoire : une femme, jeune, de dos (elle pleure peut-être), qui porte un sari mais le haut du buste dénude ce qu’il faut, pour qu’on ait ce cas de figure : « d’un côté, Baby, de l’autre, tout le monde sauf elle ».

Meyer et la Catastrophe, Steven Boykey Sidley

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 30 Mai 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Belfond

Meyer et la Catastrophe, octobre 2015, trad. anglais (Af Sud) Valérie Bourgeois, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Steven Boykey Sidley Edition: Belfond

La quatrième de couverture est engageante : « Révélation des lettres sud-africaines, grand provocateur devant l’éternel, dans la lignée d’un Philip Roth ou d’un Joseph Heller, Steven Boykey Sidley livre un roman explosif, oscillant entre humour dévastateur et réelle émotion, sens de l’absurde et réflexions métaphysiques ». Le moins que l’on puisse dire est que ce bref texte de présentation donne envie de lire le troisième roman de Boykey Sidley, le premier traduit en français, Meyer et la Catastrophe (Imperfect Solo en version originale, ce qui correspond un rien plus au sens global du roman – on y reviendra). On s’attelle donc à sa lecture, plein d’espoir – et patatras, la déception est au rendez-vous !

Le premier motif de déception peut sembler risible mais est bien réel : lorsqu’on annonce qu’un auteur est la « révélation des lettres sud-africaines », on s’attend à ce que le roman ainsi promu évoque l’Afrique du Sud d’une façon ou d’une autre, à la Philip Roth, puisque ce dernier est mentionné en guise de référence, ou, pourquoi pas, à la Tom Sharpe – d’autant qu’on annonce un auteur « grand provocateur devant l’éternel ». On se dit qu’on va déguster une satire de l’Afrique du Sud contemporaine, portée par un style enlevé ; un roman qui dirait tout de ce pays dans un grand éclat de rire salvateur. Las ! Rien de toute cela : Joshua Meyer, le personnage principal de ce roman, vit et travaille sur la Côte Ouest des Etats-Unis, et si satire il y a, elle est aussi involontaire que légère et a pour cible le mode de vie de Meyer – encore que…

Les Belges reconnaissants, Martine Nougué

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 28 Mai 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Belges reconnaissants, éd. du Caïman, janvier 2015, 220 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Nougué

 

Que se passe-t-il au juste à Castellac, ce petit village de garrigue entre Sète et Montpellier ? Ce qui s’y passe, c’est que son édile, maire depuis trois générations si l’on peut dire, a été assassiné. Un assassinat de maire, cela n’est pas si courant, même si l’on compte que les maires sont sensiblement moins nombreux dans la population que les gens « ordinaires », ceux de ce qu’on appelle curieusement la société civile. Comme tout élu, celui-ci a ses partisans. Nombreux. Car comme d’autres il a su se faire aimer et apprécier, quitte à développer quelques pratiques clientélistes, mais uniquement dans l’intérêt de la population, bien entendu. Donc, monsieur le maire, fils et petit-fils de maire, a été retrouvé occis dans la garrigue. Linge sale lavé en famille loin des regard indiscrets ? Impossible pour l’entourage de « Ludo », ses amis et sa garde rapprochée. D’ailleurs, à Castellac, il n’a que des amis. Que des amis. Sauf peut-être… l’étrangère, là, celle qui n’est pas d’ici et qui joue les écolos… Une emmerdeuse et une fouineuse… qui mériterait bien une correction (même si elle l’a déjà eue en prétendant se présenter aux municipales contre le maire, 3e du nom).

Shots, Guillaume Guéraud

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Mai 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Brune (Le Rouergue)

Shots, avril 2016, 272 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Guillaume Guéraud Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

« Ne restent maintenant que les légendes. Des dates, des lieux, des noms. Et des phrases.

J’espère que ces légendes racontent une histoire claire malgré l’absence des photographies qui les accompagnaient ».

Marseille, Miami, aller retour, de l’enfance retrouvée à l’enfance perdue, d’un carnage à l’autre. Shots est le roman noir d’une recherche, celle d’un frère qui se cache. Le roman d’une traque du sang qui s’achève dans la fuite, le sang et les dollars. Shots est le roman des légendes des photos disparues, elles ponctuent par des petits carrés gris les pages du livre, et deviennent des légendes qui se nouent dans l’enfance à Marseille, puis à Miami, où le narrateur ne cesse de traquer les traces de son frère disparu, porteur du visage et des mots de leur mère, au centre tellurique de la mafia, de la drogue, de l’hôtel Biltmore, des galeries d’art, des armes et des dieux vaudous.

« J’ai 36 ans et le mail de mon frère est le seul que je reçois pour mon anniversaire. Je ne sais pas encore que ce sera son dernier mail – et que cette photo sera la dernière que je recevrai de lui ».