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Roman

La reine noire, Pascal Martin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 24 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, La rentrée littéraire, Jigal

La reine noire, septembre 2017, 248 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Pascal Martin Edition: Jigal

 

Chanterelle, village de Lorraine, vit en sursis depuis la fermeture de la raffinerie de sucre dont la haute cheminée, surnommée La Reine Noire, jette son ombre inquiétante sur les toits en tuiles rouges des petites maisons de l’ancienne cité ouvrière. C’est dans ce bourg où la seule activité concrète consiste à jouer aux cartes dans le bar de la place que deux hommes que tout oppose vont revenir et chambouler la vie assoupie de ses habitants.

L’un, Toto Wodjeck, est un tueur professionnel basé en Indonésie, chargé d’un contrat sur la personne du maire de Chanterelle, héritier de l’usine, mais aussi importateur d’ecstasy et en conflit ouvert avec son associé indonésien. L’autre, Michel Durand, est un policier d’Interpol, basé à Lyon, qui, ayant eu vent de l’arrivée en France de Wodjeck entend bien lui faire payer au prix lourd un vieux crime. Ils ont pourtant deux points communs qui remontent à leur enfance : tous deux sont originaires de Chanterelle et tous deux vouent une haine inextinguible à l’égard de Spätz, le maire, coupable selon Wodjeck de la mort de son père et selon Durand, à l’origine du suicide de son propre père, l’ancien directeur de la raffinerie. Deux hommes qui ont également d’autres contentieux à régler et dont on ne sait distinguer lequel est le plus dangereux.

Le chemin des fugues, Philippe Lacoche (2ème critique)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 23 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Les éditions du Rocher

Le chemin des fugues, août 2017, 312 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Philippe Lacoche Edition: Les éditions du Rocher

 

Voyage au bout du Vaugandy

« Vaugandy »… déjà le nom résonne comme un vaudou d’arrière-monde où le culte du Sombre et de l’Éclatant se tailleraient chacun sa part d’arc-en-ciel pour envoûter et réveiller un territoire ensorcelé. Pour le relier à ses racines, à sa mémoire. Pour s’y faire de nouveau rencontrer les hommes qui y habitent et y circulent, voyageurs passagers d’un temps à partager, rehaussé quand il vibre de ses instants de fraternité, de solidarité.

Dans Le chemin des fugues, l’ensorcellement – plutôt l’asphyxie, escortée d’un désenchantement vrillé à un 21e siècle emporté par l’ouragan incontrôlé des nouvelles technologies, d’un libéralisme mettant à mal nos existences de terrain pour celles de spéculation – se paie le luxe d’un style.

Une chance folle, Anne Godard

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 20 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Les éditions de Minuit

Une chance folle, septembre 2017, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Anne Godard Edition: Les éditions de Minuit

 

Sauvée après avoir été brûlée par de l’eau bouillante suite à un accident domestique, lorsqu’elle était bébé, Magda, la narratrice, survit avec une blessure qui peine à se refermer. Elle s’élargit même, eu égard à ce qu’on en dit. Si bien que le corps au lieu d’être carapace devient un territoire presque « abject » d’exposition aux yeux du monde. Au fil de sa narration, Magda tente de remonter l’histoire de sa vie et de son corps dont le haut à l’exception d’un visage (superbe) a été altéré.

Cette histoire, elle la connaît trop. Sa mère n’a cessé de la ressasser devant tous ceux qu’elle croisait comme pour justifier son propre chemin de croix. De toute ces douleurs, la narratrice tente de se débarrasser en précisant au lecteur : « Pardon pour la laideur infligée, j’étais petite, je ne me souviens plus, mais vous avez le droit à des explications, ma mère m’en a légué tout un sac, tenez, écoutez, et ensuite laissez-moi passer, je ne veux pas déranger ».

Le livre que je ne voulais pas écrire, Erwan Larher (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Quidam Editeur

Le livre que je ne voulais pas écrire, août 2017, 268 pages, 20 € . Ecrivain(s): Erwan Larher Edition: Quidam Editeur

 

Etre écrivain n’est pas toujours une sinécure, loin s’en faut. Pour peu que celui ou celle qui s’engage à écrire et publier ait un certain sens de la responsabilité, sans même parler d’éthique. Car s’il est des livres qui s’écrivent pour le plaisir, dans un certain élan narcissique, il en est aussi qui relèvent d’une nécessité qui dépasse largement la petite personne de l’auteur. Ce nouvel opus d’Erwan Larher est de ceux-là.

Erwan Larher était déjà écrivain avant l’événement qui le contraindra à ce livre. Quatre romans déjà publiés avant les attentats parisiens du 13 novembre 2015, Qu’avez-vous fait de moi ? et Autogénèse (Michalon, 2011 et 2012), L’Abandon du mâle en milieu hostile et Entre toutes les femmes (Plon, 2013 et 2015). Un cinquième titre était prévu chez Quidam à ce moment-là, paru depuis, Marguerite n’aime pas ses fesses (2016). Il paraît important de rappeler cela avant de parler du livre que l’auteur ne voulait pas écrire, car ce qu’il a de plus remarquable c’est bien qu’il échappe à tout opportunisme commercial, ou sensationnaliste aussi, encore plus.

La fille à histoires, Irène Frain

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil, La rentrée littéraire

La fille à histoires, septembre 2017, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

En quarante-deux chapitres, la romancière livre au lecteur sa vérité, à l’âge où l’enfance décante de toutes ses frayeurs ou autres blessures.

Comme dans Sorti de rien (Seuil, 2013), le récit creuse les matières natales, toutes de Bretagne et de familles marquées par les origines.

Quand un livre, cette Fille à histoires, pousse à relire ce beau Sorti de rien, c’est que le miracle de l’écriture authentique agit, donne du prix à ce qui s’est écrit, dans la même qualité d’atmosphère, de racines familiales et de parfum d’une époque révolue.

L’après-guerre a marqué les familles. De là ont surgi tant d’étroites vies, mesurées à l’aune des besoins immenses, des soucis d’argent, du manque de logements. Quand le n°3 d’une famille, Irène, naît, c’est au plus mauvais moment pour cette mère qui avait le projet de « faire bâtir » pour échapper à l’étriqué logement où ils logeaient, son mari, elle et ses deux premières filles, trente-cinq mètres carrés, avec la promiscuité des voisins, le WC à partager, etc.