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Roman

Hôtel International, Rachel Vanier

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 07 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, éditions intervalles

Hôtel International, 2015, 256 pages, 11,99 € . Ecrivain(s): Rachel Vanier Edition: éditions intervalles

 

Hôtel International évoque sur fond d’un drame personnel le petit monde des expatriés, avec un regard vif et sans concession, une plume acerbe et le genre d’humour noir qui permet de survivre au désespoir.

« La vraie vie, c’est ce décalage aberrant entre le drame d’une situation et la banalité du quotidien qui continue son chemin, impassible, autour de nous. Le contrôleur contrôle, le mendiant mendie, le Parisien parisie. Alors qu’on souhaiterait flotter au-dessus du monde qui s’anime, et que la réalité nous ramène brutalement sur la terre ferme, l’atterrissage donne le vertige ».

L’héroïne d’Hôtel International s’enfuit subitement au Cambodge suite au suicide de son père, sans même un visa et sans prévenir ses proches et ses amis, elle débarque là-bas sans connaître grand-chose de ce pays sinon un peu de sa tragique histoire et cherche avant tout à mettre un mur entre elle et tout ce qu’elle a laissé derrière. Sa façon de faire le deuil ou peut-être d’en refuser la réalité.

« Parler, c’est la dernière chose au monde dont j’avais envie. Je ne souhaitais que m’enterrer bien profondément dans un abri anti-atomique, anti-monde extérieur, anti-gens, anti-tout ».

L’authentique Pearline Portious, Kei Miller (2ème critique)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zulma

L’authentique Pearline Portious, septembre 2017, trad. anglais (Jamaïque) Nathalie Carré, 270 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Kei Miller Edition: Zulma

 

Le roman débute sur un paysage caribéen et une toute jeune fille de dix-sept ans qui brode les couleurs de l’arc-en-ciel. Non pas par caprice mais par goût de la beauté. Une demoiselle telle une sorte de fleur poussée dans « un endroit moite, puant et grouillant de cette espèce particulière de mouches ». Kei Miller, né en 1978 à Kingston, dresse des scènes de natures mortes exotiques et des memento mori, où « la glace des étals de poissons a fini de fondre » et où ne reste qu’« un chien tout efflanqué » (…) et « ici et là quelques morceaux de nourriture ». L’auteur s’empare des mots et des souhaits de la jeune Pearline pour secouer le monde « sans compassion ». Déjà, le cadre est situé, la Jamaïque en 1941, « les toits en zinc » et la communauté des « sans voix » de la léproserie. Par signes et par détails onomatopéiques, on découvre une langue créole poétique propre à « Spanish Town », ville « dont les médias nous disent tantôt qu’elle est pleine de tirs rafales-ravines » dans un pays dans lequel « le gouvernement et la CIA ont commencé à tendre des fusils plutôt que des sacs de riz ». Mais les habitants, pour tromper ce mauvais sort, peignent de toutes les couleurs les plus douces les murs, les maisons, les meubles.

Pic, Jack Kerouac

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Pic, mai 2017, trad. anglais (USA) Christophe Mercier, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Ce dernier et bref roman de l’auteur célébré de la Beat Generation, publié la première fois en anglais en 1971, trouve ici, grâce à la traduction de Christophe Mercier, une nouvelle chance de se faire connaître. Le titre, certes, est loin de l’importance de Sur la route, Le rouleau original, ou de Big Sur. On retrouve néanmoins sous la plume de Kerouac quelques obsessions musicales ou thématiques (la route, la ferveur pour les déclassés, l’ambiance de villes nocturnes…).

L’histoire de ces deux frères, Slim, le grand, amateur de jazz et musicien lui-même, et Pic(torial Review Jackson), entre Caroline du nord qu’ils quittent après la mort de Grand P’pa et un passage éclair chez Tante Gastonia et New-York, prend très vite l’allure et le rythme d’un road movie, que la langue d’un enfant d’une dizaine d’années relate avec ses déformations, ses raccourcis. Pic s’émerveille de ce grand frère prêt à lui faire découvrir la très grande ville, New-York, sa petite amie Sheila.

Plaise au tribunal, Emmanuel Venet

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Plaise au tribunal, La fosse aux ours, mars 2017, 32 pages, 5 € . Ecrivain(s): Emmanuel Venet

 

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle… Cela rappelle-t-il quelque chose à l’impétrant qui s’aventure dans les lignes de cette chronique ? Et aussitôt chacun de dire mais oui, bon sang mais c’est bien sûr… Mais oui, Prévert, Kosma et Montand ! Qui ne connaît pas ça ?

Eh bien non. Non. Vous faites erreur. Désolé. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle n’est pas une chanson. C’est une œuvre artistique, soit, mais ni musicale, ni littéraire. Conceptuelle, sans doute. Et très matérielle. En partie éphémère aussi. Et surtout menacée par ceux qui gèrent le site où elle peut être admirée, le centre hospitalier psychiatrique d’Oublevé. Plus que menacée : détruite.

Créée par Monsieur Rémy Dièse, patient dudit centre hospitalier, elle n’est pas, surtout pas, à confondre avec un simple tas de feuilles mortes diligemment constitué par les personnels d’entretien de l’institution. Le conseil du patient, Me Siddag, entend bien démontrer à l’administration publique hospitalière que les feuilles mortes se ramassent à la pelle relève bien du statut juridique d’œuvre d’art et en cela impose à l’institution un certain nombre d’obligations, à l’égard de l’œuvre ainsi qu’à son concepteur…

Les ombres de l’Araguaia, Guiomar de Grammont

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Métailié, La rentrée littéraire

Les ombres de l’Araguaia, septembre 2017, trad. brésilien Danielle Schramm, 232 pages, 18 € . Ecrivain(s): Guiomar de Grammont Edition: Métailié

 

Ce roman dédié « aux familles de tous les disparus politiques du Brésil, surtout à leur mères et leurs sœurs », aborde un passage obscur de la lutte contre la dictature dans les années 70, quand des jeunes étudiants épris de justice sociale avaient dans l’idée de libérer leur pays. Quelques-uns d’entre eux sont même allés se former à Cuba aux techniques de guérillas, et les chefs de la guérilla jusqu’en Chine maoïste.

Dehors les bate-paus et les grileiros !

Morts aux généraux fascistes !

A bas la dictature militaire !

Vive la terre libérée pour que le peuple vive et travaille !

Vive les Forces guérilleras de l’Araguaia !

Vive le Brésil libre et indépendant !