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Recensions

Dans un jour ou deux, Tony Vigorito

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 05 Juin 2011. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Dans un jour ou deux, 360 p, 23,50 € . Ecrivain(s): Tony Vigorito Edition: Gallmeister

Quel drôle de livre que ce Un jour ou deux !

Tout commence par un graffiti. Blip, professeur de sociologie en passe de perdre son emploi, et meilleur ami du narrateur du livre, Fountain, devient soudainement un adepte du graffiti. Sous un pont, il écrit à la peinture blanche les mots « OH OH ». Le graffiti a un effet inattendu, provoque réactions et interrogations.

« Le graffiti de Blip offrait aux gens quelque chose à partager, si bizarre fût-elle, et un esprit de corps littéralement inédit se pose sur la ville comme un enivrant nuage de gaieté ».

Puis quelqu’un écrit une réponse : « Quand ».

Et Blip d’inscrire ensuite : « Dans un jour ou deux ».

Mais que va-t-il se passer dans un jour ou deux ? Blip a une intuition. Un complot mondial est en route. Un complot mondial ??? Mais quand un champignon est pour lui une sonde extraterrestre, on peut penser qu’il souffre d’une légère paranoïa.

Quoique…

Le poids du papillon, Erri de Luca

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Dimanche, 05 Juin 2011. , dans Recensions, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Récits, Gallimard

Le poids du papillon, mai 2011, 9 euros 50. . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard


Il faut s’asseoir au coin d’un feu imaginaire et écouter le merveilleux conteur qu’est Erri De Luca, ce livre mince comme un papillon ouvert dans les mains qui gardent le poids des images contenues dans les pages. Des pages, qui, quand elles sont tournées, restent présentes quelque part. La langue de De Luca est nue, rocailleuse parfois, un peu à l’image de l’homme qui aime les choses simples, le café, les aliments que l’on trempe dans la tasse et que l’on mange en s’ébouillantant presque, en écoutant le chant du silence, à l’ombre des arbres qui murmurent leur solitude. Ou le cœur pris dans le chant des grillons.

Ici la langue de ce grand écrivain atteint l’épure (grâce aussi au talent de Danièle Valin – cet ouvrage fut initialement publié en italien en 2009), suivant les fils d’un premier conte (« Le poids du papillon ») qui est presque une parabole (le livre est constitué de deux courts textes) et suivant l’harmonie d’un récit (« Visite à l’arbre ») non pas clôturant l’ouvrage mais le suspendant dans un silence plein de tous les mots qui se sont précipités jusque-là avec leur rudesse et leur simplicité chantante, un silence qui se découvre, presque à sa propre surprise, harmonique.

Sur le haschich, Walter Benjamin

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 05 Juin 2011. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Langue allemande, Christian Bourgois

Sur le haschich. 2011. Traduit de l’allemand par Jean-François Poirier. 128 p. 6 € . Ecrivain(s): Walter Benjamin Edition: Christian Bourgois


Il faut saluer la réédition des textes intitulés « sur le haschich » de Walter Benjamin par Christian Bourgois dans la collection «Titres ». Ces textes sont des notes prises par l’auteur ou par les participants aux protocoles, séances durant lesquelles la prise de drogue, haschich ou mescaline, avait pour but l’observation et la retranscription des effets sur la pensée.

Derrière la description parfois aride de ces effets, ou derrière quelques fulgurances dans la succession des images et des pensées, on ne peut occulter « la volonté de savoir » qui aura animé le philosophe. Non pas un simple savoir répondant à une légitime curiosité, (on ne peut pas ne pas penser à Baudelaire) mais un savoir qui s’inscrit dans le projet révolutionnaire pour lequel il veut mettre en œuvre les « terra incognita » de la pensée que peuvent révéler ces expériences.

On est loin, ici, de la consommation actuelle du haschich, qui correspond plus à une volonté de « rêver la vie plutôt que de la vivre », la révolution de Benjamin se fondant essentiellement sur le renversement d’un ordre établi, ordre qu’aujourd’hui on ne remet pas en question avec le haschich, mais qu’on oublie grâce à l’euphorie qu’il engendre.

Un voyage humain, Marc Pautrel

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Dimanche, 29 Mai 2011. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un voyage humain, 2011. 75 p. 11 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard


« Il fait très froid mais le ciel est magnifique, bleu acier avec un soleil éblouissant et venté, un grand souffle lumineux qui balaie les hauteurs de la ville. Il ne lui reste plus qu'à attendre deux jours, que je reçoive la carte, que je l'appelle, que je réponde, oui ou non, elle pense que oui, elle n'est pas sûre. »

Ce sera oui, oui exprimé avec force. Oui face à quoi ? Face au désir d’enfant. Un oui ébloui. Par ce oui commun à ce couple est exprimé le désir conjoint d’avoir un enfant, désir d’un voyage à deux vers la paternité et la maternité, voyage qui ne sera pas exempt d’embuches, bien au contraire, voyage qui est bien, par excellence, le « voyage humain », que Marc Pautrel nous dépeint avec des phrases qui ont toujours une façon de nous surprendre, l’auteur s’attachant à faire en sorte que soit toujours rompu l’équilibre rythmique, afin que se crée, à la lecture, une petite musique qui soit à même de nous dire quelque chose des désirs, des angoisses, des attentes du narrateur, bien davantage encore que ne le font les évocations psychologiques que nous donne l’auteur.

Ce monde cruel, Richard Lange (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Albin Michel

Ce monde cruel, 352 pages, 23 € . Ecrivain(s): Richard Lange Edition: Albin Michel

Ce monde cruel. Le titre est un peu bateau, rappelle bien d’autres livres, films ou téléfilms. Ça promet le roman à thèse, forcément, où l’on apprendra au final pourquoi le monde est cruel. Mais nous ne le savions pas déjà un peu, non ?

Jimmy Boone est un ex-détenu en liberté conditionnelle. Ancien marine et garde du corps, il a passé près de cinq ans à prison. Devenu barman au Tick Tock, il doit se tenir à carreaux, éviter les ennuis, sinon c’est retour à la case prison.

Un jour, il accompagne Robo, l’homme de la sécurité du Tick Tock, à un rendez-vous. Il doit faire semblant d’être policier. Et Jimmy qui s’était promis de rester sage sait qu’il a déjà mis les pieds dans un engrenage fatal, forcément fatal.

Ils rendent visite au grand-père d’un sans-papier guatémaltèque retrouvé mort dans un bus, le corps criblé de morsures de chiens infectées. Le grand-père veut juste savoir comment est mort son petit-fils. Juste connaître les circonstances du drame. Il ne s’agit même pas de retrouver un ou des coupables.

Et Boone se retrouve propulsé dans une enquête où il croisera des dealers peu habiles, des organisateurs de combats de chiens, une strip-teaseuses vengeresse ou une ex-policière à la beauté troublante.