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Poésie

Rêver réel, Claudine Bohi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 28 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Rêver réel, Claudine Bohi, éditions La Tête A L’envers, octobre 2020, 108 pages, 18 €

Un chercheur, Cyril Szopa, une poète et un peintre forment le trio de ce livre étonnant : quête de l’espace, de l’humain, de l’intersidéral, dans un « rêve » de mots qui puisse rendre compte en poésie de ce que tout un chacun poursuit, ce « lointain », si proche, si rêvé, si inaccessible, et pourtant, les recherches sur les distances spatiales, sur Mars, n’ont jamais été aussi loin.

On le sait, de longtemps, que le poète conquiert un certain espace, singulier, tissé de mystère et de personnalité.

On n’imaginait pas qu’on puisse rêver de Mars, et que le ciel, si souvent omis, nourrisse autant d’images et de songes :

 

lever les yeux vers le ciel

en ramener tout le bleu

sans rien toucher

que sa propre main

(p.76)

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 27 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison, Editions Minces, novembre 2020, 45 pages, 5,04 €

Dans une voiture, quelque part, un conducteur accompagné d’un passager, invoque en farsi le grand poète persan, Hafez de Shiraz, celui « qui connaît tous les secrets ». Ainsi commence le court métrage de Sébastien Monbrison, qui conduit Yashar, exilé iranien, vers l’Europe. Comme si pour le réalisateur de cinéma, la poésie était un commencement à tout.

Le petit recueil, daté de 2011, C’est une affaire d’étranglement, constitue un vagabondage en poésie, celui peut-être du poète ou de quiconque à la première personne, qui dit le monde, à sa manière. Le cinéaste et le poète, de toute façon sont frères en images. Le livre recueille (une bien belle expression qui dit l’ouverture à l’autre et le soin qu’il faut lui porter) petites photographies en noir et blanc, ombreuses, lointaines et une trentaine de poèmes ; texte qui s’ouvre sur la répétition presque dangereuse du titre, de la première de couverture au premier vers du premier poème. L’étranglement d’un meurtre ?

Femmes, Nizar Kabbani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 27 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Pays arabes

Femmes, Nizar Kabbani, Arfuyen, novembre 2020, trad. arabe, Mohammed Oudaimah, 68 pages, 12 €

 

Mais pour elle, – de moi vers elle, – oserai-je dire et observer ! Elle, qui retint plus que tout ami en moi ; que j’appelle sœur aînée délicieuse ; que je sers comme Princesse, – ô mère de tous les élans de mon âme […]

Victor Segalen

 

Du féminin

Nous savons que le poète, qu’il soit oriental ou occidental, taille le monde pour le rendre à lui-même, augmenté de la parole imagée. Ainsi, ce sont les grands sujets qui hantent souvent l’enfant d’Apollon. Il est près du beau, de la jouissance esthétique. Ce recueil de 25 poèmes de Nizar Kabbani illustre très bien cette situation donnée au créateur. Là, il peut ouvrir le vaste chant, le vaste champ d’investigation du féminin, à la fois grâce au désir, au souffrir, au pleurer, à toute formes de liens, liens plus forts que le désir lui-même, peut-être. Femmes est de cette espèce.

Pauvres de nous, Jean-Louis Rambour (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 25 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gros Textes

Pauvres de nous, 2020, 76 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour Edition: Gros Textes

 

Dans Pauvres de nous, Jean-Louis Rambour pose son regard humble d’homme-poète sur la pauvreté d’hommes et de femmes en marge de la société, humbles eux-aussi : « On passe devant eux, devant elles, et le plus souvent on les oublie. Mais dans ce livre, pas question : on fait la pose ». Des « pauvres » que l’on croise encore en nos années 2020 et que l’homme-poète a photographiés avant de les vêtir de ses mots, ces « pauvres » sur lesquels nous fermons souvent les yeux de crainte d’y voir une autre face de nous-mêmes dans notre miroir, « pauvres de nous »… Après moult promesses politiciennes tonneaux percés d’hommes avant tout assoiffés de puissance, malgré la mise en place de dispositifs sociétaux d’entraide, à côté de l’aisance d’une société devenue grâce au progrès industriel et technologique relativement confortable à vivre, ces pauvres continuent de croiser nos regards mal à l’aise devant tant de précarité, comme si nous étions passés à côté de l’essentiel : l’écoute, l’acceptation et l’intégration des plus démunis d’entre nous, la générosité, le don altruiste de soi, en d’autres termes la preuve par les faits de l’existence du cœur solidaire.

La Barque criblée, Marie-Françoise Vieuille (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 21 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Barque criblée, Marie-Françoise Vieuille, éd. La Tête à l’envers, novembre 2020, 66 pages, 15 €

 

Le thème de l’embarquement (pour Cythère ou ailleurs) est une préoccupation littéraire. Souvent, les écrivains voient le large, les flots comme signes de voyages. Ici, dès le titre, la poète désigne une barque.

Une barque, impropre au voyage, « criblée », qui « bute » : métaphore d’une dérive chagrine.  Et pourtant, pour ramener « ce corps » perdu, il « faudra ramer » plus qu’il ne faut, jusqu’à atteindre « l’île » : autre métaphore.

Une longue barque noire amarrée à la terrasse d’un petit hôtel cogne à intervalles réguliers le ponton de bois où elle est amarrée.

« Cœur vieilli », plein d’ombre, un « cœur qui implose » : la poète a peine à s’avancer, « corps qui s’affaisse, s’épaissit ».