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Nouvelles

L’Assise

Ecrit par Clément G. Second , le Mercredi, 27 Août 2014. , dans Nouvelles, Ecriture, La Une CED

 

 

Sa réputation de femme positive et même entreprenante n’était plus à faire. On vantait son opiniâtreté quotidienne jusqu’à se reposer sur elle par ce lâche alibi auquel se ramènent souvent les louanges, et personne ne s’étonnait d’inférer ou d’apprendre que de nouveau elle se levait bien avant le réveil des autres et se retirait très tard après l’extinction des voix et des menus bruits de l’avant-nuit.

Pourtant, si considérée et même implicitement remerciée qu’elle se sût, sa conscience intime lui rappelait, avec un effet de satisfaction presque amer, que cette reconnaissance resterait à la surface de celle qu’elle n’avait jamais cessé d’être.

Ecrire, c’est tuant !

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans Nouvelles, Ecriture, La Une CED

 

Ecrire. Comme des milliers d’autres, ils en rêvent. Ecrire et pouvoir ne faire que ça. Pouvoir répondre à la question du pourquoi on écrit par cette réponse lapidaire de Beckett, « bon qu’à ça ». Ecrire. Oui mais quoi ? Et à quoi bon ? Des milliers de livres publiés chaque année. Et pour un publié, combien de recalés, de refusés… Et dans ceux qui arrivent dans les librairies, combien oubliés, inaperçus qui partent au pilon avant peu ?

Certains tentent aujourd’hui leur chance sur internet. Leur chance ! Pour mettre leurs phrases et leurs lignes en ligne, c’est d’une facilité ! Et puis… Et puis rien.

Rien parce qu’au delà de la pulsion il y a la chute. Parce qu’au delà du mirage il y a le sable, jusqu’au bout des horizons les plus improbables.

Barbara Gould

, le Mardi, 02 Juillet 2013. , dans Nouvelles, Ecriture, La Une CED

 

 

Tous les chemins et tous les modes de transport mènent à Venise. On peut s’y rendre en avion, en train, en bateau, à moto ou en auto-stop, et y aller seul, en couple, avec des amis ou en voyage organisé. Cependant, lorsqu’on est un adepte des plaisanteries douteuses, il n’est pas recommandé de s’adjoindre la compagnie d’une esthéticienne, même charmante.

J’étais entré dans le magasin de cosmétiques situé au 27 de la rue de *** (je ne le situe pas avec précision, on ne sait jamais) qui est à proximité de la Comédie française afin d’acheter du fond de teint et du blush pour ma nièce, une jeune fille qui sortait de l’adolescence à pas de loup. Elle n’avait pas son pareil dans le maniement du peigne, de la barrette, du babyliss et de tous ces ustensiles indispensables quand on s’adonne à la capilliculture mais l’éclat de son teint la préoccupait.

Vichy Hotel

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Nouvelles, Ecriture, La Une CED

 

A notre grand-oncle Pierre Rubenovitch

 

C’est juin qui revient. Le printemps n’était pas revenu depuis l’hiver, cette année-là.

Vichy ville fleurie dit le panneau à l’entrée de la ville.

La ville qui fut la France – La France de Vichy. Pastille blanche, digestive, lisse et mentholée, un petit savon, un jeton au recto-verso qu’elle tient dans sa main.

 

VICHY-ETAT

Dit le texte du bonbon suranné.

Vichy carotte, Vichy carreaux,

Vichy Célestins, presque céleste.

Une soirée avec le Doge

, le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Nouvelles, Ecriture, La Une CED

 

 

Ce soir-là, mon ami Antoine avait fait une halte dans une quinzaine des meilleurs bars à vin de la ville. Je le qualifie généreusement de « mon ami » mais c’était plutôt un excellent copain qui somnolait sur les bancs de la faculté où je ne manifestais moi-même une propension à l’exubérance que lorsqu’un beau jeune homme passait. J’avais une prédilection pour ceux qui se prénommaient Thomas, cela semblera stupide mais c’est une réalité indéniable : j’ai eu plus d’aventures avec des Thomas qu’avec tous les autres prénoms réunis.

Nous ne nous étions pas vus depuis cinq ou six ans lorsque je l’avais croisé en fin d’après-midi non loin du pont de l’Accademia, à l’intersection de la calle del Pistor et de je ne sais plus quel fondamenta. Nous retrouver ainsi nez à nez dans Venise relevait du hasard le plus incroyable. Même s’il s’agit de l’une des villes qui accueillent le plus grand nombre de touristes, son dédale de rues, de chemins, de canaux et de ponts ne la prédispose pas aux rencontres fortuites. S’y retrouver quand on s’est donné un rendez-vous est parfois une épreuve. Alors sans rencart, cela tient du miracle !