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Les Livres

Avenue des mystères, John Irving

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 24 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Seuil

Avenue des mystères, mai 2016, trad. anglais (USA) Josée Kamoun, Olivier Grenot, 528 pages, 22 € . Ecrivain(s): John Irving Edition: Seuil

 

Certains romans parlent au lecteur, entrent en résonance avec son intimité en lui évoquant immédiatement des univers. Ce nouveau roman de John Irving, foisonnant et dépaysant à souhait, entre dans cette catégorie.

Toutefois, quelque chose a changé : du ton souvent épique ou dramatique des grands romans des débuts de la célébrité, Le monde selon Garp ou L’hôtel New Hampshire, on passe au ton burlesque de ce roman de l’écrivain vieillissant.

« Quand on a sauté une prise de bétabloquants, comment ignorer deux femmes comme elles ? »

Certes, le personnage principal de l’ouvrage est un romancier d’origine mexicaine nommé Juan Diego, mais un romancier infirme et malade, claudiquant, diminué par une absence de pics d’adrénaline due à la prise régulière de bétabloquants et compensant une supposée baisse d’érection par la prise irrégulière de Viagra.

Yaak Valley, Montana, Smith Henderson

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 23 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

Yaak Valley, Montana, août 2016, trad. américain Nathalie Perrony, 500 pages, 23 € . Ecrivain(s): Smith Henderson Edition: Belfond

 

Début des années 80 aux États-Unis, alors que la bataille entre Jimmy Carter et Donald Reagan pour l’élection du prochain président à la Maison-Blanche bat son plein, Pete Snow, assistant social, œuvre au quotidien à Tenmile dans l’État du Montana pour venir en aide aux plus déshérités, en priorité à leurs enfants. Et du travail, il n’en manque pas dans cette population de marginaux venus se terrer dans la Yaak Valley, loin des mégapoles, pour cacher leur misère et tenter d’oublier dans l’alcool et la dope leur mal de vivre. Dès les premières pages, Smith Henderson dresse un portrait au vitriol de ceux et celles que son principal personnage côtoie :

Les familles éclatées, les mères défoncées au speed, vivotant des allocations chômage qu’elles dépensent en drogue, à défaut de subvenir aux besoins élémentaires de leurs petits : « On la croisait en ville, toute poudrée de blanc, les lèvres barrées de rouge et des traînées bleuâtres autour des yeux, un drapeau américain abstrait, un commentaire vivant sur son propre pays, ce qu’elle était d’une certaine manière » (p15).

Le Charme des après-midi sans fin, Dany Laferrière

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 23 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

Le Charme des après-midi sans fin, mai 2016, 216 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Dany Laferrière Edition: Zulma

 

Nostalgie pagnolienne en Haïti

Les éditions Zulma rééditent Le Charme des après-midi sans fin de Dany Laferrière, initialement publié à Montréal, en 1997. Le narrateur, Vieux Os, double de l’auteur au centre de plusieurs de ses romans (L’Odeur du café, 1991, Pays sans chapeau, 1996, Le cri des oiseaux fous, 2000…) nous y raconte sa vie d’adolescent haïtien, à Petit-Goâve au sud-ouest de Port-au-Prince, dans les années 60.

Le roman est avant tout l’occasion de dresser une série de portraits attendrissants, amusants ou grinçants, ceux des figures que le jeune garçon a côtoyées durant son enfance et qu’il peint ici avec une certaine nostalgie. On y trouve d’abord Da, sa grand-mère aimante qui prend soin de lui et qu’entoure une odeur de café, ces cafés qu’elle sirote à longueur de journée et qu’elle offre à ceux qui viennent lui rendre visite. Elle est le cœur (à tous les sens du terme) de son univers, celle autour de qui tourne sa vie. Il y a aussi les amis, Rico et Frantz notamment, l’évocation des premiers amours, des premières déclarations, des secrets que garçons et filles s’échangent. Le notaire Loné qui, dans sa jeunesse, était tombé amoureux de Da et qui s’attache à Vieux Os en qui il voit un garçon à part…

Blog-not, Catherine Dutigny

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 23 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Blog-not, éd. Rroyzz, avril 2016, 210 pages, 16 € . Ecrivain(s): Catherine Dutigny

 

Un roman : des personnages, un cadre, un décliné d’histoire… il était une fois… Un roman policier : la même chose, plus d’inquiétants évènements, type meurtre, par exemple, des personnages suspects en attendant le coupable, et des enquêteurs aux agissements variés plus ou moins – vite – couronnés de succès : il était une fois des choses bizarres… Qui n’aime lire un policier et qui – qui ? – n’aurait pas voulu pouvoir en écrire, au moins une fois dans sa vie, a minima un bon chapitre ? Vous en rêviez, Catherine Dutigny l’a fait ! Comme dit la pub. La dame n’en est pas à son coup d’essai, c’est vrai, en matière de nouvelles et de romans, mais, là, c’est un beau coup double : écrire un roman galopant, et un policier digne de la loupe qui garnit le dos de son livre. Parce qu’en ce domaine – rebattu en littérature – encore faut-il que le lecteur lise en ne lâchant pas le bouquin (chaque page avancée donnant un peu plus de lumière sur la solution), qu’il s’intéresse au milieu, aux héros, au genre d’enquête menée, avec l’impression de voyager dans du nouveau, et non dans le énième série noiraude, que le rythme, les fausses pistes frustrantes à souhait relancent l’attention, qu’on visualise parfaitement celui-ci, ou celle-là, qu’on craigne, qu’on suppose, qu’on frissonne, bref, qu’on « y » soit. Professionnel, comme un bon produit littéraire, et comme une enquête à la hauteur… Réussi comme ce Blog-Not en main, cet été.

Apollinaire, le regard du poète

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 22 Août 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard, Arts

Apollinaire, le regard du poète, édition publiée sous la direction de Claire Bernardi, Laurence Des Cars, Cécile Girardot, coédition Gallimard / Musées d’Orsay et de l’Orangerie, mars 2016, 320 pages, 45 € Edition: Gallimard

 

 

Il est des catalogues qui nous proposent un souvenir – plus ou moins pâli, suivant la qualité des reproductions – d’une exposition, ouvrages à feuilleter d’une main rêveuse. D’autres, comme celui-ci, offrent de véritables – et coûteuses – sommes qui prolongent de façon savante l’exposition, voire la sous-tendent, en étayent l’accrochage, qui peut paraître alors comme la partie émergée d’un iceberg scientifique.

Si le thème de l’exposition « Apollinaire, le regard du poète » appelle d’emblée un public et un regard lettrés, le catalogue fournit aux esprits les plus exigeants les analyses des meilleurs spécialistes d’Apollinaire. Dans un renversement qui n’est pas sans exemple pour les grandes expositions, l’exposition paraît illustrer le catalogue, pièce principale de l’entreprise muséale.