Identification

Les Livres

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Jeudi, 07 Septembre 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Anthologie

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen, éditions Les Deux-Siciles, 2020, version bilingue, traduction et présentation, Guomei Chen, Préface Pierre Dhainaut, 280 pages, 25 €

 

Une anthologie, c’est un florilège, un bouquet composé avec soin par celui ou celle qui en est l’architecte et qui en a choisi chaque élément pour offrir au lecteur une vue d’ensemble, la plus représentative possible, du thème ou du genre dont il veut l’entretenir. Et quand il s’agit de poésie, qui plus est d’une poésie écrite dans une langue non familière comme peut l’être la langue chinoise, monosyllabique et polytonale, les choix opérés et la qualité de la traduction sont primordiaux. L’époque et le public auquel elle s’adresse déterminent également les caractères de toute anthologie.

Guomei Chen nous propose ici de nous intéresser à une période particulière de la poésie classique chinoise, qui en constitue l’âge d’or, celle qui a cours sous la dynastie des Tang, entre 618 et 907 de notre ère, soit pendant 289 années.

Rétrécissement, Frédéric Schiffter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 06 Septembre 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Rétrécissement, Frédéric Schiffter, Le Cherche Midi, mai 2023, 192 pages, 19 € . Ecrivain(s): Frédéric Schiffter Edition: Le Cherche-Midi

 

« Ma bibliothèque intérieure, me suis-je dit, ne prendra ni place ni poussière et si des ouvrages disparaissent de mes souvenirs, elle n’en sera que plus légère. Je m’arrangerai de ces oublis. L’honnête homme que je me pique d’être ne se prend pas pour un érudit ».

Rétrécissement est le roman d’une chute, d’une disparition, d’une perte, d’un effacement, celui de Baudouin Villard, un professeur de philosophie, qui perd pied, après avoir été licencié par sa seconde épouse, avoir perdu son pied-à-terre partagé, sa bibliothèque et son seul ami. Ses grands inspirateurs l’accompagnent et agacent la galerie de ses rares fréquentations : Cioran, ce marathonien du nihilisme dont une citation ouvre ce roman, Vivre, c’est perdre du terrain ; mais aussi ce cher Montaigne, Thomas Bernard, ou encore Schopenhauer, autant de vitamines pour la pensée, dont le narrateur est friand, comme il l’est pour en rire cette fois, de tous les nouveaux bonimenteurs du bien-être, de la joie, et de la fraternité et de la philosophie pour les roublards.

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 06 Septembre 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre, éditions Harper Collins Traversée, mars 2023, 290 pages, 19 €

 

Liane rêvait de devenir écrivaine. Sa sœur Louise apprend son suicide alors qu’elle s’apprête à fêter son anniversaire. Louise opère alors une démarche à deux voix rendant vie aux évènements qui ont mené sa sœur au drame, les faits étant rendus compréhensibles, notamment, à partir d’archives policières, courriels et journal intime de la défunte. Harcelée à l’école, la tragédie se révèle au grand jour tandis que les tentatives d’interventions, gardées secrètes à ses proches, ne s’avèrent d’aucune aide. Les traces laissées révèlent la forte personnalité de la personne meurtrie :

« Laissez-moi vous dire que je comprends votre point de vue. Je peux entendre que vous trouviez que la situation est au point mort. C’est vrai, j’ai déchiré plusieurs options que vous auriez pensé bénéfiques. J’ai rejeté la possibilité d’hospitalisation, ne pensant pas que cela aurait pu m’aider. J’ai refusé les traitements médicamenteux, et ce même si je suis à ce jour incapable de justifier pourquoi. Je mets en doute l’idée de contacter mes parents, car je ne ressens pas l’envie de m’expliquer avec eux, j’ai juste besoin d’être protégée d’eux ».

Sanctuaire (Sanctuary, 1931), William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 05 Septembre 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine

Sanctuaire (Sanctuary, 1931), William Faulkner, Folio, trad. américain, R.N. Raimbault, Henri Delgove, 376 pages . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Folio (Gallimard)

 

William Faulkner a déclaré dans une interview de 1951 qu’il avait composé ce roman violent en 1931 comme un simple gagne-pain. On pourrait, au premier abord, y croire : un mélodrame criminel glauque et brutal, loin de la veine moderniste des autres ouvrages du Faulkner de l’époque, The Sound and the Fury (1929) et As I Lay Dying (1930), Sanctuary pourrait bien n’être rien de plus qu’une tentative de best-seller, un livre bien ancré dans l’air de son temps, de l’époque « dure » de la littérature américaine. Et ça a marché : ce roman a rapporté à Faulkner plus de renommée et d’argent que toutes ses œuvres publiées jusqu’alors. Même la noirceur du tableau social du Sud pauvre et arriéré pourrait entrer dans l’intention d’offrir au public ce qu’il voulait alors, les lecteurs des villes – qui sont évidemment les plus nombreux – étaient alors friands de récits graveleux issus de ce « Tiers-Monde » des USA que constituait le Sud, avec ses viols, ses incestes et ses meurtres sauvages, tout en gardant la conscience nette, comme si leur intérêt pour ces histoires était une forme de charité.

Sur la voie abrupte, Jean-Claude Caër (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Mardi, 05 Septembre 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Sur la voie abrupte, Jean-Claude Caër, éditions Le Bruit Du Temps, avril 2023, 60 pages, 17 €

 

Jean-Claude Caër ou l’art du rhapsode

Le dernier recueil de Jean-Claude Caër Sur la voie abrupte est une traversée d’instantanés, de souvenirs de voyage, de notations sensibles, de réminiscences du cœur – s’agissant en particulier de l’émouvante évocation de la mère. Cette approche poétique est déjà présente dans ses précédents recueils Alaska ou Devant la mer d’Okhotsk. Qu’y a-t-il de nouveau dans ce recueil ?

Suscité par le confinement et le retour en sa maison familiale de Bretagne, le flux de conscience s’affranchit très vite du cadre de la circonstance. Serait-ce parce qu’il touche à une vérité intérieure aux accents testamentaires ?

C’est en tout cas avec une acuité parfaite que le poète déploie ici et approfondit les thèmes qui lui sont chers.