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Le Quartier chinois, OH Jung-hi

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 09 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Nouvelles, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Le Quartier chinois, traduit du coréen par Jeong Eun-jin et Jacques Batilliot, septembre 2014, 216 p. 17,50 € . Ecrivain(s): OH Jung-hi Edition: Serge Safran éditeur

 

OH Jung-hi nous décrit une Corée peu familière : celle de l’après-guerre, un pays encore en proie à un conflit, celui entre le nord et le sud, l’un des épisodes marquants de la Guerre froide. Le texte se compose de trois nouvelles distinctes en apparence, mais s’attachant à décrire la difficulté de grandir et de vivre.

Dans la première nouvelle intitulée Le Quartier chinois, une fillette de neuf ans quitte la campagne pour une ville portuaire. Le nom de quartier chinois est assimilé à un repère géographique : il est près du port. C’est aussi un lieu de perdition, de débauche. Evoquant la présence de Chinois, la petite fille les décrit ainsi :

« Pour nous, ils étaient contrebandiers opiomanes, coolies cachant de l’or sous chaque point des coutures de leurs guenilles, brigands martelant la terre gelée au galop de leurs chevaux barbares (…) Ce qui se trouvait derrière les portes fermées (…) était-ce de l’or ? de l’opium ? ou de la méfiance ? ».

Le livre des étreintes, Eduardo Galeano

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 09 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Poésie, Nouvelles

Le livre des étreintes (El libro de los abrazos, 1989), Lux éditeur, 2012, traduit de l’espagnol par Alexandre Sánchez . Ecrivain(s): Eduardo Galeano

 

Mille touches de colère et de poésie


Les moins jeunes ont sans doute en mémoire Les veines ouvertes de l’Amérique latine, écrit en 1971 et publié en 78 dans la célèbre collection Terres humaines (Plon). C’est aujourd’hui un éditeur québécois qui s’attache à nous faire découvrir ou redécouvrir une autre partie de l’œuvre d’Eduardo Galeano en français. Quatre volumes sont parus chez Lux ces dernières années : Le livre des étreintes, les voix du temps ; Paroles vagabondes ; et Mémoire du feu.

Entre nouvelles et aphorismes, Le livre des étreintes rassemble un peu moins de 200 textes qui vont de quelques lignes à une ou deux pages. Du merveilleux, de l’ironie et de l’humour (bienveillant), des colères humanistes, des choses vues et entendues, des souvenirs et des témoignages, il y a de tout cela dans ces courts textes qui peuvent prendre des allures d’aphorisme ou de journal.

Flaubert, Oeuvres complètes II et III en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 08 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Livres décortiqués, La Pléiade Gallimard

Oeuvres complètes Flaubert Tome II. La Pléiade . Ecrivain(s): Gustave Flaubert Edition: La Pléiade Gallimard

Gustave Flaubert, Œuvres complètes, II, 1845-1851, édition publiée sous la direction de Claudine Gothot-Mersch, avec pour ce volume la collaboration de Stéphanie Dord-Crouslé, Yvan Leclerc, Guy Sagnes…, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2013, 1 vol. (XVIII-1658 p.), 72 €, et Gustave Flaubert, Œuvres complètes, III, 1851-1862, édition publiée sous la direction de Claudine Gothot-Mersch, avec pour ce volume la collaboration de Jeanne Bem, Yvan Leclerc, Guy Sagnes…, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2013, 1 vol. (XVII-1332 p.), 67 €

 

Flaubert s’attachait à faire en sorte que « les phrases so[ie]nt des aventures », ainsi qu’il l’écrit à Madame Schlésinger, en janvier 1857.

Faire en sorte que les phrases soient des aventures, c’est permettre qu’elles soient, comme le résume Hédi Kaddour dans Les pierres qui montent, notes et croquis de l’année 2008 (Gallimard, 2010), l’équivalent « de ce qu’on peut ressentir devant un tableau, comme quand Claudel dans L’œil écoute fait remarquer que la réussite d’un tableau, c’est quand on se dit devant lui : “Il va arriver quelque chose” ».

Le roi disait que j’étais diable, Clara Dupont-Monod

, le Mardi, 07 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

Le roi disait que j’étais diable, août 2014, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Clara Dupont-Monod Edition: Grasset

 

Aliénor mon cœur t’adore

Clara Dupond-Monod a choisi un bel octosyllabe, Le roi disait que j’étais diable, comme titre de son dernier roman. Elle montre une nouvelle fois sa prédilection pour le Moyen-âge.

En effet, cette diablesse, c’est Aliénor d’Aquitaine, une femme de caractère qui fut reine de France au XIIe siècle (puis devint reine d’Angleterre par son second mariage).

Aliénor possède quelques points communs avec dame Dupont-Monod, par exemple une fascination partagée pour l’histoire de Tristan et Yseult. N’est-ce pas Clara Dupont-Monod qui, voici quelques années, avait utilisé sa belle plume pour raconter l’histoire de Tristan et Yseut vue par le roi Marc (1) ? C’était déjà une fameuse idée !

Aliénor ne s’en laisse guère conter : « Mon prénom est un monde et personne n’y laisse son empreinte. Ni Dieu, ni roi ».

M. Poincaré et la Guerre de 1914, Etudes sur les responsabilités, Gustave Dupin

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 07 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Livres décortiqués, Histoire

M. Poincaré et la Guerre de 1914, Etudes sur les responsabilités, Aviso éditions, 2014, 197 pages, 16 € . Ecrivain(s): Gustave Dupin

 

L’administration d’un sérum de vérité dilué avec le vénéneux liquide des injures reste probablement, à travers l’écriture et sous couvert d’analyse de certains épisodes dramatiques de l’histoire nationale, le pire traitement prodigué. Les slogans lapidaires de Poincaré-la-guerre et de Mitterrand-la-machette résument, sous cette peu orthodoxe manière de doctrine médicale phagocytée par l’anachronisme, l’élucubrant exposé du livre de Gustave Dupin, intitulé M. Poincaré et la guerre de 1914, paru dès 1935, mais dont Aviso réédite aujourd’hui le contenu bientôt discrédité par la longue (trop) et sulfureuse préface de Michel Sitbon.

Ancien trésorier du Réseau Voltaire, le préfacier exalté et obscur dénonciateur des responsabilités du premier conflit mondial, aveuglément imputées au président français de 1914, atteint bientôt des sommets dans la digression, la confusion et la profusion des assertions douteuses doublées de vindicte compulsive.