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Etudes

Du théâtre divisionniste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Septembre 2012. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Manifeste pour les faits et objectifs de l’écriture théâtrale divisionniste.

 

Un théâtre divisé.

Coupé, assemblé par le jeu des euphonies, quitte à décaler le sens de tout discours.

Diviser ce que nous sommes est ce que le théâtre doit montrer.

Homme moderne, pris dans le flux coupé des séquences de l’information, dans la moiteur des humeurs et de son obscurité.

Et là un texte de théâtre qui prône des situations brèves, inachevées, sans rapports, et qui les appréhende violemment comme est violente la vie.

Sans exclure les grands mythes.

Sans perdre le courant épique de la grande histoire.

Portrait rouge - A propos de Roger Munier, Vision

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Juillet 2012. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

Vision, Roger Munier, Editions Arfuyen, 2012, 80 p. 8,50 €

 

Il n’est pas nécessaire [...] de regarder l’analyse comme un exercice en soi, long, fastidieux, détaillé, rationnel. Car l’analyse n’est pas forcément cette approche globale, cette saisie totale et absolue qu’elle se donne souvent pour but. L’analyse peut être courte, fulgurante, intuitive. Elle n’a pas besoin de porter sur l’ensemble d’une œuvre pour être déterminante. Elle peut s’accrocher immédiatement à un détail apparemment secondaire ; elle est parfois le fait d’une rencontre inspirée, surprenante.

Pierre Boulez

 

J’admire Vision, le dernier livre de Roger Munier, car son idée du vide me touche beaucoup. À cause de cette vie provinciale que je mène ici actuellement où un simple oiseau dans l’écho de la rue, ou le bruit régulier du réveil dans le silence ouaté de la maison, l’odeur de pêche mûre, signalent que quelque chose passe en soulignant que cela disparaît et fait place au vide, à l’éclipse.

Léon Tolstoï, les chemins de la misère

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 31 Mai 2012. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Les chemins de la misère, Léon Tolstoï, Editions de l’Herne, 2012, 63 pages, 9,50 €

 

Le 9 février 1909, le Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï écrivait dans son journal :

« Je viens de voir un misérable, un moujik, un ancien soldat, qui s’exprime avec des mots étrangers, inutiles, mais leur sens est le même : la haine à l’encontre des gouvernants, des riches, la jalousie et une façon de se justifier de tout. Un être épouvantable. Qui a fait cela ? Les révolutionnaires ou le gouvernement ? Les deux ».

A travers ce paragraphe, L. Tolstoï décrit un tableau qui s’inspire d’une réalité sociale qui sévit en Russie. C’est ainsi qu’il nous introduit d’emblée dans le thème central de cet essai totalement consacré au monde paysan vivant dans les villages à proximité de sa demeure située près de Toula. Par ailleurs, en centrant son propos sur les paysans et sur leurs conditions de vie extrêmement précaires, il nous informe du contexte politique russe des années 1908 et dévoile son positionnement à l’égard du gouvernement russe, d’une part. Et des révolutionnaires, d’autre part.

A propos de "La mort aux trousses" d'Hitchcock. Deux lectures

Ecrit par Yasmina Mahdi, Didier Ayres , le Mardi, 22 Mai 2012. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

1. Synopsis 1959

"La Mort aux trousses"d'Alfred Hitchcock par Yasmina MAHDI

 

Sous le titre français qui sonne comme celui d'un roman policier, on voit au générique le vrai nom anglais, "North by Northwest", enroulé comme un noeud de Moebius, c'est-à-dire une impasse, un nom qui ne veut rien dire. Un titre qui, comme le plan de la plongée vertigineuse du haut du toit de l'immeuble des Nations-Unies à New-York sur le bassin circulaire et le jardin qui s'arrondit en coin, le tout encadré et bloqué par les fenêtres cellulaires du gratte-ciel, se trouve sans issue. Comme un constat. Une vision aveugle. Un angle mort. Le film est célèbre car chacun s'est approprié la course-poursuite d'un homme traqué, se retrouvant seul attaqué par un avion. Détournement du sens ou anticipation de détournements d'avions ? Guerre froide derrière le saupoudrage d'informations, (nocif comme l'épandage), d'images de femmes et d'hommes élégants, impeccables, - sorte de gravure de mode des années 60 -, adeptes du modernisme, (et de l'individualisme), du bien-penser et du bien-manger, agents de la propagande d'un peuple sain d'Amérique ? Continent débarrassé de ses scories, espions venus de l'Est, trafiquants, usurpateurs politiques ?

Voyage avec Frédéric Boyer dans la question brûlante du "nous" (2)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 12 Mai 2012. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Frédéric Boyer, Phèdre les oiseaux, suivi de Texte pour une voix off (Thésée) et de Chants pour d’autres voix, P.O.L, 2012, 106 pages, 12 e ; Personne ne meurt jamais, P.O.L, 2012, 170 pages, 13 € ; Techniques de l’amour, P.O.L, 2010, 83 pages, 10,65 €

 

L’on sait en outre que l’amour est tout sauf commun, quand bien même il est la chose la moins inattendue. Cette expérience de l’amour, parce qu’elle est partagée par tous, est commune à chacun d’entre nous. Mais alors, l’amour serait-il lui-même commun ? L’on pourrait le penser. Car l’on aime finalement dès l’aube de sa vie. « Dès le ventre de [s]a mère [on] aim[e] quelqu’un ». En réalité, il n’en est rien. L’amour revêt toujours un caractère inédit. On aime toujours pour la première fois, quel que soit le nombre de fois où l’on a pu aimer, du reste. L’amour est toujours une première fois. Comme si, en aimant, en tombant amoureux puis en laissant l’amour s’installer en lui, l’amoureux naissait à sa vision, à son ressenti pour la toute première fois. Naissait à lui-même, en même temps qu’au monde, et à la vie.