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Critiques

La Route, Cormac McCarthy

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Points

La route, roman traduit de l’anglais (USA) par François Hirsch, 2009, 253 pages, 6,80 € . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Points

 

C’est un livre comme on en voit peu, dans une vie


Morceaux choisis :

« Le petit était assis et vacillait. L’homme l’observait de peur qu’il ne bascule dans les flammes. Du pied il dégagea des emplacements dans le sable pour les hanches et les épaules du petit à l’endroit où il allait dormir et il s’assit en le tenant contre lui, ébouriffant ses cheveux pour les faire sécher près du feu. Tout cela comme une antique bénédiction. Ainsi soit-il. Évoque les formes. Quand tu n’as rien d’autre construis des cérémonies à partir de rien et anime-les de ton souffle ».

« Il retourna dans les bois et s’agenouilla à côté de son père. Il était enveloppé dans une couverture comme l’homme l’avait promis et le petit ne le découvrit pas mais il s’assit à côté de lui et se mit à pleurer sans pouvoir s’arrêter. Il pleura longtemps. Je te parlerai tous les jours, chuchotait-il. Et je n’oublierai pas. Quoi qu’il arrive. Puis il se releva et fit demi-tour et retourna sur la route ».

LSD 67, Alexandre Mathis

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Serge Safran éditeur

LSD 67, août 2013, 568 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Mathis Edition: Serge Safran éditeur

 

Le titre du roman d’Alexandre Mathis fait référence à la drogue du même nom ; le sigle est aussi l’abrégé de trois prénoms de ce récit : Liliane, Sony, Dora.

Nous sommes au Quartier Latin, en 1967. Une bande de marginaux, adeptes de la défonce, de l’utilisation massive de stupéfiants et hallucinogènes de toute nature : amphétamines, LSD, cocaïne, morphine, acide, vit dans la marginalité la plus totale. On y trouve, outre les trois déjà cités : Chico, Cybèle, Gégé, JF, Doudou.

Leur but : « Affirmation du non péremptoire à toute choses établies, imposées. Façon d’être, prenant une importance démesurée, essentielle. Décalée ».

C’est le cinéma qui oriente ces jeunes marginaux vers cet état d’esprit : « Nous maintenant dans une idéologie de révolte permanente contre l’art établi ».

Expansion du vide sous un ciel d’ardoises, Christophe Tostain

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 06 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Expansion du vide sous un ciel d’ardoises, 2013, 90 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Christophe Tostain Edition: Espaces 34

 

 

SUPER !

 

C. Tostain reprend en exergue de son site un propos de Sobel, qui en quelque sorte éclaire le sens de son entreprise théâtrale et de son texte, Expansion du vide sous un ciel d’ardoise : « le théâtre donc la mise en scène du monde, ça a toujours été de parler de l’outrage que l’humanité faisait à l’humanisme ». Il est effectivement question dans sa pièce de notre monde contemporain, celui que nous partageons ici et maintenant. Société de consommation, diktat managérial au cœur de la grande distribution, qui écrasent les individus. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas le fruit du hasard si la photo de la première de couverture du volume est illustrée par une photographie de C. Tostain qui regarde comment nous vivons, coincés entre les rayons du supermarché. Pas si super que cela.

Le Jeûne des yeux et autres exercices du regard, Jean-Baptiste Para

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts

Le Jeûne des yeux et autres exercices du regard, « notes sur l’art », Éditions du Rocher, collection Voix intérieures, 2000, 17 euros 99 . Ecrivain(s): Jean-Baptiste Para

 

En cette période de fêtes, quel est le plus beau cadeau que nous puissions offrir aux lecteurs de La Cause littéraire ? Ma réponse a été immédiate.

Un extrait du Jeûne des yeux et autres exercices du regard de Jean-Baptiste Para, magnifique recueil de critiques d’art où la justesse et l’absolue précision d’un regard épousent au plus près l’élan d’un souffle d’âme.

Une âme qui se donne à lire au moyen de l’intensité d’une langue à nulle autre pareille (chez Para, la métaphore est une flèche qui atteint le cœur du sensible, – ou le cœur du silence, ce qui revient au même).

Et cette langue et ce regard, si étroitement rejoints qu’il est impossible de les disjoindre, suscitent en nous continument la ferveur.

Une ferveur envers la vie. Envers la peinture. Envers la poésie.

Nous avons aimé, Willy Uribe

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Espagne, Rivages/noir

Nous avons aimé, traduit de l’espagnol par Claude Bleton septembre 2013, 271 pages, 8,65 € . Ecrivain(s): Willy Uribe Edition: Rivages/noir

 

« Un Jim Thompson de Bilbao ». C’est ainsi que le présente Carlos Salém, dans la préface qu’il a signée pour son seul autre roman traduit en France, Le Prix de mon père, aussi chez Payot Rivages/Noir. Photographe, surfeur, reporter, voyageur, Willy Uribe verse son encre noire comme la bile dans des romans qui exhalent les dessous peu reluisants de l’Espagne.

Nous avons aimé ne fait pas exception. Narrateur interne de sa propre descente aux enfers, Sergio est un jeune surfeur basque, vaguement paumé entre sa vamp de mère, aussi allumeuse qu’allumée, et Eder, son brillant comparse qu’il entoure d’une amitié équivoque, et qu’il suit jusqu’au Maroc à la recherche des meilleurs spots. Du moins, le croit-il. Car de fumettes en fumettes, ballottés entre les seins d’Odette, la française qui les accompagne, les deux jeunes basculent dans une sale histoire de drogue, d’argent sale, de chantage et de règlement de certains comptes qui viennent sans doute de plus loin, depuis le saut dans le vide de Janire Pagoaga ou la mort de Bustintxu sous un train. Et là-bas, à Madrid, gronde le coup d’état contre Franco… Mais Madrid est si loin. Pas de vagues, à Madrid. Madrid ne sert à rien sans vagues.