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Critiques

Danser dans la poussière, Thomas H. Cook

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Seuil

Danser dans la poussière, septembre 2017, trad. anglais (USA) Philippe Loubat-Delranc, 355 pages, 21 € . Ecrivain(s): Thomas H. Cook Edition: Seuil

Dans un roman policier il y a souvent plus que de l’action, plus qu’une énigme à résoudre. L’ensemble peut par exemple s’appuyer, ce qui est courant, sur une analyse psychologique ou sociologique, voire anthropologique. Le livre de Thomas H. Cook en est une excellente illustration. Ainsi, l’auteur situe l’action de son ouvrage dans un état imaginaire, le Lubanda, situé en Afrique orientale quelque part près du Ghana, et va soulever au fil des pages les questions ethniques et géopolitiques notamment que l’intervention humanitaire américaine peut éveiller dans cette partie du monde.

Ray Campbell, l’un des héros, américain d’origine, qui appartint dans les années 1990 à une ONG tentant de venir en aide au Lubanda, souffrant de misère endémique, se voit dans les années 2010 rattrapé par son histoire alors qu’il est installé aux USA à la tête d’une florissante société d’évaluation des risques. En effet, son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust vient lui apprendre le meurtre dans un passage de New-York de Seso Alaya qui fut son guide et son interprète à Rupala, la capitale du Lubanda. Seso avait laissé dans sa chambre d’hôtel un morceau de papier sur lequel on avait griffonné le numéro de téléphone d’Hammond et il aurait été en possession de documents relatifs au meurtre de Martine Aubert, une lubandaise, qui fut le grand amour platonique de Ray à l’époque où il travaillait pour ce pays d’Afrique.

Les gens comme ça va, Dominique Sorrente

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Cheyne Editeur

Les gens comme ça va, juin 2017, 17 € . Ecrivain(s): Dominique Sorrente Edition: Cheyne Editeur

Né « au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 à Paris », comme l’annonce le préambule, le nouveau recueil de Dominique Sorrente est le septième de son auteur aux éditions Cheyne. Le poète, qui vit à Marseille, a reçu de nombreux prix (Antonin Artaud et Georges Perros entre autres), est également passeur de poésie avec le collectif Le Scriptorium qu’il anime dans sa ville depuis 1999 et grâce auquel il veut favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne.

La première partie du recueil qui en comprend sept s’intitule d’une façon volontairement fautive Ils sont les gens. Cette présentation naïve ainsi que les premières pages ne sont pas sans rappeler aux lecteurs sexagénaires un titre comme Il y a des gens de toutes sortes, qui appartenait à la collection des magiques petits livres d’or. On pouvait y découvrir les gens bons, les gens méchants, les beaux, les laids, etc. Ici les énumérations réalistes, humoristiques ont, mutatis mutandis, le même pittoresque efficace qui mêle l’étrange au banal et qui donne envie de tourner les pages. Ainsi après la description de ces gens « pète-secs, rêvasseurs, pisse-drus », passe-t-on à une écriture narrative où on les voit vivre à tous les âges :

À mon très cher ami. Petite anthologie des dédicaces de la littérature française, réunies et présentées par Jean-Christophe Napias

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 15 Janvier 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Anthologie, La Table Ronde

À mon très cher ami. Petite anthologie des dédicaces de la littérature française, novembre 2017, 608 pages, 19,50 € Edition: La Table Ronde

 

Le fait de dédier un livre à quelqu’un est une pratique ancienne, remontant à l’Antiquité. Saint Luc, un écrivain hellénisé, a dédié son évangile et les Actes des Apôtres à un certain Théophile, dont on a discuté s’il avait véritablement existé (pourquoi ne serait-ce pas le cas ?) ou s’il s’agissait d’une sorte de pseudonyme collectif. Quoi qu’il en ait été, nombreux sont les dédicataires dont le souvenir ne se conserve que grâce aux livres qui leur furent offerts. Seuls les spécialistes d’histoire anglaise, et encore, connaîtraient le comte de Southampton, Henry Wriothesley (1573-1624), si Shakespeare ne lui avait pas dédié des poèmes. Qui aurait entendu parler d’Alfonso Diego López de Zuñiga y Sotomayor, duc de Béjar, s’il n’était le dédicataire de deux œuvres majeures de la littérature ibérique (la première partie du Don Quichotte et les Solitudes de Góngora) ? On ne rencontre que rarement le nom de Léon Werth en dehors du Petit Prince.

L’enfant du bonheur et autres proses pour Berlin, Robert Walser

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 15 Janvier 2018. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Zoe

L’enfant du bonheur et autres proses pour Berlin, trad. allemand Marion Graf, 304 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Robert Walser Edition: Zoe

 

L’écrivain suisse, de langue allemande, né en 1878, est décédé à 78 ans en 1956. De 1907 à 1933, l’auteur a publié de très brèves chroniques (de deux à quelques pages) dans le Berliner Tageblatt.

D’une thématique très variée, ces chroniques couvrent des sujets qui vont du fait divers (une soirée d’incendie) à des réflexions sur l’art d’écrire, en passant par de courts récits (rêves ou choses vues).

La plume, alerte, élégante, fluide, révèle un art très sûr de l’air du temps et des atmosphères d’une époque riche, à l’heure du charleston et autres bas-bleus de ce temps.

La brève note, la chronique du jour, la notation sur le vif (à la Léautaud mais en moins acide, certes) servent bien le propos d’un auteur saisi de l’art d’écrire vite et bien.

Le statut même de l’écrivain y trouve sa place, dès l’entame du livre (pp.8-10) :

Attendre encore, Pierre Ménat

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 12 Janvier 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Attendre encore, Editions du Panthéon, novembre 2017, 296 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Pierre Ménat

 

Pierre Ménat nous propose ici une variation philosophique et fictionnelle sur l’attente, concept illustré ou développé par des auteurs aussi différents que Proust, Beckett, Gracq, Ionesco, Buzzatti ou Winnicott.

L’attente, dans les domaines tant personnels ou amoureux que professionnels, est ce qui caractérise l’espèce humaine, et les personnalités du monde diplomatique, quelles que soient la vitesse et l’intensité auxquelles se déroule leur existence, n’y échappent pas. Savoir attendre (jusqu’à la mort ?) tout en comblant cette attente est une compétence appréciable que possède Luigi di Scossa, nommé ambassadeur du Luxembourg en Roumanie après avoir pantouflé dans le secteur bancaire pendant une dizaine d’années.

« Car l’attente est d’abord le propre de ceux qui cherchent, sans toujours savoir qui ou quoi. »

« […] cette mécanique, observée aux jeux de l’amour, était propre à son être et envahirait tous les versants de sa vie. »