Identification

Critiques

Le Train des enfants, Viola Ardone (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Albin Michel, Italie

Le Train des enfants (Il Treno dei bambini, 2019), Viola Ardone, janvier 2021, trad. italien, Laura Brignon, 292 pages, 19,90 € Edition: Albin Michel

 

Les pieds dans des chaussures. L’odeur et la forme. L’empreinte. À hauteur d’enfant. Parce que les enfants voient d’abord les pieds des adultes. Amerigo Speranza a sept, presque huit ans. Une vie en cinquante-trois chapitres. Du Sud au Nord de l’Italie. Père inconnu. La mère, Antonietta, elle est belle. Une voix de contrebasse. Belle parce que les enfants entendent ce que disent les hommes d’elle. Et le père est parti, ou reparti en Amérique, une fois la seconde guerre mondiale terminée. Terminée. Ça, c’est l’histoire qu’elle raconte à Amerigo.

« Les femmes, elles, marchent sans honte et traînent deux, trois, quatre enfants par la main. Moi je suis fils unique, vu qu’avec mon frère Luigi on n’a pas eu le temps de se connaître. On n’a pas eu le temps avec mon père non plus, je suis né en retard sur tout le monde ».

Dis, comment te défends-tu ?, Françoise de Guibert, Clémence Pollet (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Dis, comment te défends-tu ?, Françoise de Guibert, Clémence Pollet, février 2021, 96 pages, 12,90 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

De la sauvegarde

Une grenouille peu commune aux taches mordorées (dendrobate souvent venimeuse) apparaît sur la couverture d’un blanc de neige de cet élégant album-jeunesse quadrangulaire de 19 x 20 cm. Au dos de l’ouvrage, une énigmatique boule hérissée de pics stagne près d’une branche de corail, en fond marin. Françoise de Guibert et Clémence Pollet ont réalisé ce manuel de sauvegarde, artistique et pédagogique, Dis, comment te défends-tu ?, employant le tutoiement envers les animaux.

Le jeune public, dès l’âge de 4 ans, va comprendre les spécificités des spécimens montrés, les plus menus d’entre eux souvent attaqués par de plus volumineux. Les granivores, les fructivores, les herbivores se trouvent menacés par des carnivores. A contrario des insectes minuscules, par exemple des fourmis, ou une tempête d’insectes, peuvent constituer un danger.

L’odeur du foin, Giorgio Bassani (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 07 Avril 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Gallimard, Italie

L’odeur du foin (L’Odore del Fieno, 1972) Giorgio Bassani, trad. italien, Michel Arnaud, 114 pages, 6,50 €


Dans ce recueil – et dans toute son œuvre – Giorgio Bassani met en scène deux héros récurrents : D’abord Ferrare, sa ville de naissance, une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne, située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano. Et puis lui-même, narrateur de ses récits, dans la trace de sa mémoire d’enfance, d’adolescence, à la recherche non du temps perdu mais bien du temps retrouvé – vivant, présent. Celui de Proust assurément, dont Bassani était un lecteur assidu, porté par les bruits, les odeurs, les goûts. Et, peu à peu, Bassani nous fait une topographie littéraire de Ferrare : les sensations dessinent des plans de rues, de places, de jardins publics. Les noms de la ville chantent comme un poème, les sons de la langue italienne en fond la musique. La via Mazzini, la via Vignatagliata, viennent s’ajouter aux noms des villages, Quartesana, Gambulaga, Ambrogio et aux noms des gens, Dottor Castelfranco, Egle Levi-Minzi, pour composer une cantate italienne digne des pages de Händel.

Punto Basta, Lionel Froissart (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 07 Avril 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Héloïse D'Ormesson

Punto Basta, Lionel Froissart, janvier 2021, 192 pages, 17 € Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Comme elle le fait presque chaque semaine, Jocelyne, employée au service des cartes grises à la préfecture de police, exécute un tour de Paris au volant de sa Fiat Uno blanche, qu’elle a baptisée Paulette. Elle s’offre les « beaux quartiers », seule, ou presque, puisque que son gros chien en peluche Mike (en souvenir de Mike Brant, un verseau comme elle) est installé sur le siège-arrière. Elle passe par le XVIe arrondissement, roule non loin de la Tour Eiffel, prend les voies sur berges avec attention et décontraction. C’est son plaisir, un petit luxe qu’elle s’accorde, elle qui ne part pas en week-end mais rentre ensuite sagement à son domicile de Bobigny2. Jocelyne est heureuse. Sa voiture va bientôt être avalée par le grand tunnel du Pont de l’Alma, elle entend des moteurs de Piaggio qui la dépassent puis, tout à coup, un choc du côté arrière gauche la déstabilise, et tandis qu’elle essaie, les mains crispées sur son volant, de maintenir la trajectoire de son véhicule, elle aperçoit furtivement dans son rétroviseur une grosse Mercedes s’encastrer dans un pilier avec un fracas d’enfer. Choquée, les mains moites, elle sort du tunnel tout en s’appliquant à garder sa droite. Il y a encore relativement peu de véhicules, nous sommes le samedi 30 août 1997. Elle rejoint avec moult précautions Bobigny.

Bestiaires du Moyen Âge, Michel Pastoureau (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 06 Avril 2021. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Points

Bestiaires du Moyen Âge, novembre 2020, 336 pages, 13 € . Ecrivain(s): Michel Pastoureau Edition: Points

 

Publié pour la première fois en 2011, Bestiaires du Moyen Âge bénéficie d’une réédition en poche récente ; l’occasion est belle d’ouvrir à nouveau cet essai qui est avant tout un parcours dans l’imaginaire qui fonde la société occidentale. D’autant plus belle que cette édition de poche est imprimée sur un épais papier glacé et illustrée de nombreuses reproductions d’enluminures provenant de manuscrits précieux. En un sens, puisque mise en rapport entre le sens et l’image, entre ce qui est dit et ce qui est montré, cet ouvrage spécifique s’inscrit dans la logique de l’œuvre d’historien de Michel Pastoureau : étude de l’héraldique, étude des couleurs (à parfois décoder dans leur symbolique en rapport avec l’animal), Les Animaux célèbres, en 2001, un ouvrage sur l’ours, un autre sur le cochon – ça devait bien en arriver là un jour ou l’autre. D’autant que les études spécifiquement animalières de Pastoureau découlent à leur tour d’un intérêt relativement récent porté par les historiens à l’animal en tant que tel, et non pas en tant que simple adjuvant à l’Histoire – intérêt cristallisé par le médiéviste Robert Delort en 1984 avec Les Animaux ont une histoire.