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Théâtre

Au monde, Joël Pommerat

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 07 Décembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud/Papiers

Au monde, Actes Sud Papiers, octobre 2013, 72 pages, 12 € . Ecrivain(s): Joël Pommerat Edition: Actes Sud/Papiers

 

Au monde est une pièce magnifique, récemment exaltée – et comme exhaussée ; exhaussée jusque dans son mystère ; jusque dans la partie tout à la fois la plus ombreuse et la plus musicale de son mystère – par le théâtre de l’Odéon (avec Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Lionel Codino, Angelo Dello Spedale, Roland Monod, Ruth Olaizola, Marie Piemontese et David Sighicelli ; scénographie d’Éric Soyer et Marguerite Bordat ; costumes de Marguerite Bordat et Isabelle Deffin ; lumière d’Éric Soyer).

Cette pièce n’a pas pour vocation à être difficile. Elle peut – veut – toucher chacune, chacun. Mais, bien qu’elle soit d’un abord aisé, il y a plusieurs niveaux de lecture. Puisque l’intertextualité y est omniprésente. Celle-ci concerne le théâtre, majoritairement (sans surprise, dira-t-on), mais aussi le cinéma. Pour faire court, citons juste quelques noms : Maeterlinck (la « petite trilogie de la mort », et surtout, en son sein, Les Sept Princesses…), Shakespeare (surtout Le Roi Lear), Molière (L’École des femmes), Bergman (notamment Cris et chuchotements) et Lynch. Mais aussi Strindberg et Ibsen (pour l’atmosphère bourgeoise). Et Pinter (pour le ton particulier qu’ont les répliques courtes).

« Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme » : un projet d’alphabétisation, Angélica Liddell

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 26 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

« Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme » : un projet d’alphabétisation, traduit de l’espagnol par Christilla Vassirot, 2011, 63 p. 11 € . Ecrivain(s): Angélica Liddell Edition: Les solitaires intempestifs

 

 

Porque te vas ? ou le regard d’Ana

 

En 2011, Maldito sea el hombra que confia en el hombre : un projet d’alphabétisation, après le choc que représenta La casa de la fuerza, bouleversa à son tour le festival d’Avignon, spectacle de plus de trois heures, avec ses petites filles en robe dorée arpentant le théâtre du monde dans un décor d’arbres en carton et d’animaux empaillés. D’une certaine façon, Liddell revient au commencement de tout : premier volet de la trilogie chinoise et surtout chant rageur de l’enfance perdue,  bafouée, dont l’hymne ne serait autre que la très célèbre chanson du film de Carlos Saura, en version française, chanté par Jeanette, p.32, 33 :

Père et fils, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 21 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Espaces 34

Père et fils, 2013, 36 pages, 9,80 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

Naufrage

 

Père et fils est la seconde pièce éditée de David Léon après Un Batman dans sa tête. Il s’agit d’un texte court à quatre personnages de facture plus « classique » : un père, son fils, un homme et une femme militarisés. A sa lecture, nous ne pouvons pas ne pas penser au très récent naufrage près des côtes de Lampedusa qui coûta la vie à plusieurs centaines de morts, exilés venus de Libye dans l’espoir d’entrer en Europe, même si le lieu théâtral est un lieu de nulle part. En outre, la photographie d’Alain Gourhant, Méditer sur l’éphémère, de la première de couverture, introduit le motif central de la pièce : l’embarcation échouée sur une plage, celle des exilés et qui constitue les trois « paysages » de la pièce, p.9 et p.34, à l’incipit et à l’excipit et au centre de l’œuvre p.24 :

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Bruno Tackels

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 11 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Ecrivains de plateau VI, 2013, 190 p. 15 € . Ecrivain(s): Bruno Tackels Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Le terrain vague sublime »

 

Bruno Tackels revient pour la sixième fois à son travail consacré « aux écrivains de plateau », ceux pour qui le texte n’est pas le point central du théâtre, mais ce qui le parachève. Tous ont marqué l’histoire du théâtre contemporain et avec Ariane Mnouchkine et le théâtre du Soleil, il parcourt près de cinquante ans de créations d’une troupe pas comme les autres.

Nous entrons dans le livre de B. Tackels par une magnifique « porte », la première de couverture, invitation à la découverte, au retour sur des souvenirs flamboyants de théâtre. La photographie de plateau, prise lors du tournage du film, né de la pièce Les Naufragés du Fol espoir en 2013 est un « portrait » de la troupe en costumes, prise dans son mouvement et celui d’Ariane Mnouchkine, devant elle, parmi elle. Ils sont ENSEMBLE.

Suzy Storck, Magali Mougel

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 05 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Suzy Storck, 2013, 75 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Magali Mougel Edition: Espaces 34

 

« L’autre guérillère ordinaire »

 

En 2013, les Editions espaces 34 publient deux volumes consacrés à Magali Mougel : Guerillères ordinaires, poèmes dramatiques (cf. chronique du 16 avril 2013) et Suzy Storck. Ces deux œuvres se font écho et particulièrement le premier poème « Lilith, à l’estuaire du Han » et Suzy Storck. La seconde pièce constitue en effet une amplification, un aboutissement dramatique de la première inspirée d’un fait divers : Magali Mougel passe d’un monologue court à un texte inscrit dans l’héritage du tragique antique : elle convoque un chœur. Elle construit sa pièce à partir d’un prologue auquel répond un épilogue et le dialogue fait se déployer les voix des personnages qui gravitent autour de la figure de Suzy, Médée sans mythologie, Médée du peuple. Suzy comme Lilith est une mère infanticide sans doute malgré elle : elle a commis « une faute d’étourderie » en oubliant son troisième enfant, nourrisson, en plein soleil dans sa poussette.