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Roman

Rue Darwin, Boualem Sansal

Ecrit par Nadia Agsous , le Vendredi, 16 Décembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Maghreb, Gallimard

Rue Darwin, coll. Blanche, août 2011, 255 p., 17,50 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard


La quête des origines


« Va retourne à la rue Darwin ». C’est par cette phrase qui exprime à la fois une recommandation et le mystère que l’écrivain algérien d’expression française, Boualem Sansal, nous invite à nous immerger dans le corps de son dernier roman, Rue Darwin.

Narrée dans un style simple au sens pourtant profond, l’histoire de Yazid, dit Yaz, le personnage principal, nous entraîne, par le truchement d’une écriture intimiste, au cœur de son pèlerinage à rue Darwin. Ce lieu-mémoire où il passe « une semaine sainte ». Son objectif ? Percer le secret de sa naissance. Et tordre le coup à ce sentiment d’illégitimité et de honte qui ne cesse d’étreindre son cœur par la faute de ce mystère qui plane sur sa filiation.

Et lors de son voyage initiatique, Yaz revient sur les traces de son enfance et de son adolescence. Réveille les douleurs archaïques. Fait face à ses démons. Brise le silence. Et nous propulse dans le monde de sa défunte grand-mère, Lala Sadia dite Djéda, riche propriétaire et femme puissante.

Zoli, Colum McCann

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 29 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, 10/18

Zoli – Irlande 2006 - Traduit de l'anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: 10/18


1930 - Zoli Novotna avait six ans, mais elle n’était heureusement pas là quand sa famille se retrouve bloquée sur les glaces par la Hlinka, qui allume ensuite des feux sur la berge. Elle n’était heureusement pas là quand sa mère, son frère, ses deux sœurs et toute la famille, roulottes, chevaux, quand tout part englouti sous les eaux.


« Lorsqu'il a commencé à faire moins froid dans l'après-midi, les roulottes, bien obligé, se sont déplacées vers le milieu du lac. Mais la glace a fini par craquer, les roues se sont enfoncées et tout a coulé en même temps, les harpes et les chevaux »


La Hlinka c’est la haine. La milice fasciste de Slovaquie. La petite Zoli et son grand-père fuient sur les routes, fuient la Hlinka, fuient la haine et la mort, avec pour leitmotiv cette phrase qui reviendra tout au long du livre et qui pourrait finalement presque tout résumer :

Le deuxième avion, 11 septembre 2001-2007, Martin Amis

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 27 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Gallimard

Le deuxième avion, 11 septembre : 2001-2007 (The second Plane, 2008, 272 p. 21 € Trad. de l’anglais par Bernard Hoepffner . Ecrivain(s): Martin Amis Edition: Gallimard

Martin Amis est une grande gueule qui ose écrire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, avec un certain goût pour la provocation. Mais aussi une profonde lucidité et un sens de la formule qui fait mouche.

En plus d’être l’un des tous meilleurs romanciers contemporains, auteur de quelques œuvres majeures comme London Fields, La Flèche du temps, La maison des rencontres ou L’information, Martin Amis est un essayiste brillant et pertinent. On se souvient de sa biographie de Staline, Koba la terreur, ou de son recueil Guerre au cliché.

Avec Le deuxième avion, il se penche sur les attentats du 11 septembre et ses conséquences. Le livre est composé de douze essais et critiques de livres et de deux nouvelles, rédigés entre 2001 et 2007.

« Il fallait que le 11 septembre advienne, je ne suis absolument pas désolé qu’il soit advenu de mon vivant. Ce jour-là et ce qui en a découlé : un récit de malheur et de souffrance, mais aussi de fascination désespérée. »

Le pont international, Silvia Baron Supervielle

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 23 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Le pont international, 176 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Silvia Baron Supervielle Edition: Gallimard


Quelque chose échappe. Comme dans l'œuvre poétique de Silvia Baron Supervielle un infime déplacement ouvre des horizons, champs insoupçonnés de l'improbable, glissant de perspective en perspective. Ainsi Amalia : "Dans la chaleur du sable, elle ne bouge pas, comme entraînée intérieurement vers le ciel". (p.27)

Un vieux monsieur, Antonio Haedo, a des souvenirs qui lui viennent de l'âme plus que de la tête et du cœur. Assis dans un fauteuil devant la fenêtre, il marche dans son souvenir. A sa mémoire personnelle fait écho une mémoire imaginative, celle des livres dont il arrange et poursuit différemment la vie des personnages : "Antonio a également l'impression d'avoir été imaginé par son cousin -écrivain-, comme il soupçonne son cousin d'incarner le héros d'un livre". (p.29).

Le point de départ est Fray Bentos, petit village entre deux pays, l'Uruguay et l'Argentine, reliés par ce pont international qui donne son titre au livre : "(…) une nuit elle franchira le pont pour oublier enfin". (p.57) Les personnages s'enchantent de l'autre côté. Rien n'y est pareil, une autre vie peut commencer.

La Soeur, Sándor Márai

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 19 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Albin Michel

La sœur (A Nover), traduit du hongrois par Catherine Fay, 310 p. 20 € (1946) . Ecrivain(s): Sandor Marai Edition: Albin Michel


La sœur est un modèle de construction, un Psychose avant l’heure en termes de mécanique. Où le héros n’est pas forcément celui que l’on croit. Tout du moins, celui que l’on suit pendant toute la première partie du livre disparaît tout à coup. Il laisse la place à l’un des personnages secondaires et un nouveau livre commence. Comme si La sœur était composé de deux livres en un seul, deux longues nouvelles qui se chevauchent et qui se répondent. Ou plutôt où la deuxième mange littéralement la première.

C’est le quatrième Noël de la seconde guerre mondiale et le narrateur, un écrivain, est parti passer quelques jours dans une auberge, située au sommet d’une montagne de Transylvanie. Bientôt, le temps se détraque, il se « calque sur la guerre ». Tous les occupants de l’auberge se retrouvent acculés dans l’auberge, pris au piège, comme mis « en quarantaine ». Car le lieu n’est plus franchement hospitalier. Il est humide et il sent le graillon. Pour ne rien arranger, le narrateur se retrouve en compagnie de gens avec lesquels il n’a pas envie d’échanger plus de trois mots. Sauf un : Z. Grand musicien, il est devenu « l’ombre de l’être triomphant et légendaire » qu’il a été.