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Roman

Sukkwan Island, David Vann

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 04 Août 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, USA, Gallmeister

Sukkwan Island (Gallmeister, 192 p. 21,70 €) . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister


Un père décide d’emmener son fils de 13 ans vivre dans la nature pendant un an. Il a acheté une cabane isolée dans une île sauvage au sud de l’Alaska, dans un paysage de mer et de montagnes. L’endroit est seulement accessible par bateau ou par hydravion. Le plus proche voisin se trouve à trente kilomètres.

Un père et son fils au milieu de la nature. Le pitch de Sukkwan Island, le premier roman de David Vann, présente quelques familiarités avec La Route de Cormac Mc Carthy.

(Une parenthèse sur La Route, le plus grand succès populaire et critique – il a obtenu le Prix Pulitzer – de son auteur. Certains ont parlé d’épure, mais comparé à ce que Cormac McCarthy a pu écrire par le passé – Suttree, Méridien de sang ou La Trilogie des confins – il conviendrait plutôt de pointer une certaine paresse. Cormac McCarthy a désossé son style, comme s’il n’avait livré qu’un scénario ou le squelette du roman qu’il voulait publier. Comme s’il était trop vieux et n’avait plus la force de se faire violence. Est-ce pour cette raison qu’il a décidé de vendre la machine à écrire sur laquelle il a signé tant de chef d’œuvres ?).

Suites impériales, Bret Easton Ellis

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 03 Août 2011. , dans Roman, Les Livres, Critiques, USA, Robert Laffont, Pavillons (Poche)

Suite(s) Impériale(s) Robert Laffont – pavillons, 2010, 228 pages, 19 €) . Ecrivain(s): Bret Easton Ellis Edition: Pavillons (Poche)

Résumé des épisodes précédents. Il y a 25 ans, Bret Easton Ellis publie son premier roman, Moins que zéro. Le livre est encensé par la critique, Bret Easton Ellis est estampillé culte, porte-parole d’une génération qui ne croit plus en rien.
Ouvrage après ouvrage, il confirme. Les lois de l’attraction, American Psycho, Glamorama, Lunar Park : chacun des livres devient un événement éditorial. Bret Easton Ellis est l’un des plus grands écrivains contemporains. Ses ventes atteignent des chiffres vertigineux.
Avant de lire son dernier ouvrage, Suite(s) impériale(s), il est quand même conseillé de se replonger dans le premier, dont il est la suite directe. 25 ans plus tard, Bret Easton Ellis retrouve son héros, Clay, toujours incapable d’aimer et qui regarde le monde avec une distanciation cynique, comme s’il n’y appartenait pas vraiment.
Le livre débute par une brillante mise en abyme. Clay est devenu scénariste. Il aurait aimé être écrivain, mais la place a déjà été prise par l’une de ses connaissances qui a écrit un livre qui racontait sa vie et celle de ses proches. Le livre : Moins que zéro. L’auteur a révélé des secrets. Clay pense qu’il s’est fait voler le livre qu’il aurait pu écrire, même si, au fond de lui, il sait qu’il n’a ni le talent, ni la motivation pour ça.

Le nain géant, Marc Petit

Ecrit par Guy Donikian , le Samedi, 30 Juillet 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Le nain géant, l’arbre vengeur, mai 2011, 408 pages 21 euros. . Ecrivain(s): Marc Petit

 

Il faut remercier les éditions de L'arbre vengeur pour la réédition du Nain Géant de Marc Petit.

Voilà bien un bon livre, un qui nous rassure et qui donne envie d’aller plus loin encore. Un roman populaire, pour sûr, mais un roman bien écrit, avec une érudition à peine voilée, présente donc, mais jamais ennuyeuse.

L’histoire, tout d’abord, parce qu’il y a une histoire. Nous sommes dans la seconde moitié du 19 ième siècle, à Paris, Albéric Lenoir a une petite fabrique de jouets mécaniques et il nomme sa boutique «  Au Nain Géant », oxymore qui interroge. Mais l’inventeur du «  Nain Géant » décède et ne lègue à l’un de ses deux fils, Benjamin, que ce fameux objet. Et c’est la recherche de cet objet qui nous conduit du fantastique au merveilleux, tout en ne se défaisant pas de l’humour.

La quête du Nain Géant peut d’abord se lire comme un roman, la trame ne laissant jamais le lecteur en panne d’émotions et de questions, et la question centrale posée au lecteur est l’existence même du Nain Géant.

Zombi, Joyce Carol Oates

Ecrit par Paul Martell , le Samedi, 09 Juillet 2011. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Stock

Zombi. Stock La Cosmopolite – 216 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Joyce Carol Oates Edition: Stock

Dans la tête d’un monstre. Dans la tête d’un serial killer. Dans Zombi (déjà sorti en 1997 en France et réédité cette année) il ne s’agit pas de l’un de ces tueurs « cools », à la Patrick Bateman d’American Psycho, ou diablement retors, suprêmement intelligent, comme le cannibale Hannibal Lecter du Silence des agneaux. C’est dans la tête d’un malade mental, au véritable sens du terme, que l’on est invité. Et d’un pauvre gars, il faut bien le dire.

Pour écrire Zombi, plongée à la première personne dans quelques mois de la vie d’un serial killer, Joyce Carol Oates s’est inspiré du cas Jeffrey Dahmer, prénommé ici Quentin, ou Q… P… (Pour prolonger la lecture, ou la préparer, on pourra se reporter au chapitre que consacre Stéphane Bourgoin à Jeffrey Dahmer dans son très réussi Livre Noir des serials killers, paru chez Points).

Quelque temps plus tôt, Quentin a été accusé d’agression sexuelle sur un mineur. Une agression à laquelle ne veulent pas croire ses parents, mais aussi sa grand-mère qui le prend pour le plus parfait des petits-fils.

Mais ils se font berner. Si Quentin s’est fait pincer pour agression sexuelle, le lecteur soupçonne qu’il a commis bien plus grave, mais surtout qu’il envisage de faire bien plus grave. Car une idée lui est venue.

Vie et mort de Ludovico Lauter, Alessandro de Roma

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 26 Juin 2011. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Gallimard

Vie et mort de Ludovico Lauter, traduit de l'italien par Pascal Leclercq, 374 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alessandro de Roma Edition: Gallimard

« Il est tout à fait exact qu’il faut juger les films d’après leur fin ».

Cette phrase tirée du livre pourrait parfaitement s’appliquer à Vie et mort de Ludovico Lauter, d’Alessandro De Roma.

Il y a certains livres qu’on a envie d’abandonner avant la fin. Mais on s’accroche quand même, sans d’ailleurs bien savoir pourquoi. On continue on se disant qu’il finira bien par se passer quelque chose. Mais en attendant, on se demande ; Qu’est-ce que cherche à dire l’auteur ? Où veut-il en venir ? Et va-t-on arriver à quelque chose ou perd-on son temps ?

Dans sa première partie, Vie et mort de Ludovico Lauter est un livre plaisant, agréable à lire, mais qui manque singulièrement d’éclat. Cette histoire d’écrivain reclus du monde n’a rien de franchement époustouflant. Par certains côtés, elle peut même paraître relativement éculée. Et cette première partie dure quand même la bagatelle de 290 pages…

Alessandro De Roma aurait pu généreusement tailler dans le gras au moins. 100 pages de moins n’auraient pas fait de mal.

Il reste alors 90 pages… et quelles pages ! Quelles pages ! Elles vont obliger à repenser tout ce qu’on vient de lire. D’un coup, elles élèvent le livre, l’emmènent vers des sommets insoupçonnés.