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Roman

Une vie comme les autres, Hanya Yanagihara

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Buchet-Chastel

Une vie comme les autres, janvier 2018, trad. anglais (USA) Emmanuelle Ertel, 816 pages, 24 € . Ecrivain(s): Hanya Yanagihara Edition: Buchet-Chastel

 

Publié en 2015 aux États-Unis, Une vie comme les autres (A little life) a déjà conquis plus d’un million de lecteurs de par le monde. Best-seller traduit dans une vingtaine de pays, ce livre s’inscrit dans une longue tradition littéraire américaine d’épopée romanesque. On y suit sur plus de trois décennies les parcours personnels et professionnels d’un quatuor d’hommes unis depuis les bancs de la faculté par une profonde amitié.

Point commun : ils sont tous talentueux et finiront par exceller dans leurs métiers respectifs. JB, le jeune haïtien homosexuel ambitieux, couvé par une mère et des tantes convaincues de son génie, gagnera la notoriété en tant que peintre. Malcom, le métis discret élevé dans un milieu aisé et progressiste, mènera une brillante carrière d’architecte. Le beau et timide Willem, d’origine scandinave, fils d’ouvriers agricoles du Wyoming, percera en tant qu’acteur, et enfin Jude, l’homme à la personnalité secrète et magnétique, deviendra un avocat d’affaires célèbre et redouté.

Lieu de vie commun : un New-York très centré sur les quartiers sud de Manhattan et de Soho en particulier.

Quatre lettres d’amour, Niall Williams

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 06 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Héloïse D'Ormesson

Quatre lettres d’amour, janvier 2018, trad. anglais (Irlande) Josée Kamoun, 395 pages, 20 € . Ecrivain(s): Niall Williams Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Dans ce roman, qui fut le premier pour l’auteur de théâtre Niall Williams, l’écriture est remarquable, un très beau travail de création littéraire, très inventif, très poétique, les mots sont comme une pâte à pétrir chaude sous la plume de l’auteur et la traduction le rend sans doute admirablement bien, mais aurait-on perdu quelque chose dans ce passage entre les deux langues ? Car il y a tellement d’évanescence dans ce roman malgré une intense dramaturgie, comme un paysage de brumes permanentes qui entourerait les personnages et leur vie. Cela aurait-il à voir avec une particularité du climat irlandais ou bien l’auteur nous aurait-il à notre insu fait pénétrer dans une sorte de grand tableau mouvant et évoluant ? C’est difficile à expliquer en tout cas. Le lecteur lit, imagine, mais il y a comme une distance avec le ressenti. Il y a une profusion de détails pourtant, la mécanique des personnages est précise, il y a oui quelque chose de l’horlogerie, la grande horlogerie divine, et d’ailleurs le questionnement sur la place du hasard ou de Dieu dans la destinée des uns et des autres est au centre de la narration qui prend ainsi une évidente dimension métaphysique.

Pour saluer la parution de Jack London dans la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 02 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, La Une Livres, USA, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Jack London, Romans, récits et nouvelles . Ecrivain(s): Jack London Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

Jean-Marie Rouart, dans un texte intitulé « Je demandais aux livres : “Comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ?” » (paru dans la revue Commentaire en 2015), écrit ceci :

« Je n’imaginais pas que j’éprouverais autant d’émotions en remettant mes pas dans des coups de foudre parfois anciens. Soudain je retrouvai intacte mon ancienne ferveur en relisant […] le début du Peuple de l’abîme de Jack London ».

 

Reprenons ce début, tel qu’il est traduit par Véronique Béghain, dans le volume de la Pléiade :

Loups solitaires, Serge Quadruppani

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 31 Janvier 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Métailié

Loups solitaires, octobre 2017, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Serge Quadruppani Edition: Métailié

 

Des régions désertiques du nord du Mali au Limousin, en passant par l’Italie, Serge Quadruppani nous invite dans un polar d’une brûlante actualité et sans doute pas si rocambolesque qu’il n’y paraît. L’auteur prend plaisir cependant à appuyer sur le grand guignolesque de la brutalité des comportements humains, qui font ressortir la sagesse de quelques personnages plus simples, plus droits, plus proches de la nature et des animaux : chat, poules, choucas, ânes, blaireaux, abeilles… qui eux aussi savent faire preuve d’une certaine noblesse.

Ce polar est à la fois cruel et drôle, cruel comme le sont les hommes et drôle comme ils peuvent l’être quand il n’y a plus de limite au ridicule de leur arrogance. Il y a une vraie morale qui sous-tend ce polar, entre farce et fable. L’humour avec lequel l’auteur s’empare du sujet ne rend pas moins efficace la critique sous-jacente et soulève des questionnements concernant les nouvelles technologies mises au service de soi-disant guerres menées contre le terrorisme et l’opacité des agissements de différents services à la solde de pouvoirs, mais aussi concernant notre rapport à la nature et notamment à la destruction méthodique d’animaux qualifiés de nuisibles. Et question méthode, des animaux à l’homme, le pas a déjà été franchi.

L’Aventuriste, J. Bradford Hipps

, le Mardi, 30 Janvier 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond

L’Aventuriste, janvier 2018, trad. Jérôme Schmidt, 352 pages, 21 € . Ecrivain(s): J. Bradford Hipps Edition: Belfond

 

Sans doute jugé très peu sexy, le monde de l’entreprise a longtemps été boudé par la littérature contemporaine. On se souvient de Michel Houellebecq qui, en 1984 avec son Extension du domaine de la lutte, fut largement salué pour avoir héroïsé le salarié moyen et jeté un œil acerbe sur son identité sociale. Bien sûr, il n’est pas le seul à s’être distingué en disséquant milieux et relations professionnels, mais c’est alors bien souvent pour faire ressortir des personnages déviant de la norme sociale. Pensons seulement au fameux American Psycho de Bret Easton Ellis ou encore au Démon d’Hubert Selby.

Sauf qu’avec J. Bradford Hipps, on est vraiment très loin des marginaux, des psychopathes et des dépressifs impénitents. Ses personnages n’ont d’ailleurs rien de bien extraordinaire : ce sont des êtres humains mus par leurs désirs et ambitions, leurs valeurs et fêlures personnelles, lesquels ne nous sont pas si étrangers.