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Recensions

Il faut tuer Wolfgang Müller, Thierry Poyet (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 24 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Ramsay

Il faut tuer Wolfgang Müller, Thierry Poyet, mars 2022, 286 pages, 19 € Edition: Ramsay

 

Pourquoi ?

Oui, pourquoi faudrait-il tuer Wolfgang Müller ?

Wolfgang Müller, au moment où il entre en scène en ce roman, est, nonagénaire ayant toute sa tête, l’un des pensionnaires les plus âgés d’un EHPAD du Berry qui porte l’enseigne « Les Jours Tranquilles ». Mais cette tranquillité vient à être dérangée par les visites de plus en plus inquisitrices de Julienne Bancel, jeune journaliste ayant pour dessein de rédiger une série d’articles sur le parcours a priori original de cet ancien militaire allemand qui, après la capitulation du Troisième Reich et après avoir été, en tant que prisonnier de guerre, ouvrier agricole forcé dans des fermes du Cantal, a fait le choix, une fois libéré, de rester en France, d’abord comme ouvrier chez Michelin, puis comme professeur d’allemand jusqu’à sa mise à la retraite en 1983.

« Il avait toujours été un grand lecteur, et s’il préférait les biographies, les récits historiques retenaient son attention […] a fortiori les romans consacrés à la seconde guerre, qui faisaient la part belle aux grandes figures du régime nazi ».

Le Serpent majuscule, Pierre Lemaitre (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 20 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Le Serpent majuscule, 305 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): Pierre Lemaitre Edition: Le Livre de Poche

 

Comme il l’écrit dans son avant-propos, c’est un livre jamais confié à un éditeur, datant de 1985, que Pierre Lemaitre offre ici à ses lecteurs. Pressé par ces derniers de faire paraître un nouveau roman noir alors qu’il en est sorti, il a retrouvé celui-ci qui présente déjà la plupart des thèmes développés par la suite dans ses livres mais à une époque sans téléphone portables, ni GPS, ni ADN, fichiers centralisés. Ce livre est une rareté, prenez-en soin, dégustez-le.

Mathilde, soixante trois ans, 78 kg sur la balance, file sur l’autoroute de Normandie, où elle a passé le week-end chez sa fille, en direction de Paris. Elle s’énerve des encombrements et de la difficulté à digérer les poireaux vinaigrette. Sur la banquette arrière, Ludo, son chien, un dalmatien, est plutôt calme ; pourtant, il n’est pas toujours en confiance avec sa maîtresse à cause de ses brusques sautes d’humeur.

L’enfant jaguar, Anne Sibran (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 17 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

L’enfant jaguar, Anne Sibran, mars 2022, Illust. Benjamin Bachelier, 48 pages, 17,90 € Edition: Gallimard Jeunesse

 

Le génie du lieu

Anne Sibran a étudié l’ethnologie, la philosophie, et a appris le quechua à l’INALCO. Elle adapte dans ce livre-jeunesse de 48 pages, de 23x29 cm, L’enfant jaguar, l’histoire vraie d’un « vieux Sacha Runa d’Équateur ». Sur l’éclatante jaquette de couverture, un très jeune garçon émerge d’une frondaison touffue sous un croissant de lune, qui se tient prêt à nous embarquer dans sa quête. Benjamin Bachelier, diplômé des Beaux-arts d’Angoulême, accompagne le beau texte d’Anne Sibran par ses illustrations riches et de nature picturale.

La couleur, aquarellée dans un style sensible, produit souplesse et dynamisme. La fluidité des effets de fondus, des dégradés, ou des variations plus obscures, révèle et fait vibrer les teintes pétulantes. La technique mouillée des taches et des aplats rend idéalement l’atmosphère de la forêt amazonienne. Rien n’est vraiment totalement noir dans cet univers exotique et sylvestre, même la nuit est habitée. Des résurgences totémiques, des formes étranges animent de jour comme de nuit ce lieu secret.

Correspondance (1901-1922), Marcel Proust, Anna de Noailles (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 15 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Correspondance, Rivages poche

Correspondance (1901-1922), Marcel Proust, Anna de Noailles, 352 pages, 9,50 € Edition: Rivages poche

 

Le mondain et l’aristocrate : deux grandes figures de La Belle Epoque. C’est l’époque où l’on écrit des lettres à tout rompre, pour un repas réussi, pour un livre reçu, pour une soirée en ville. Les occasions ne manquent pas. Les deux auteurs – gloires littéraires – se sont écrit des centaines de lettres.

Proust a écrit à propos de Les Eblouissements ; la comtesse, Un souvenir de Marcel Proust. Si le génie des deux est aisément reconnu, la plume de ces deux-là a permis alors de reconnaître les mérites littéraires de ces deux figures. L’un et l’autre sont partis à un âge encore jeune, ils ont laissé d’eux, et la correspondance le prouve, une œuvre.

L’intérêt de cette correspondance est de percer les mystères des « correspondances », des affinités entre ces deux-là, de leur amitié aussi. Ils s’évoquent mutuellement et l’on peut suivre ainsi la réception de leur œuvre au fil de missives qui s’inscrivent dans la genèse de l’œuvre romanesque de l’un et poétique de l’autre. On plonge dans l’époque hautement mondaine. On est reçu chez les Guiche. On parle des voyages. On commente l’actualité littéraire. On dîne au Ritz, dans un salon privé.

Pierre Lapin, Beatrix Potter (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Pierre Lapin, Beatrix Potter, mars 2022, 25 pages, 10,90 € Edition: Gallimard Jeunesse

Un lapin rebelle

Pierre Lapin (Peter Rabbit, 1902), un grand classique inaugurant un cycle de récits de la littérature jeunesse, est réédité par Gallimard Jeunesse dans ce superbe album anniversaire, pour ses 120 ans d’existence, au format 285x232 mm, doté de 32 pages et de gardes in-texte. Beatrix Potter (1866-1943), l’écrivaine britannique, était également naturaliste et dessinatrice. Elle a subi néanmoins l’ostracisme de la communauté scientifique de l’époque qui interdisait aux femmes de se présenter aux colloques. Elle a légué plus de 450 dessins naturalistes à l’Armitt Museum Gallery d’Ambleside.

Les lapineaux représentés par Beatrix Potter portent des prénoms délicieusement charmants : Flopsaut, Trotsaut, Queue-de-Coton, Pierre, et vivent en compagnie de leur mère à l’orée d’un grand bois. Mère lapin met en garde ses quatre lapereaux contre les risques de s’aventurer trop loin hors du terrier et de ses alentours. Une imprudence qui a coûté la vie à leur père lapin, mangé par l’horrible Monsieur MacGregor ! Les sœurs de Pierre sont vêtues de pélerines à boutons de cuivre ou dorés, portant chacune, comme Le Petit Chaperon rouge, des paniers d’osier. Pierre, lui, porte une veste courte à boutons dorés. Or, ce garçon s’avère être un petit lapin désobéissant et rebelle ! Les légumes du potager du vieux jardinier grincheux sont délicieux et Pierre outrepasse les recommandations de sa mère…