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Recensions

Les Deux Géants, Régis Lejonc, Martin Jarrie (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 19 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse

Les Deux Géants, Régis Lejonc, Martin Jarrie, éditions HongFei, octobre 2021, 44 pages, 18,90 €

 

 

Dans le Cosmos

Ce bel album de format conséquent, 25 cm x 34 cm, relié et intitulé Les Deux Géants, a été réalisé par Régis Lejonc (né en 1967, auteur, récompensé du Prix Sorcières en 2018 et 2020) et Martin Jarrie (né en 1953, illustrateur reconnu internationalement, ayant reçu en 2013 la « Mention » Prix Fiction). Deux étranges figures animées traversent le ciel de jour et de nuit, en un cycle complet, les pieds en bas, les pieds en haut, aux antipodes, la tête dans la stratosphère, sans jamais se rencontrer et sans interruption. Et l’univers en est parfois tout bouleversé ! Le texte a été écrit par Régis Lejonc il y 20 ans, à la manière d’une comptine, d’un poème en prose composé de phrases très courtes. La mise en page soignée, esthétique, confère au conte féérique une grande autonomie.

Le Val sans Retour, Éric Costan (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 18 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Editions Douro

Le Val sans Retour, Éric Costan, Éditions Douro, mars 2021, 139 pages, 16 €

 

 

La poésie d’Éric Costan, dans ce recueil merveilleusement accompagné de dessins d’Armelle Le Golvan, nous immerge dans un univers mystérieux composé de tout ce qui ne tombe pas sous le sens. Les métaphores sont percutantes et inattendues, très visuelles ; elles plantent, dans l’esprit du lecteur, une scène, un décor déconcertants, installant petit à petit une atmosphère brumeuse et végétale, un monde de silence, de fantômes et de feux-follets.

Les mots sont forts, oppressants quelquefois : « Imagine un matin / le cœur enserré dans un poing / la rivière nous a quittés / Avec les enfants trop grands / l’amour s’est envolé / définitivement ».

Les éléments naturels et une réalité presque douloureuse s’impriment au cœur-même des organes :

Volvere, Alban Kacher (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 17 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Volvere, Alban Kacher, éditions de La Crypte, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

« La joie océane » des voyages

Alban Kacher, jeune poète de la Crypte, né en 1998, propose son premier livre, Volvere, sorti en ce juin 2021.

Le grand air des voyages nous vaut des versets au lyrisme âpre : « Je n’ai pas faim vraiment

ni soif juste

le torse qui se creuse

rêve de tempête dans la gorge »

Près du corps et de ce qui peut s’y échouer (langue), le poète décrit « des muscles qui saillent », la sueur de « ma vie de nomade ».

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama (par Fulvio Caccia)

, le Lundi, 15 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Roman

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama, Éditions Baudelaire, avril 2021, 152 pages, 12 €

 

Les chants d’Éros : le retour du lyrisme épique

D’entrée de jeu, la page-titre annonce la couleur : c’est un poème dont il s’agit mais pas n’importe lequel, un « roman poème ». Qu’est-ce à dire ? Laissons Claude-Raphaël Samama, auteur pluridisciplinaire dont c’est la 13e œuvre littéraire s’expliquer sur ses intentions : « On trouvera dans Les chants d’Éros ces ingrédients (personnages, progression, narration…) sauf qu’au roman supposé se mêle le parti pris d’une autre écriture, un autre rythme, une “poétisation” – un enchantement – qui voudrait introduire la dimension d’une autre langue. Celle des fous, des mages et des dieux, où, de plus, en majesté, l’antique Éros, universel et sibyllin, revisiterait les jours ». Cette préface résonne comme un manifeste. Et un sacré défi. Car si on lit bien entre les lignes, l’auteur sonne l’heure de la revanche pour la poésie sur le roman dans l’espace littéraire.

Un monstre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 12 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un monstre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem, Gallimard, Coll. Continents Noirs, mars 2020, 197 pages, 19 € Edition: Gallimard

 

Une phrase revient comme un leitmotiv dans le roman de Gaëlle Bélem : « C’est comme ça, un point c’est tout ». C’est la toute dernière du récit, répétée par la narratrice comme par les autres personnages du roman. Cette phrase énonce un fatum têtu qui tient tout un clan, assurément le clan le plus maudit de l’île de La Réunion : Les Dessaintes. Pourtant ce n’est pas la concurrence au destin le plus funeste qui manque dans une île aux mélanges sociaux et raciaux souterrainement volcaniques, de toute évidence.

« Tout cela se passait à Sainte-Marie puis Bras-Panon, tout près de Millemogom qu’on appelle parfois Paniandy. Mais, ç’aurait pu être n’importe où ailleurs, dans les Hauts de Libéria ou à Dioré, du côté de Saint-Leu et même Villèle. Le lieu n’avait guère d’importance ; les personnes non plus ; sur cette île, à l’époque, les Noirs, les petits Blancs dits Yab, les Malbars dont les ancêtres venaient entre autres de Calcutta, tous souffraient pareillement de toute façon ».