Doublement fêté par le Prix Max-Jacob et le Prix Verlaine de l’Académie française, Hospitalité des gouffres, préfacé par Jean-Yves Masson, est un grand livre. L’oxymore du titre dit assez la conscience poétique de son auteur, près d’affronter les affres de l’enfance comme les promesses « à la cendre ».
Si les ténèbres « rôdent », il y a foi en la force même du vers « qui persiste dans le crâne », telle une lumière. Il faut porter des fardeaux, et « les temps sont courts » ; il faut user de légèreté pour saisir « une main qui soulève la tempête du salut ». Atteindre « l’arbre de vie » : tel est le vœu de ce livre fortement architecturé. Entre désir, constat, souhait et espérance.
Le « gouffre » était là, loin dans le temps, au temps des femmes de l’enfance. « Un enfant de ferme désormais seul » pleure ses « terres jurassiennes ». Un poète rameute le meilleur, quitte à énoncer ces blessures sans repos, sans répit.
Nous voilà lecteur hôte des gouffres !