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Poésie

Encres lacérées, Muriel Augry (poèmes), Philippe Bouret (encres) (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Encres lacérées, Muriel Augry (poèmes), Philippe Bouret (encres), éditions CronEdit, 2020, trad. roumain, Valeriu Stancu, préface Emmanuel Pierrat, 62 pages, 12 €


La démarche diffère de celle poursuivie dans la plupart des créations littéraires du psychanalyste-auteur Philippe Bouret, à savoir qu’il s’agit avec Encres lacérées d’un accompagnement graphique de textes écrits postérieurement.

Muriel Augry – poétesse, essayiste et nouvelliste, distinguée en 1990 pour son essai Le cosmopolitisme dans les textes courts de Stendhal et Mérimée (éd. Slatkine) par le Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française – a en effet, ici, écrit des poèmes à partir des Encres de Ph. Bouret.

La particularité de ce recueil consiste également dans une présentation bilingue des textes (français-roumain) – opus par ailleurs publié par des éditions sises à Iaşi en Roumanie où Muriel Augry dirige depuis 2019 l’Institut français de Roumanie.

Lettres aux jeunes poétesses, Ouvrage collectif, préface Aurélie Olivier (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 07 Septembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, L'Arche éditeur

Lettres aux jeunes poétesses, Ouvrage collectif, préface Aurélie Olivier, août 2021, 144 pages, 15 € Edition: L'Arche éditeur

 

Le titre de l’ouvrage en annonce bien le contenu : la démarche initiale est de vouloir faire écrire à des poétesses ce qu’elles auraient voulu recevoir comme conseils pour se préparer à l’aventure de l’écriture.

Tout y passe, les auteures pressenties s’y donnant à cœur joie en même temps que, souvent, à juste titre, « L’écrivain mâle sera questionné sur la conception de son ouvrage, l’élaboration de sa structure. Toi on te demandera si la sortie de ton livre t’a fâchée avec ta famille ».

L’intention de Claire Stavaux, l’éditrice, est de donner la parole. L’intention est louable et fonctionne parfois avec une dose d’humour : « C’est un milieu un peu hostile mais il y a de la sororité. C’est pas non plus franchement gagné/…/ Ne regrette rien et viens sans peur, tu marches déjà sur des braises, bientôt viendra le batême du feu. Allez bisou ».

Jésus kill Juliette Éloïse, Jacques Cauda (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 31 Août 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Jésus kill Juliette Éloïse, éditions Douro, Coll. La Diagonale de l’écrivain, juillet 2021, 84 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jacques Cauda


Que le lecteur ne s’y méprenne pas, Cauda n’aurait pas commis (au regard de la convenance, ici langagière) une « faute » de plus sur son tableau de peintrécrivain, en se rendant coupable d’une faute de conjugaison dans le titre de son nouvel opus là où la langue anglaise nous oblige à mettre un -s final au verbe conjugué à la troisième personne du singulier. Mieux que cela, voire savoureux, exquis : c’est bien délibérément que Cauda s’est empressé de plonger sa main dans l’exécution de cette faute, avec une élégance d’esprit espiègle et une préméditation digne des grands maîtres. L’absence du -s final dans le verbe du titre, en effet, s’exprime par son absence pour moult raisons aussi perspicaces que malicieuses : d’abord la volonté de l’auteur de jouer avec le verbe anglais kil qui en argot désigne le litre (un kil de rouge puisque l’opus est le journal d’un alcoolique) ; puis la volonté que l’on entende par homophonie Jésus crier (Jésus kill/Jésus crie) ; enfin Cauda souhaitait qu’il y ait une faute (en anglais) puisque Juliette est « prof d’anglais ».

Rien n’est perdu Tout est perdu, Philippe Leuckx (par Eric Allard)

, le Lundi, 30 Août 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Rien n’est perdu Tout est perdu, éditions Les Lieux-Dits, Coll. Cahiers du Loup bleu, juillet 2021, 36 pages, 7 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx

 

Ce recueil de Philippe Leuckx s’inscrit sous le signe du retour (« Chaque jour je reviens vigile / border l’enfant perdu » (…) « Neige revenue poudrer / le ciel de marbre »). « Un air de printemps » imprègne ses pages même s’il charrie de récentes et durables blessures.

En coulant les anciennes fatigues dans le renouveau printanier, sans évacuer la mélancolie qui garde trace des affects, dans cette confiance accordée à la nature et aux éléments, le poète fait le pari de la vie sans cesse recommencée.

Poésie ultrasensible que celle de Leuckx qui ne verse jamais dans l’impudeur des sentiments et des douleurs. Pas de détails expressément narratifs, d’exposition de soi sans le filtre du verbe : le poète y met les formes, il s’agit d’habiller les affects pour les déposer sur la page, dans ce souci de partage avec le lecteur qu’est pour lui l’écriture. Le domaine de l’intime est précieux, il réclame des trésors de soin.

Route(s), Poème, Christian Viguié (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 26 Août 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Route(s), Poème, Christian Viguié, Marsa Publications, Revue A, Coll. Poésie sur tous les fronts, mars 2021, Ill. Olivier Orus, 54 pages, 15 €

 

« La route mange la route

La route se mange toute seule »

 

Il n’y a pas de route naturelle : un passage s’institue s’il est d’abord forcé pour être établi puis entretenu. La route est comme un effort qui se fraye une destination, une violence facilitatrice d’autres activités (rejoindre un lieu peu accessible, sécuriser une distance, briser une enclave…). Il n’y a pas non plus de route suffisante : elle est un moyen de se diriger ailleurs, non à elle seule une raison d’y aller (la bonne route n’est que la route du bon ou d’un bien ; le succès d’une route n’est pas le sien). Il n’y a enfin pas de route instantanée : même des yeux, il faut la parcourir. Elle n’avance qu’en faisant tourner le dos au parcouru. Et comme il n’y a pas de route spontanée, il n’y a pas de spontanéité tenant durablement la route : « Le vrai travail est de passer », dit le poète, p.41.