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Poésie

Vous êtes ici, Renaud Ego (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 11 Avril 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Vous êtes ici, Renaud Ego, éditions Le Castor Astral, 2021, 176 pages, 14 €

 

Englobement

Il est difficile pour le lecteur que je suis de résumer mes diverses impressions, tant les 15 poèmes de cet ouvrage nous donnent à découvrir 6 années de travail toujours animées du même entrain. Une poésie dynamique. Ce qui veut dire ici que, le procédé poétique restant le même, la ligature autour de laquelle tournent ces poèmes se déforme et se dilate dans la lecture. Est-ce la fleur manquante faisant le bouquet ? Sans doute, si l’on espère dans le rassemblement de la lecture, de l’inquiétude humaine et de la forme écrite, voyant dans le poème le poète comme fleur absente mais qui à lui seul fait entièrement le poème – c’est d’ailleurs pour moi le point essentiel : voir le poète sous le glacis de son poème. Forme du discours et espace abstrait.

Je reste plus longtemps dans la mer, Dražen Katunarić (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Avril 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Je reste plus longtemps dans la mer, Dražen Katunarić, éditions L’Ollave, décembre 2022, trad. croate, Martina Kramer, Vanda Mikšić, Brankika Radić, 88 pages, 15 €

 

Détails et sommes

J’ai très vite aperçu ce qui fait la forme prosodique de Dražen Katunarić, non pas parce que cela se devine facilement, mais parce que je me suis bercé de ses rythmes, allant du simple au compliqué, du détail à la somme. Je dis détail au vrai sens du terme, c’est-à-dire parfois jugé comme secondaire mais qui ici a toute son importance. Toujours est-il que ce balancement, je dirais du physique au métaphysique, m’a beaucoup séduit et m’a instruit sur ce que peut être la poésie européenne d’aujourd’hui. Je note au passage que la littérature croate semble très fertile, et des éditeurs français de poésie ou de théâtre par exemple font un travail autour de ce que l’on appellerait peut-être une nouvelle vague (?).

Nous nous attendons, précédé de Iris, c’est votre bleu, Ariane Dreyfus (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 29 Mars 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Nous nous attendons, précédé de Iris, c’est votre bleu, Ariane Dreyfus, Poésie/Gallimard, février 2023, 272 pages, 9,10 €

 

Attention, cette lyrique n’a pas peur du mal :

 

« Parfois une histoire comme un caillou

Tombe, j’en ramasse une :

“Du lait mauvais”

Cette toute petite fille ne ment pas.

Elle parle comme elle l’a vécu : “Du lait mauvais”.

Un homme empoignait son sexe pour lui ouvrir la bouche avec.

Est-ce qu’il y a une pitié dans le langage ?… (p.93)

Boire la lumière à la source, Parme Ceriset (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 22 Mars 2023. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions du Cygne

Boire la lumière à la source, Parme Ceriset, éditions du Cygne, janvier 2023, 54 pages, 10 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne

 

Affichant un « nous » participatif à plusieurs niveaux, Parme Ceriset se sentant multiple comme les étoiles qui lui sont chères, savoure la conquête de multiples naissances ou renaissances ; celle de la vie elle-même, bien sûr, et celle de la poétesse en voie de confirmation définitive parmi les meilleurs.

Devenue fille de « l’aube éternisée », cette voix sortie de la nuit s’exprime désormais au grand jour.

Elle s’en réfère aux sources de l’être et de l’Humanité : « Dans le mystère évanescent/ de l’aube primordiale/tous creusaient déjà la terre/en quête de clartés vives/ puis les yeux se levaient vers le ciel » et ramène l’émotion primordiale avec le « nous pluriel » évoqué par des amants combatifs sur la durée à promouvoir cette grandiose complicité où « plus rien ne vit en dehors de leurs yeux ».

L’Offre des possibles, Alexandre Blaineau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Mars 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’Offre des possibles, Alexandre Blaineau, éditions Milagro, décembre 2022, 96 pages, 12 €

 

Coalescence

Je trouve souvent en poésie, et ici c’est encore le cas, que le poème ressemble à l’eau d’un ruisseau, qui laisse entrevoir le visage du poète, ses attentes, ses questions et ses angoisses. Le portrait de l’intimité que dresse ce texte-là, s’apparente à ce qu’on appelle la coalescence, c’est-à-dire une superposition de miroirs renvoyant chacun à une réalité qui vient se fondre, se défaire et se refaire dans cette opalescence. On pourrait presque parler en ce lieu de miroir d’angle dont l’image scintille très rapidement, vient affleurer le livre comme sont capables de beaucoup de simplicité les haïkus japonais. Donc, une fulgurance, comme une truite dans l’eau vive d’un lac qui viendrait heurter les strophes aquatiques du livre. Oui, une rêverie de l’eau, que l’on connaît bien depuis Bachelard.