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Les Livres

De cœur et de sang, Maria Pia Briffaut

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 10 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

De cœur et de sang, éd. Amalthée, décembre 2016, 156 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Maria Pia Briffaut

Partir en quête d’une histoire cachée, un espace que des mémoires avaient pour une grande part enseveli, telle fut la bataille que Maria Pia Briffaut mena jusqu’à son terme sans céder à la tentation de la dérobade. Et c’est cette reconquête de ses territoires perdus autour de laquelle va se cristalliser toute son existence jusqu’à ce qu’une brèche déchire l’opacité de son histoire avec la certitude que quelque chose va advenir

À un moment de son existence, en consigner le récit devient pour elle une nécessité. Mais pas à n’importe quel moment. La mise en chemin vers l’écriture démarrera après bien des tribulations. Maria Pia Briffaut attendra le décès de ses parents adoptifs pour se lancer dans cette aventure.

Et surtout pas n’importe comment. Il lui faudra trier, éliminer, mettre en relief certaines étapes pour réussir à découvrir sa musique intérieure. Et c’est ainsi que naquit le livre De cœur et de sang, à la suite d’un travail acharné d’élaboration, de choix et de construction. Maria Pia Briffaut nous offre en partage un secret qui est constitutif de son identité, qui fait partie intégrante de sa personnalité, qui explique le mouvement de sa vie. Lisons-le avec l’attention qu’il mérite, il a beaucoup à nous apprendre.

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, Rainer Maria Rilke

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Poésie, Arfuyen

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, 2016, trad. de l'allemand Jacques Legrand, 12 € . Ecrivain(s): Rainer Maria Rilke Edition: Arfuyen

 

Une poésie plastique

Il ne serait pas intéressant pour les lignes qui vont suivre de faire une analyse scientifique de ce texte de Rilke, car il existe une escorte critique parfois très ancienne et très documentée, et dès lors, il serait impossible de résumer une étude fournie dans le modeste propos qui est poursuivi ici. Il est peut-être meilleur de livrer, de faire état d’un sentiment personnel à l’égard de cet ouvrage. Simplement, il s’agirait de prendre dans l’appareil critique de l’œuvre de Rilke, les dates, et notamment les dates de la conception de ce Livre de la Pauvreté et de la Mort. Car il correspond à un jeune Rilke, à ce jeune poète qui rencontre ou va rencontrer Rodin, lequel l’influencera sans doute, tout comme l’impressionneront certainement les œuvres de Camille Claudel. Par ailleurs, c’est là aussi le poète qui va devenir celui des Elégies de Duino, œuvre apothéose, climax de l’auteur, pour qui cela sera à la fois l’accomplissement et la fin, même si ce trait de génie se poursuit dans Les Sonnets à Orphée, cette œuvre-testament.

Éloge de l’érection, suivi de Lycaon, apologie du désir, Barbara Polla, Dimitris Dimitriadis

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Éloge de l’érection, suivi de Lycaon, apologie du désir, Dimitris Dimitriadis, Le Bord de l’Eau, Coll. La Muette, novembre 2016, trad. Michel Volkovitch, 160 pages, 20 € . Ecrivain(s): Barbara Polla

Barbara Polla propose à travers l’œuvre de Dimitris Dimitriadis une apologie d’un gai savoir. La figure du phallus y est moins totem que source de vie et initiatrice de toutes les créations et plus précisément autour d’une scène : la Grèce qui n’est plus seulement antique. L’érection est envisagée ici comme le contraire de la dépression. Elle est un état intérieur général de création. Les Grecs l’ont prouvé jadis et, écrit Dimitriadis, « ils y parviendront encore, j’en suis persuadé, dans la situation actuelle ».

Comme l’être, toute société abattue se relève et s’érige par l’engagement dans la pensée, la culture, la politique et l’art. Et Dimitriadis de préciser encore : « Tout acte créateur est par conséquent fondamentalement politique ». Mais pas seulement : pour preuve l’écologie architecturale. Le « construire haut » n’a rien d’une aberration écologique : elle est le seul espoir d’un développement durable. Manhattan est un modèle en termes de surface et d’énergie consommée. Et plus généralement, tout art est érection d’un point de vue non pas « créateur » mais « instaurateur » de ce qui érige, de ce qui s’érige.

Les Palsou, Un conte de Noël, André Bouchard

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Les Palsou, Un conte de Noël, octobre 2016, 40 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): André Bouchard Edition: Seuil Jeunesse

 

C’est un vrai conte de Noël que nous propose ici l’auteur/dessinateur André Bouchard, vrai parce qu’on y parle de joie, de générosité, de partage, d’entraide et d’ouverture à l’autre. Vrai parce que le père noël, s’il existait, pourrait bien être un vieux monsieur à barbe blanche qui vit et apprend aux enfants au cœur d’un bidonville « le bricolage, le jardinage, la politique, la mécanique, l’infirmerie, la littérature, la couture, la soudure et l’arithmétique ». Un bidonville où « pour les langues étrangères on se débrouille entre nous. Dans le quartier, on parle couramment chinois, espagnol, arabe, polonais, grec, bambara, portugais, français et verlan ».

Avec de belles illustrations qui prennent leurs aises sur toute la page, mélange de gris hachurés et de couleurs pétantes, André Bouchard nous présente la famille Palsou et ses quatre enfants. Comme toutes les familles, elle fait ses courses au marché et au supermarché et les enfants prennent le goûter au parc, comme tout le monde quoi. Enfin presque…

Purple America, Rick Moody

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 07 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

Purple America, Rick Moody, L’Olivier, octobre 2016, trad. anglais (USA) Michel Lederer, 428 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Rick Moody Edition: L'Olivier (Seuil)

Dans la famille Raitliffe, il y a le souvenir du père, Allen Hamilton, mort brutalement d’un anévrisme. Il y a la mère, Barbara Ashton Danforth, alias Billie, invalide, atteinte de sclérose en plaques dégénérative. Il y a le fils, Dexter Allen Ashton, alias Hex, bègue et alcoolique, organisateur de soirées mondaines. Il y a le beau-père, Lou Sloane, qui vient d’être licencié de son poste de responsable de la sécurité dans la centrale nucléaire de Millstone.

L’action principale du roman se déroule sur une fin de semaine. Dexter, ayant appris que sa mère vient d’être abandonnée par Lou Sloane, débarque dans la vaste demeure familiale en décrépitude.

Se déroule alors un étrange ballet, fait de va-et-vient et de chassés-croisés dans la région littorale constituant le lieu géographique de l’action, entre la vieille maison, la centrale nucléaire voisine et ses environs, et un restaurant fantomatique à la Bagdad Café où Dexter emmène sa mère et où il retrouve par hasard Jane Ingersoll, une amie de collège perdue de vue depuis des années, qui par pure bonté de cœur l’aide, de façon catastrophique, à soigner l’impotente et qui devient parallèlement, sous l’effet d’une attirance réciproque circonstancielle, ou par pitié, ou simplement pour meubler par l’occasion l’ennui qui l’habite, ou un peu pour tout cela à la fois, sa partenaire d’une relation charnelle infructueuse.