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Les Livres

Le silence pour toujours, Stuart Neville

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Février 2017. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Rivages

Le silence pour toujours (The Final Silence), janvier 2017, traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau, 316 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages

 

Retrouver Stuart Neville et son flic préféré, Jack Lennon, c’est comme replonger au fond du gouffre le plus noir. On sait peut-être ce qui nous y attend, mais à chaque nouveau livre, il semble que l’obscurité se fait plus opaque, plus glaciale.

Jack Lennon va mal. Ce n’est pas nouveau pour ce personnage poissard, ambigu, violent. Mais son mal s’est encore aggravé. Il est en morceaux, au plan physique et plus encore au plan psychique. Il n’est peut-être pas (encore) fou, mais il flirte dangereusement avec les pathologies mentales les plus graves. Sa vie est un enfer qui tourne comme un cycle fatal : pour supporter la douleur (physique) il avale des antalgiques puissants – non prescrits par ordonnance – ce qui accroît sa douleur (mentale). Une descente en enfer vécue dans la solitude. Sa « compagne » du moment, Susan, ne veut plus de lui, n’en peut plus de lui. Elle a accueilli Lennon avec sa fille Ellen en espérant recomposer une famille (elle-même a une fille). Mais alcool, drogues, désespoir ont fait de Lennon une loque et elle n’en veut plus.

Complot à Paris, Christian Lestavel

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 09 Février 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Complot à Paris, Editions les indés, décembre 2016, 242 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Christian Lestavel

 

« Sommes-nous tout juste bons à reproduire incessamment les mêmes erreurs, comme le font à chaque saison ces milliards de bestioles ? (l’auteur évoque les milliers de fourmis volantes qui viennent s’immoler sur l’ampoule brûlante d’un réverbère) Ou sommes-nous la seule erreur de cette même nature qui finira par regretter de nous avoir engendrés ? Monstres ? Démons ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes cette lumière, cette chaleur qui fait de chacun de nous un prédateur dénué de conscience ? A moins que nous ne soyons aussi nos propres proies ? » pose Christian Lestavel en préambule de son livre Complot à Paris, avant de nous précipiter magistralement dans la violence du massacre de septembre 2009, perpétré à Conakry par Dadis Camara et ses sbires.

Moussa Dadis Camara… La plupart d’entre nous ne sauraient mettre un visage sur ce nom. Un capitaine de l’armée guinéenne, président auto-proclamé et dictateur dézingué comme il y en a tant en Afrique et dans bien d’autres pays. Les uns, la grande majorité dite civilisée, déambulent tous frais payés, de leurs bureaux douillets en G7, 8 ou 20, et d’un trait de plume mettent sous paraphe le destin des peuples et des individus. Les autres, une minorité, s’encombrent moins de tergiversations diplomatiques et d’effets de manche. Shootés à leur propre folie, ils y vont carrément à la machette et à la mitraillette.

Premiers écrits chrétiens en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 08 Février 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, La Pléiade Gallimard

Premiers écrits chrétiens, octobre 2016 Edition: La Pléiade Gallimard

 

Les écrits présentés dans ce volume permettront au lecteur de « se forger une idée de ce que furent les premières générations chrétiennes ». Ils ont été composés entre les années 90 et les alentours de 200. « Cela commence avec des hommes qui ont connu les apôtres et qui, après la disparition de ces derniers (disons vers l’an 70), veillent à leur tour sur des communautés de croyants. Cela finit avec des hommes qui ont fréquenté des disciples directs des apôtres. Clément de Rome fut proche de Pierre. Irénée de Lyon se réclamait de Polycarpe de Smyrne, qui lui-même avait connu Jean ».

Voilà pour le temps. Que dire de l’espace ? « Le cliché du christianisme comme “religion de l’Occident” fait oublier qu’il s’agit, à l’origine, d’un mouvement implanté surtout dans le bassin oriental de la Méditerranée ». Le message chrétien se diffuse d’abord « sur la côte syro-palestinienne, en Anatolie et en Grèce ». Rome, « gagnée sans doute dès les années 40, fait figure de tête de pont ».

Au revoir Monsieur Friant, Philippe Claudel

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 08 Février 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Stock

Au revoir Monsieur Friant, novembre 2016, 83 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Philippe Claudel Edition: Stock

Ecrin de souvenirs, ce petit « roman » de Philippe Claudel, pré-texte à peindre, en demi-teintes, son passé.

Pourquoi ce titre ? Pourquoi ce peintre qui suit tellement Philippe Claudel qu’il pourrait coller à lui comme une ombre ? Mais, ce n’est pas tout : pourquoi cet « au revoir » ? Nous le saurons à la fin, quand le quitteront (?) ses souvenirs, légers comme un rire de jeune fille : « (…) pour courir enfin vers son amoureux qui, avant de partir à la guerre, l’attend là-bas, le chapeau sur la nuque, près de l’eau, dans cette fin d’été doré, sur une frêle passerelle de fer, alors qu’elle songe en riant que la vie sera pour elle un grand bouquet de roses » (p.78-79).

Mais aussi, des souvenirs lourds comme le pas titubant d’un homme ivre… Il n’est pas insignifiant non plus que la couverture de Quelques-uns des cent regrets soit encore un des portraits faits par Friant… recouvrement, poursuite : cette femme à la fois âgée et sans âge, accroupie en bord de falaise, dont la main pensive se souvient, résume ce livre-ci, le dit, le contient : une jeune fille, devenue vieille, vieille et lourde du temps qui passe, vieille et lourde de ses souvenirs, curieusement vivante par cette main qui retient et se retient, s’assied, et regarde en elle au bord du vide qui l’attire, et l’emplit toute. Elle balance et soupèse lourdement son passé.

Michel Foucault, Un très beau feu d’artifice, Revue Critique n°835

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 07 Février 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues, Les éditions de Minuit

Michel Foucault, Un très beau feu d’artifice, Revue Critique n°835, décembre 2016, 11,50 € Edition: Les éditions de Minuit

 

Michel Foucault à la croisée

Pour un lecteur qui n’a que l’intelligence de deux ou trois livres de Michel Foucault, il est évidemment d’un intérêt supérieur de parcourir le numéro de décembre dernier de la Revue Critique, qui se consacre encore une fois au philosophe, lui qui a rayonné dans le monde, et qui a ouvert des voix de recherches dans le monde des idées. Cette œuvre d’ailleurs n’est pas encore totalement défrichée, sachant qu’il reste des milliers de pages manuscrites, ce qui laisse entendre le travail bibliographique ou génétique qu’il reste à accomplir (même si M. Foucault ne voulait pas de publications posthumes, et a interrogé la question de l’auteur avec virulence). Ainsi, pour ce lecteur dont je parle, le statut même de philosophe est tendancieux, car on voit également chez Foucault un homme de lettres à la croisée de l’histoire, de la phénoménologie, de la sémantique et du structuralisme, et aussi un écrivain tout simplement. Ce n’est d’ailleurs qu’un aspect de la livraison de Critique, dans la mesure où elle colle avec une certaine actualité, celle du passage de l’œuvre de Foucault dans la Bibliothèque de la Pléiade.