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Les Livres

Dire Arbre, Michel Lamart

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 28 Septembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Dire Arbre, Michel Lamart, La Porte, 2017 . Ecrivain(s): Michel Lamart

 

 

L’on sait tout le soin que met Yves Perrine, avec sa maisonnette d’édition La Porte, à faire exister des écritures singulières, à rebours des modes qui s’épanouissent dans les chapelles littéraires.

Dire Arbre en est un remarquable exemple.

 

Que dis-je

Quand je dis

Arbre ?

Sigma, Julia Deck

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 27 Septembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Les éditions de Minuit

Sigma, septembre 2017, 240 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Julia Deck Edition: Les éditions de Minuit

 

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Julia Deck n’est pas publiée aux Editions de Minuit par hasard. Elle est la plus que digne héritière de ce qui fut appelé « l’école du regard ». L’auteur n’est pas sans rappeler pour diverses raisons Robbe-Grillet (pour l’humour), Claude Simon (pour les chausse-trappes). Avec Toussaint, Echenoz, Ravey, Courtade, l’auteur de Sigma prouve que la fiction va de l’avant.

La romancière l’a déjà illustrée avec Viviane Elisabeth Fauville et Le Triangle d’hiver. Ici l’histoire est à la fois une science-fiction astucieuse, un roman d’espionnage et une réflexion sur le monde de l’art (galeriste, réalisateur de films, etc.), ses tenants, ses aboutissants, ses escroqueries et coups de poker financiers. L’énigmatique entité « Sigma opération helvétique » devient le juge suprême d’une suite de messages entre son bureau central et ses cinq agents chargés de l’enquête sur les œuvres indésirables.

L’Etang et Félix, Robert Walser

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 27 Septembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Récits, Zoe

L’Etang et Félix, juin 2016, trad. suisse allemand et allemand Gibert Musy, 96 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Robert Walser Edition: Zoe

 

Débutons, une fois n’est pas coutume, par la célébration d’un métier en voie de disparition, comme tous ceux qui font intervenir de l’humain dans le commerce, voire font passer l’humain avant le commerce : bouquiniste. Dans la vie de tout lecteur, il y a un bouquiniste au moins, parce qu’on cherche un livre rare, épuisé, ou parce qu’on est sans le sou, et ce bouquiniste, par son manque total de lien à l’actualité (peu lui chaut la dernière sortie à la mode journalistique, de toute façon, il ne l’a pas en rayon), s’avère un véritable amoureux de la chose écrite, et un précieux conseiller en défrichage et en visite de sentiers peu battus. A titre personnel, j’ai connu deux bouquinistes de cet acabit : le lecteur que je suis devenu leur est redevable de beaucoup.

Un des deux, aujourd’hui décédé, a un jour attiré mon attention sur Robert Walser (1878-1956), en me citant la première phrase de son roman L’Institut Benjamenta (1909) : « Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant, et nous autres, garçons de l’Institut Benjamenta, nous n’arriverons à rien, c’est-à-dire que nous serons tous plus tard des gens humbles et subalternes ».

En roue libre, Lisa Owens

Ecrit par Michel Tagne Foko , le Mercredi, 27 Septembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

En roue libre, trad. de l'anglais par Guillaume-Jean Milan avril 2017, 288 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Lisa Owens Edition: Belfond

 

Le roman est construit sur une architecture littéraire que l’on retrouve le plus souvent dans les œuvres essais. C’est en fait une sorte de petite nouvelle, avec une grande histoire, sous forme de chroniques, qui se lient à un même sens et se déversent minutieusement, chacune son tour.

C’est un roman feel-good, une bouffée d’air frais réjouissante, comme on les aime.

Dès la lecture des premiers paragraphes, on rit tellement. Parfois, c’est très loufoque, mais l’héroïne est tellement enquiquinante et rigolote qu’elle va plaire à coup sûr.

 

Extraits :

« IL Y A UN HOMME DEBOUT devant chez moi, en treillis, avec un énorme badge “FREE PALESTINE“. “C’est vous la propriétaire ?” demande-t-il. Je me tourne pour voir s’il parle à quelqu’un d’autre, mais il n’y a personne derrière moi. Il me faut une bonne seconde pour me souvenir de quel côté je suis, dans le conflit israélo-palestinien ».

Ce dont il ne reste rien, poème de Lionel Jung-Allégret

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Septembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Al Manar

Ce dont il ne reste rien, avril 2017, Encres de Catherine Bolle, 63 pages, 18 € . Ecrivain(s): Lionel Jung-Allégret Edition: Al Manar

 

D’entrée l’exergue généreuse annonce / énonce une certaine gravité : le silence, la solitude, la peur de la mort comme mobile du crime des Hommes. Cependant l’autre face existentielle résiste, et subsiste un quelque chose contre ce qui ne serait que néant sans réponse aucune : une présence dans le silence (« tu es là » dans la citation empruntée à José Angel Valente, extraite de Au dieu sans nom) ; une parole surgie du silence même (« Tu parles toujours (…) », Edmond Jabès) ; la révélation du mobile du crime pour lever un peu le voile De la nature des choses, Lucrèce).

Ce dont il ne reste rien de Lionel Jung-Allégret, édité par Al Manar en avril 2017 et augmenté d’encres de Catherine Bolle, débute par ce curieux distique :

 

« Tu veux être l’écriture qui disparaît.

Etre celui dont il ne reste rien ».