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Les Livres

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 01 Avril 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora, éditions Alcyone, octobre 2018, trad. espagnol Michel Host, 88 pages, 20 €

 

Une poésie des temps

Aborder la poésie de Luis de Góngora par la traduction de Michel Host, qui organise sa transcription depuis l’espagnol autour des sonnets du poète castillan, revient à plonger dans l’univers rayonnant du Siècle d’or, et de l’influence notable sur les artistes et les lecteurs de poésie de plusieurs siècles et origines. Cette riche composition est attachée en général au gongorisme. Car, même si l’ouvrage met en scène la figure de la femme et plus largement, celle de l’amour, il n’échappe pas à la beauté claire et précieuse de cette littérature devenue classique depuis bien longtemps. Ainsi, quand Boileau écrit : ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément, on pourrait appliquer a posteriori cette citation aux poèmes de ce livre des éditions Alcyone. En effet, aucune tache sombre sur les poèmes, aucune ambiguïté, aucun trouble, qui entraveraient la marche belle de ces textes si lointains dans le temps.

Les 250 livres préférés du Club de La Cause Littéraire (des places 123 à 157)

Ecrit par La Rédaction , le Vendredi, 29 Mars 2019. , dans Les Livres, La Une Livres

 

La Cause Littéraire anime un Club sur le réseau social FaceBook. Lors d’une « votation » littéraire récente, les membres de ce club dont les noms sont en bas de cette page ont désigné les 250 livres qu’ils préfèrent. Nous vous les présentons, en ordre croissant (du 250ème au 1er) et par tranches de nombres de voix obtenues. Nous publierons 2 tranches par semaine, le mardi et le vendredi.

Nous espérons que cette sélection vous sera utile pour vos choix de livres.

 

Livres classés des places 123 à 157

Au petit bonheur la brousse, Nétonon Noël Ndjékéry (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 29 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Au petit bonheur la brousse, éditions Hélice Hélas, coll. Mycélium mi-raisin, mars 2019, 380 pages, 24 € . Ecrivain(s): Nétonon Noël Ndjékéry

 

 

Une noria de nuits au pelage léopard accoucha de dizaines de soleils qui, l’un après l’autre, pyrogravèrent le ciel de part en part sans y laisser le moindre sillon.

Au petit bonheur la brousse est un roman dense, consistant, aussi savoureux que désespérément tragique, qui tisse un lien improbable entre une Helvétie paisible, fraîche et ordonnée, lisse et impeccable comme un livre d’images et un pays en sueur, chaotique, déchiqueté par la violence, la corruption, la cupidité, l’injustice et le mensonge. Bel héritage postcolonial entretenu par Didi Salman Dada, alias L’Autre-là, président agrippé au trône depuis presque cinquante ans et qui « pouvait dormir sur ses deux oreilles tant qu’il continuerait à brader l’or noir tchadien à ses parents occidentaux ».

Inventer les couleurs, Gilles Paris (par Christelle Brocard)

, le Vendredi, 29 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Inventer les couleurs, mars 2019, ill. Aline Zalko, 48 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Gallimard Jeunesse

 

Empêtré dans la grisaille de son quotidien, l’adulte atrophie le monde qui l’entoure. Peu enclin aux rêves et à la fantaisie, les couleurs sont pour lui uniquement celles de la réalité : « Mais les feuilles des arbres sont vertes, Hippo. La mer est bleue et le soleil jaune ». Mais le petit Hyppolite est loin d’être un ahuri. Il a parfaitement observé que les visages de Fatou et de Firmin sont noirs, ceux des jumelles Chan et Cui, jaunes, et ceux d’Abdallah et Antar, café au lait. Aussi ignore-t-il cette remarque condescendante de Jérôme, l’animateur du service de l’Enfance de la Ville, tout en faisant preuve d’une empathie profonde et clairvoyante à son égard. Après tout, ce dernier vit seul, une vie sans couleur, au douzième étage d’un immeuble, tout au fond d’un couloir, avec un chien pas à lui qui pisse sur son paillasson. L’existence d’Hyppolite n’a pourtant rien d’un conte de fées : sa mère est partie avec le père de son meilleur ami, il s’acquitte de tous les devoirs domestiques que son propre père, noyé dans le chagrin et la bière, n’est depuis longtemps plus en mesure d’assumer : « A chaque fois, je bondis hors de mon lit, je lui prépare son café, un peu grognon d’être debout, les cheveux coiffés par le vent du sommeil. Je prends un sac plastique et j’y mets toutes les canettes mortes et le contenu de son cendrier qui déborde de partout ». Pas étonnant qu’il s’endorme en classe et se retrouve chez le directeur.

Réservoir 13, Jon McGregor (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 28 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Christian Bourgois

Réservoir 13, janvier 2019, trad. anglais Christine Laferrière, 348 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jon McGregor Edition: Christian Bourgois

 

Jon McGregor nous projette, dans son dernier roman, dans un univers où temps et espace constituent la scansion, la matière même de la narration. 13. 13 ans. 13 réservoirs (réservoirs de la retenue d’eau qui a inondé l’ancien village). 13 chapitres.

Une narration comme nulle autre, énoncée dans un rythme époustouflant et qui relève d’un regard panoptique de chaque instant. Les faits, les personnages, les lieux, les éléments naturels qui leur font écrin (faune, flore, saisons) sont tricotés dans une maille serrée qui tisse une histoire dans laquelle le lecteur se fait auditeur. Pas spectateur. On dit de certains romans qu’ils sont très cinématographiques. Réservoir 13 serait impossible à mettre en scène sauf à se livrer à un montage de fou furieux, haché comme de la chair à saucisse. S’il faut lui trouver un support autre que le livre, ce serait plutôt un roman radiophonique où l’auditeur serait invité à entendre la vie des gens d’une bourgade rurale du centre de l’Angleterre.