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Les Livres

Le poète russe préfère les grands nègres, Edouard Limonov

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Décembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Russie, Récits, Flammarion

Le poète russe préfère les grands nègres, traduit du russe Emmanuelle Davidov, 2012, 329 p. 20 € . Ecrivain(s): Edouard Limonov Edition: Flammarion

 

La grande illusion…

Ce pourrait être un sous-titre pour ce roman âpre, violent, acide.

Mais c’est plutôt une immense désillusion que vit le poète russe Limonov, personnage éponyme de l’auteur.

Ecrivain contestataire dans la glorieuse Union des Républiques Socialistes Soviétiques, Limonov est « autorisé » à émigrer avec sa femme Elena aux Etats-Unis d’Amérique, la non moins glorieuse patrie des libertés, le pays porte-étendard du « Monde Libre ».

Il ne lui faut pas longtemps pour déchanter. Elena le quitte pour un homme au présent plus argenté et au futur matériellement plus confortable.

Le voilà, littéralement, anéanti :

Grand Maître, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Décembre 2012. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Flammarion

Grand Maître. Trad. USA Brice Matthieussent. septembre 2012. 350 p. 21 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Jim Harrison a pris la peine d’un sous-titre en 5ème page, en forme d’avertissement : « faux roman policier ». Précaution superflue, en quelques pages on a compris. On tient entre les mains un évident faux polar, mais un encore plus évident vrai Jim Harrison ! Et comme tous les vrais Jim Harrison, c’est un grand livre.

On va faire comme Big Jimmy : expédier la pseudo intrigue policière, la pseudo enquête. Le vieux Sunderson, flic du Michigan qui part juste à la retraite, se met sur les traces de Dwight, Le Grand Maître d’une secte sulfureuse et nauséabonde, prônant le sexe (y compris la pédophilie), les plaisirs terrestres et captant le fric de ses adeptes, nombreux en ces régions des USA. Il met ses derniers élans de flic dans sa volonté de faire tomber cet ignoble personnage.

Bon. Voilà. Il faut dire tout de suite que ce « prétexte » narratif n’occupe que peu de place dans ce livre et nul ne s’en plaindra car le propos, la matière, la grandeur de ce roman sont ailleurs, dans la présence énorme et fascinante de … Jim Harrison.

Une autobiographie, Neil Young

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 10 Décembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Robert Laffont, Canada anglophone

Une autobiographie, octobre 2012, 546 pages, 23 € . Ecrivain(s): Neil Young Edition: Robert Laffont

 

Le mot digression est celui qui vient à l’esprit quand on referme cette autobiographie. Neil Young a en effet opté pour une construction thématique plus que chronologique pour écrire ses souvenirs d’une vie riche à différents titres. D’un chapitre à l’autre, le chanteur passe de la musique au cinéma, de la pureté oubliée du son actuel produit par les fichiers informatiques aux voitures anciennes qu’il collectionne, de sa famille à son train électrique. Cette autobiographie est un kaléidoscope qui, si elle fait fi de toute chronologie, ne nous perd jamais. Neil Young sait raconter les événements qui ont ponctué sa vie, et sa vie fut riche, assurément. L’ex-membre de Buffalo Springfield maîtrise cet art sans jamais se départir de son sujet : montrer qui il est devenu en donnant les différentes facettes de sa personnalité.

La musique est cependant l’élément fondateur du personnage. Avec Buffalo Springfield tout d’abord, il fit un apprentissage formateur, ou seul, comme lors de certains concerts durant lesquels il s’accompagnait à la guitare acoustique et à l’harmonica. Ce génial Canadien a subi les influences de la country music, du rock, et il admire tout autant Bob Dylan qu’il a côtoyé, qu’Elvis Presley. Il croise un certain John Kay, qui chantera Born to be wild avec Steppenwolf. Sur scène, il jouera avec Joni Mitchell, Linda Ronstadt.

Laisser les cendres s’envoler, Nathalie Rheims

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 10 Décembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Récits, Léo Scheer

Editions Léo Scheer, août 2012, 256 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nathalie Rheims Edition: Léo Scheer

 

Comment amortir le choc consécutif au départ d’une mère du foyer familial lorsque l’on est âgée de 13 ans, et que l’on appartient à l’une des familles les plus prestigieuses d’Europe, les Rothschild, dont on découvre sans peine l’identité dans le récit de Nathalie Rheims, Laisser les cendres s’envoler, sans qu’elle mentionne leur nom dans l’ouvrage.

Le titre aurait pu être libellé à l’impératif, c’est l’infinitif du verbe qui est retenu, pour une raison simple : ce travail de deuil de la disparition de sa mère a été long, douloureux, source de recherches sur sa famille, sur les pratiques de cette dernière, sur ses ascendants. Il s’impose comme un constat à la fin du livre, et non comme un impératif.

Ainsi, Nathalie Rheims nous suggère-t-elle que sa mère, enfant elle-même issue du remariage de son grand-père, aurait été fragilisée dans l’atteinte de son propre équilibre affectif. Ce dernier, sa mère semble l’atteindre en tombant amoureuse d’un peintre prétendument avant-gardiste dont Nathalie Rheims tourne en dérision les prétentions, l’arrogance intellectuelle, et surtout la place qu’il prend dans la vie de sa mère, excessive à ses yeux, car provoquant son exclusion affective de la famille.

Entre père et fils. Lettres de famille, V. S. Naipaul

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 07 Décembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset, Correspondance

Entre père et fils. Lettres de famille, traduit de l’anglais Suzanne Mayoux, novembre 2012, 486 p. 22,90 € . Ecrivain(s): V. S. Naipaul Edition: Grasset

 

« L’homme ne s’improvise pas », a dit Ernest Renan ; un grand écrivain certainement encore moins si l’on peut dire. C’est ce que démontre Entre père et fils, le recueil des lettres que V. S. Naipaul a échangées avec son père (et sa sœur aînée) essentiellement entre 1950 et 1953. Ces trois années sont à la fois les dernières de la vie du père et celles qu’a passées à Oxford le futur prix Nobel de littérature. On frémit presque à l’idée que ces lettres, au dire de Naipaul lui-même dans la préface, auraient pu être égarées au cours des multiples déménagements dus aux conditions de vie longtemps précaires des correspondants. C’est que, par la qualité d’écriture, des sentiments et des informations qu’elles présentent, ces lettres complètent d’une manière nécessaire toute l’œuvre de V. S. Naipaul. Ces écrits d’un père qui meurt à moins de cinquante ans et d’un fils qui a autour de vingt ans évacuent les malentendus tenaces et même les détestations que valent à l’écrivain tout à la fois d’indéniables provocations de sa part et le malaise que suscite son regard fermement critique. Ils sont publiés à propos (par son agent littéraire), en fin de carrière, comme une conclusion qui rappelle qu’une promesse a été magnifiquement tenue.