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Les Livres

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Janvier 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Récits, Rivages poche

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau. Trad. de l'anglais (USA) et présenté par Thierry Gillyboeuf. septembre 2012. 216 p. 8,65 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Rivages poche

 

Si écologistes, panthéistes et autres adorateurs de la nature se réclament depuis toujours de Henry David Thoreau, il en est qui pourraient le faire de toute évidence mais qui n’en ont pas eu l’occasion, ce sont les romantiques européens. Remarquez l’inverse est tout aussi vrai. Thoreau partage assurément des sources d’inspiration littéraire avec le vaste courant romantique, de Rousseau à Goethe, à Hugo – avec un arrêt important du côté de chez Chateaubriand. Des pages entières du Génie du christianisme – toutes celles qui concernent les forêts du Nouveau-Monde – évoquent Thoreau à s’y méprendre. Qu’on en juge :

« La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu'elle répétait dans son sein. Dans une vaste prairie, de l'autre côté de cette rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement, sur les gazons. Des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; »

Recommencer ailleurs, Sophie Stern

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 17 Janvier 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Moyen Orient

Recommencer ailleurs, Editions Avant-Propos, Collection Matanel, 206 p. 17,95 € . Ecrivain(s): Sophie Stern

 

« Aliya, monter », ou « s’élever par l’esprit »… La narratrice de ce livre installée en France, retourne à son pays d’attache : Israël. Ce récit sonne à la fois comme une explication – et d’abord à soi-même – des raisons qui peuvent pousser des Juifs – en l’occurrence français – à « recommencer ailleurs ».

« Quand on change de lieu, on change de chance » (p.69), cette phrase, extraite de la Michna est peut-être le fil conducteur, le fil d’Ariane, qui guide, ou dont cherchent à retrouver l’origine, ceux qui viennent s’installer en Israël, habiter Israël…

L’Aliya, dans le cas de la narratrice, se présente à elle un peu comme un jeu de piste. Ce n’est pas la décision mûrie, ni l’arrachement brutal, ni même un concours de circonstances : elle a passé, adolescente et jeune femme, ses vacances chez sa grand-mère à Tel Aviv, et chez une de ses tantes. Elle découvre, dans les bagages de son mari quand il revient de Londres où il travaille, passer ses week-ends à Paris avec femme et plus tard enfants, des brochures sur le Neguev, et aussi qu’il apprend l’hébreu à temps perdu.

Le Diable en France, Lion Feuchtwanger

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 16 Janvier 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Récits, Le Livre de Poche

Le Diable en France, Préface Alexandre Adler, Trad. Allemand Jean-Claude Capele. 2012, 360 p. 6,60 € . Ecrivain(s): Lion Feuchtwanger Edition: Le Livre de Poche

 

La France en eaux troubles

 

« L’Histoire consiste à donner un sens à l’absurde » lit-on dans les premières pages du Diable en France, autobiographie rédigée par celui qui fut, de son temps, un des écrivains allemands les plus lus. Ce qui lui arriva à lui et à beaucoup d’autres, reste, il est vrai, incompréhensible même si les historiens nous expliquent l’enchaînement des causes et des effets.

C’est au début des années 40, après avoir échappé à l’incarcération avec d’autres artistes juifs allemands ou autrichiens en exil et être arrivé aux Etats-Unis, qu’il commence cette entreprise testimoniale. Dès ses propos liminaires, il remarque qu’il aurait pu écrire un livre qui aurait expliqué les raisons de ce qu’il nomme les « petites péripéties de [s]a vie personnelle » : « Moi-même, je pourrais écrire un livre sur ce sujet et exposer avec une logique implacable les tenants et les aboutissants de cette situation. Mais au tréfonds de moi-même, je sais que je ne connais pas la moindre cause de cette confusion barbare dans laquelle nous nous débattons tous aujourd’hui ».

Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales), Pascal Morin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 15 Janvier 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, La Brune (Le Rouergue)

Comment trouver l’amour à cinquante ans quand on est Parisienne (et autres questions capitales), janvier 2013, 192 p. 18 € . Ecrivain(s): Pascal Morin Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Derrière un titre à rallonge (serait-ce un effet de mode ?), Pascal Morin offre aux lecteurs, dans ce cinquième ouvrage, un conte contemporain résolument optimiste. Inutile de chercher parmi les protagonistes, dont les vies vont s’entrecroiser au fil du récit, un véritable méchant. Tel n’est pas son propos.

Personnage pivot du roman, Catherine Tournant, professeur de français dans le neuf trois, exilée de sa province natale, Parisienne d’adoption, de cœur et de culture, est, sans le vouloir ni le préméditer, au centre d’un petit maelström qui va transformer radicalement la destinée d’une poignée de personnes, sans épargner la sienne.

Choisissant de bâtir son roman autour de clichés de société, Pascal Morin prenait des risques calculés. La façon dont il campe ses principaux personnages est, à ce titre, édifiant :

Natacha Jackowska, 18 ans, jeune lycéenne rebelle et paumée, anorexique parce que orpheline d’une mère émigrée polonaise morte « étouffée par son propre corps devenu difforme », est obsédée par son look.

Communiqué N°10, Samuel Gallet

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 15 Janvier 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Théâtre

COMMUNIQUE N°10 Editions espaces 34, 2011, 90 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Samuel Gallet

Samuel Gallet a choisi une citation de la poétesse argentine A. Pizarnik comme seuil à sa pièce de théâtre Communiqué n°10. Faut-il trouver refuge ou pas dans la réalité vraie, telle est l’interrogation posée à l’œuvre qui suivra ? La réalité de la pièce nous replonge dans des évènements qui ont lieu à la fin de 2005. Des émeutes ont débuté en Seine-Saint-Denis dans les banlieues et ont gagné d’autres territoires périurbains du pays. Dans la pièce, un chauffeur de 28 ans, Hassan, veut venger la mort de son jeune frère Lakhdar tué par un vigile, Damien, au moment où il volait un véhicule sur un parking. La ville sans nom, architecture de no man’s land, sert de décor à des émeutes, menées par un groupe d’enfants qui régulièrement lancent sur les ondes des messages, des communiqués de guerre civile et urbaine. Il y en aura dix. Générations révoltées, enfants de travailleurs maghrébins exploités. Samuel Gallet nous plonge dans une dramaturgie de friches, de zones périphériques, plongées dans les ténèbres. Toutefois la « vérité » comme force supérieure introduit une parole surnaturelle et métaphysique, celle d’un vieil homme  qui dit et redit : « Je suis mort oui ou non ». Dans un cimetière, à la fin de la pièce, il devient le père de Hassan, celui qui prononce la parole tragique parodoxale : « C’est pas les morts qu’il faut venger Hassan mais les vivants qui demeurent et que les morts regrettent ».