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Les Livres

Juliette ou le chemin des immortelles, Tristan Cabral

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 23 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Le Cherche-Midi

Juliette ou le chemin des immortelles, Couverture Laetitia Queste, janvier 2013, 108 p. 13 € . Ecrivain(s): Tristan Cabral Edition: Le Cherche-Midi

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? »

Michel Host

 

Sur la couverture de ce récit, une photo que l’on reconnaît pour l’avoir déjà vue à l’occasion d’articles et de livres sur l’Épuration. Elle fut prise à Montélimar, dans la Drôme, le 29 août 1944. Photo émouvante, attristante, cruelle, et d’une certaine façon répugnante. Une jeune femme belle, élégante en sa robe d’été, et qui durant l’Occupation « fréquenta » des soldats allemands, est tondue en pleine rue. C’est son châtiment : humiliation publique, défiguration. Certes, ailleurs peut-être on l’eût massacrée. Répugnante pourtant cette vision de mains expertes – des mains de coiffeur, semble-t-il –, s’activant sur la tête de cette femme, une autre main lui tenant le menton levé…

On s'embrasse pas ? Michel Monnereau

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, J'ai lu (Flammarion)

On s’embrasse pas ?, février 2013, 191 pages, 5 € . Ecrivain(s): Michel Monnereau Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Familles, je vous hais !

Le cri de Gide ne peut pas ne pas venir à l’esprit de qui pénètre en cet âpre roman !

Le narrateur, Bernard, revient dans la maison natale, dans un hameau de la France profonde, où, adolescent, il étouffait, d’où il est parti, quinze ans plus tôt, pour respirer, pour changer d’air, quasiment sans adieu, sans se retourner, laissant derrière lui désemparés puis désespérés son père, sa mère, et sa sœur.

Bernard revient après avoir roulé, sans but, dans l’esprit du mouvement hippie, sans s’être jamais arrêté nulle part, en ayant évité toute dérogation à la règle qu’il s’était fixée de n’accepter aucune contrainte, en ayant repoussé toute compromission avec le contrat travail-consommation du système capitaliste, « refusant d’être l’écureuil captif qui fait tourner l’économie ».

Les impunis, Olivier Weber

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 20 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Robert Laffont

. Ecrivain(s): Olivier Weber Edition: Robert Laffont

 

 

Nous connaissons tous ce moment de l’Histoire : au Cambodge, entre 1975 et 1979, Pol Pot et ses sbires installent un régime politique et une dictature d’une extrême violence qui causent la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Des procès sont en cours, et cette historie fait toujours l’actualité – mais un seul verdict a jusque-là été prononcé : une perpétuité pour « Douch », patron de la prison de Phnom Penh à l’époque. Que reste-t-il sur place de cette histoire, et de la fracture causée par cette guerre civile ? par ce génocide ? Que sont devenus les Khmers rouges qui n’ont pas été arrêtés ni jugés ?

 

Sur la piste de Pailin

Vies voisines, Mohamed Berrada

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 20 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Maghreb, Sindbad, Actes Sud

Vies voisines, février 2013, 189 pages, 20 € . Ecrivain(s): Mohamed Berrada Edition: Sindbad, Actes Sud

Peut-on associer des modalités de narration issues de traditions littéraires différentes ? C’est à cet exercice que s’emploie Mohamed Berrada dans son roman Vies voisines. Ce roman s’articule autour de la vie de trois personnages : une femme en recherche d’émancipation, Naïma Aït Lahna, hôtesse de l’air, banquière, et trafiquante de drogue au final, un jeune homme en mal d’évasion et de dépaysements, le fils de H’Nia, et Abdel Moujoud-al-Wariti, vieux politicien roué.

Tous ces personnages ont pour point commun d’avoir participé, chacun selon son parcours, à l’histoire du Maroc contemporain, d’en être un échantillon parfois très représentatif. La vie de chaque personnage y est décrite. Mohamed Berrada y ajoute le récit de ce qu’il appelle le narrateur-narrataire, sorte de dépositaire de l’authenticité de chaque récit. L’auteur du roman y superpose la voix d’un conteur, le râwî, figure centrale de la littérature populaire arabe.

Ce qui frappe dès les premières pages de l’ouvrage c’est l’omniprésence de l’histoire du Maroc depuis l’Indépendance. Ainsi, Naïma évoque-t-elle les idéaux – ou la naïveté ? – d’une certaine jeunesse marocaine : « Notre jeune âge conjugué aux échos de la révolte mondiale nourrissait notre volonté de détruire l’ancien pouvoir qui s’était ravivé après l’Indépendance. Nous avions l’ambition d’imposer les valeurs du changement pour affranchir les gens de l’esclavagisme ».

Enlacement(s), Raharimanana

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 19 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Afrique, Poésie, Récits, Vents d'ailleurs

Enlacement(s), 3 ouvrages de 64 pages chacun, novembre 2012, 29,90 € . Ecrivain(s): Raharimanana Edition: Vents d'ailleurs

 

C’est un objet inhabituel. Trois ouvrages distincts en un coffret, trois textes qui mélangent les genres, qui sont à la fois récits, poèmes, chants. Le titre Enlacement(s) dit bien l’intention de l’auteur qui est de tisser les mots sans le souci d’être contenu dans un genre donné afin d’exprimer le mieux possible un état d’âme précis : la fatigue. Le mot et le sentiment reviennent régulièrement dans chacun des textes.

« J’ai encore plusieurs de ces histoires, mais cela me fatigue d’y penser… » (« Des ruines »).

Quelles histoires ? Celles des « ruines » qui le constituent et d’où il écrit : esclavage, colonisation, oppressions, génocides… Raharimanana, né en 1967, a l’insigne (et lourd) privilège d’être le prosateur qui dote son pays – Madagascar – d’une œuvre littéraire très nourrie par la conscience de l’Histoire. Ses romans, nouvelles et récits explorent les limites de l’écriture et des genres littéraires, recourent à des images et des documents d’archives afin de restituer à la conscience des siens (et des autres) toutes leurs ruines amères donc.