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Les Livres

Sayonara Gangsters, Genichiro Takahashi

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 09 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Japon

Sayonara Gangsters, Books éditions, 20 mars 2013, traduit de l’anglais Jean-François Chaix, d’après la traduction du japonais de Michael Emmerich, 223 p., 18 € . Ecrivain(s): Genichiro Takahashi

 

 

Vieille dame, quintuplés, habitant de Jupiter, « chose incompréhensible », et même Virgile transformé en frigo, tout le monde défile dans la classe de poésie du narrateur, dans un monde où les gangsters font la loi, où l’on apprend sa mort par un faire-part envoyé par la mairie et où les rivières peuvent couler au 6ème étage des immeubles.

On pourrait placer ce roman sous l’égide des Métamorphoses d’Ovide, un Ovide en exil, aussi saoul qu’il l’est dans le roman, où il fait une apparition dans le récit du réfrigérateur Virgile. La fantaisie débridée du roman invite à l’énumération d’éléments incongrus plutôt qu’au résumé, mais il y a bien là cependant une histoire, discrète, celle des amours de Sayonara Gangsters, le narrateur, qui encadrent de leur tendresse et de leur mélancolie le défilé cocasse des aspirants poètes.

Le silence, Jean-Guy Soumy

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 09 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Robert Laffont

Le silence, janvier 2013, 220 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Guy Soumy Edition: Robert Laffont

 

Roman charpenté, classique, à l’ancienne, comme on dirait en ébénisterie ; personnages forts, notamment féminins, cousus, dessus, dessous, solides comme la vraie vie ; odeurs de paysages qui en imposent presque naturellement : campagnes limousines, ou, espaces américains. Normal ; on est là, dans un livre signé Soumy. La qualité sans le battage.

Ce roman-là porte la marque des autres – c’est le propre d’une écriture, et d’un univers, et avance – c’est la marque d’un imaginaire vivant.

Un titre qui bat comme un cœur occupant tout l’espace sonore : « le silence », décliné en une partition complexe et pour ainsi dire infinie : silence qui accompagne le deuil de Jessica, l’américaine, devant le suicide de son mari, qu’elle appelait Alexandre ; silence du passé caché de celui-ci – quelle histoire ! Silence devant les fils, et notamment, Lewis, l’enfant autiste. Silence des recherches, des chagrins, des doutes, qui font un bruit d’enfer – mais qui est ce mari ? Ce qui résonne en chacun d’entre nous ; après le départ, sait-on jamais tout de celui qui est parti ? Assourdissant silence qui, peu à peu, monte, comme en certains concerts, en notes insoutenables, puis, decrescendo, s’apaise.

Ta mort sera la mienne, Fabrice Colin

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 08 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman, Sonatine

Ta mort sera la mienne, mars 2013, 350 pages, 20 € . Ecrivain(s): Fabrice Colin Edition: Sonatine

 

 

La logique d’un massacre. Ta mort sera la mienne met tout de suite les nerfs de son lecteur à rude épreuve. Un homme, habillé d’une combinaison de cuir, le visage dissimulé par un casque de moto, se livre à un massacre dans un motel de luxe dans les plaines de l’Utah. Toutes les personnes présentes (des étudiants en séminaire) sont éliminées avec une précision méthodique et une absence de pitié. Nul refuge ne semble être possible. Le tueur voit tout. Le tueur est ultra efficace. Une balle, un mort. Il effectue ses gestes de manière robotique, comme s’il était un véritable Terminator.

La tension est aussi créée par le style syncopé de l’auteur, fait de phrases courtes, tranchantes, qui étouffe le lecteur, l’empêche de reprendre son souffle. L’utilisation du présent renforce l’effet.

On n’est pas loin de James Ellroy ou de Chuck Palanhiuk dans le phrasé. Une fièvre se dégage et qui, c’est à souligner, ne faiblira quasiment pas tout au long du roman.

Vous ne connaitrez ni le jour, ni l'heure, Pierre Béguin

Ecrit par Laurent Bettoni , le Lundi, 08 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Récits, Philippe Rey

Vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure, 2013, 188 p., 17 € . Ecrivain(s): Pierre Béguin Edition: Philippe Rey

 

 

À quoi ressembleront les derniers instants que nous passerons avec nos proches, en particulier avec nos parents ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre quand on ne connaît justement ni le jour ni l’heure à l’avance. Pierre Béguin essaie pourtant d’apporter une réponse dans ce roman consacré à l’euthanasie. Car il le peut, puisque l’action se déroule en Suisse, où cette pratique est autorisée.

Les parents du narrateur décident de planifier le moment de leur mort, afin d’échapper l’un et l’autre à la lente déchéance que subit leur corps. Trois semaines avant la date fatidique, ils informent leur fils de leur volonté de mettre fin à leurs souffrances. Trois longues semaines durant lesquelles celui-ci apprend à se familiariser avec cette idée, à l’apprivoiser, à l’accepter.

Vent violent, Gilles Brancati

, le Lundi, 08 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Vent violent, Chum Editions, mars 2013, 190 pages, 16,00 € . Ecrivain(s): Gilles Brancati

 

 

Le livre commence par son titre qui est judicieusement choisi. On reste dans l’attente de l’explication de ce choix jusqu’à la fin. En dire plus risquerait de dévoiler l’histoire dont il faut dire qu’elle est à plusieurs facettes. Elle se déroule sur deux continents, en Europe et au Sahara occidental. Deux histoires intimement liées jusqu’au dénouement final qui réserve une surprise de taille et permet au lecteur de comprendre le contenu de ces deux mots, vent et violent.

L’intrigue est originale et s’appuie pour sa partie saharienne sur des évènements historiques réels : l’aide des Forces Françaises, et en particulier de l’aviation, dans la résolution du conflit entre le Front Polisario et la Mauritanie dans les années soixante-dix. L’auteur a pris soin de donner les informations nécessaires sur cette opération, dite opération Lamentin, sans en faire un manuel d’histoire. Ainsi, le décor est planté et n’encombre pas.