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Les Livres

Moment d’un couple, Nelly Alard

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Moment d’un couple, octobre 2013, 376 pages, 20 € . Ecrivain(s): Nelly Alard Edition: Gallimard

 

Autour de la rupture d’un couple. Autrement dit, « le » sujet du roman par excellence. Celui qui traverse les écritures de – presque – tous les écrivains. Les moments – tous – où l’arbre se fend de partout. L’orage au scalpel. Le – indépassé ? indépassable ? La femme rompue de Beauvoir, la référence. Du reste, comme le livre dans le livre, le poche – Beauvoir s’invite dans le récit de Nelly Alard ; il est relu, objet de comparaisons ; les personnages courent y lire la suite de leur propre histoire.

La nouvelle de Beauvoir finit par ces mots posés comme un voile de deuil : « J’ai – (la femme trompée) – peur. Et je ne peux appeler personne au secours. J’ai peur », quand ce livre-ci clôt sur : « Il – (un ancien amant) – l’appelle Il y a un petit manque quand même. Ils se voient demain soir »… entre les deux romans, 60 ans. Un univers, une galaxie de différences ? Voire !

Le dilemme du prisonnier, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Le dilemme du prisonnier, traduit de l’Américain par Jean-Yves Pellegrin, août 2013, 500 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Au nom du père


Pour comprendre la complexité du troisième roman de Richard Powers, il faut dès le commencement de la lecture s’intéresser au titre de l’ouvrage car il porte en lui toute l’essence de l’œuvre. En effet, « le dilemme du prisonnier » est une expression très connue et qui a fait date dans le monde du jeu et par extension dans l’univers de la politique et de la négociation. Elle a été élaborée par A.W. Tucker. « Le dilemme du prisonnier » désigne une situation de jeux où deux joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où de fortes incitations peuvent convaincre un joueur rationnel de trahir l’autre lorsque le jeu n’est joué qu’une fois. Pourtant si les deux joueurs trahissent, tous deux sont perdants. Comprenant la difficulté pour le public de comprendre le principe du jeu, A.W. Tucker l’explique sous la forme d’une histoire : Deux suspects sont arrêtés par la police. Or les policiers n’ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre.

Nocturne, Richard Montanari

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Nocturne. Cherche-midi. Septembre 2013. Trad (USA) Marion Tissot. 576 p. 21 € . Ecrivain(s): Richard Montanari Edition: Le Cherche-Midi

 

Ce thriller est –paradoxalement – un vrai moment de récréation. Montanari a choisi, contrairement à ses romans précédents noirs et proches du cauchemar, de venir sur les terres d’écrivains qui ont peuplé, pour certains d’entre nous, les lectures de détente. Le souvenir de Ed McBain, par exemple, revient souvent à cette lecture. Ed Mc Bain, vous connaissez ? Celui du 87ème district, de Steve Carella, d’Isola ? La vie quotidienne de flics dans la trame d’affaires multiples qui se croisent et se dénouent.

Montanari ne s’est pas pris la tête avec ses deux personnages principaux. Deux flics, un homme et une femme. Pas de grands états d’âme, pas de plongée abyssale dans les méandres psychologiques des enquêteurs, pas de policiers véreux ou ambigus. Rien de tout cela. Xxx et xxx font leur boulot, s’entendent bien entre eux et avec leurs collègues, montrent une humeur égale et une perspicacité toute professionnelle face au tueur en série – oui il en faut bien un avec Montanari – qui décline son bestiaire sanglant en toute sérénité. Ils sont flics, donc fonctionnaires de la morosité d’une cité, quand ils ne sont pas héros de cauchemars.

Correspondances et entretiens avec « Attoun et Attounette », Jean-Luc Lagarce

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 16 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Correspondance, Les solitaires intempestifs

Correspondances et entretiens avec « Attoun et Attounette », adaptation François Berreur, octobre 2013, 85 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Lagarce Edition: Les solitaires intempestifs

L’amour du théâtre


Le petit ouvrage que publient les éditions Les Solitaires Intempestifs est en quelque sorte un livre de mémoire comme l’on dit un lieu de mémoire puisque la maison d’édition de Besançon est historiquement liée à ses deux cofondateurs en 1992, Lagarce et François Berreur qui, ici, comme pour Ebauche d’un portrait en 2011, adapte les textes de son ami et propose ensuite des mises en espace (en Avignon ou au Théâtre ouvert) de ces deux œuvres de l’intimité. Intimité de la vie personnelle et surtout pour les correspondances et entretiens, intimité de l’écriture et de l’œuvre. Qui d’ailleurs mieux que François Berreur pourrait reprendre, couper, élire tel ou tel passage, lui qui travailla aux côtés de Lagarce pendant quinze ans et qui vit l’œuvre de ce dernier se constituer depuis leur jeunesse ? Le livre est construit pour accueillir ceux qui ont accompagné Lagarce de 1976 à sa mort en 1995 (la dernière lettre de Micheline Attoun date du 22 juin, trois mois avant la disparition de celui qu’elle nommait alors « cher Jean-Luc » (p.84).

Âmes volées, Stuart Neville

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 13 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Rivages/Thriller

Âmes volées. septembre 2013. Trad. anglais (Irlande) Fabienne Duvigneau. 410 p. 22 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages/Thriller

 

Stuart Neville continue son voyage terrible dans les bas-fonds de Belfast. Troisième Opus d’une trilogie, « Âmes volées » nous conduit sur les sentes cauchemardesques du commerce de la chair. De la chair humaine, celle des jeunes femmes perdues par la pauvreté, venues de l’Est par des circuits obscurs et conduites rapidement à la prostitution par des réseaux mafieux impitoyables.

Jerry Fegan, le tueur terrible mais « attachant » des deux premiers opus est mort et c’est l’inspecteur Jack Lennon de la police de Belfast qui prend sa place de héros. Il va aller de marche en marche jusqu’au bout de l’Enfer de ces filles égarées, de ces « âmes volées ». Sur la trace d’une fille, Galya Petrova, qui va nous offrir un portrait de femme déchirant et superbe.

Neville oublie les corps – vendus – pour s’intéresser aux âmes – volées. Car derrière les corps martyrisés restent (parfois) des femmes, quand l’horreur ne les a pas éteintes.

« Mais quelques-unes étaient encore vivantes à l’intérieur. Elles l’écoutaient. L’espoir et une ferveur mêlée de crainte s’allumaient dans leurs regards quand il parlait de salut »