Identification

La Une Livres

L’enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

L’enfant qui mesurait le monde, août 2016, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Grasset

 

« Ecrivain francophone d’origine turque », comme le signale l’éditeur, Metin Arditi, auteur d’une quinzaine de romans et d’essais, moult fois primés, propose dans L’enfant qui mesurait le monde une plongée dans l’histoire grecque contemporaine, selon la double approche d’un enfant et d’un architecte qui a perdu sa fille. La crise, l’âme grecque, l’amour d’un père d’adoption, les aléas de la vie d’une petite île coupée de la modernité et des projets pour l’île, autant de thèmes qui traversent ce roman.

Sur l’île Kalamaki, vivent l’architecte étranger Eliot et une flopée de personnages : Maraki, la mère d’un enfant autiste Yannis, son mari dont elle est séparée, Andreas, le pope Kosma, le cafetier Stamboulidis, la fille d’Eliot, Dickie (Eurydice), sans oublier la journaliste Teophani.

Eliot a bien du mal à oublier la mort de sa fille, multiplie les attentions à l’adresse de Yannis, hyperdoué pour les calculs et les statistiques (nombre de clients chez le cafetier ou arrivage de poissons selon les pêcheurs). Peu à peu, il se rapproche de Maraki et de cet enfant, un fils de remplacement ?

Présente absence, Mahmoud Darwich

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 26 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Poésie, Moyen Orient, Sindbad, Actes Sud

Présente absence (Fî hadrat al-ghiyâb), trad. arabe palestinien Farouk Mardam-Bey, Elias Sanbar, 148 pages, 17 € . Ecrivain(s): Mahmoud Darwich Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Le titre de ce puissant ouvrage exprime toute la nostalgie de Mahmoud Darwich, et, davantage, au-delà de la souffrance individuelle de l’homme, condense toute celle d’un peuple victime de l’une des brûlantes injustices de l’Histoire et de la froide et implacable application de décisions politiques prises sans qu’il ait eu un mot à dire.

Car quelle est l’absence ? Il s’agit bien de celle du pays natal, la Palestine, que l’auteur a dû quitter, enfant, aux sombres heures de la Nakba, pour vivre l’errance, le déracinement et la précarité des réfugiés au Liban, puis les dangers d’un retour clandestin et d’une ré-infiltration familiale cachée, au pays, mais loin de la maison et du village natals que se sont appropriés les colons, suivie, beaucoup plus tard, par un long exil aux Etats-Unis avant un retour définitif à Ramallah.

Tous ces départs, tous ces retours, sous le signe d’une absence toujours présente.

Absence présente, jour après jour, jusqu’à la mort.

Absence vécue, au présent, au passé, au futur, à jamais.

Parmi les loups et les bandits, Atticus Lish

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Parmi les loups et les bandits (Preparation for the next Life), août 2016, trad. américain Céline Leroy, 558 pages, 24 € . Ecrivain(s): Atticus Lish Edition: Buchet-Chastel

 

 

Zou Lei est une fille du Nord-Ouest de la Chine, « territoire de tribus de bergers nomades qui ne reconnaissaient pas les frontières entre les nations ». Elle a vécu son enfance entre son père et sa mère, une vie rude et pauvre, rêvant – au fil des récits de sa mère – du pays merveilleux « situé tout là-bas, par-delà tous les bandits et les loups ». Mais en attendant le rêve, la petite fille vit le cauchemar de la mort de son père – soldat de l’Armée Rouge de Mao tué dans une bataille – et de l’extrême pauvreté. Alors l’Amérique, sûrement. New-York et ses promesses fantasmées.

Brad Skinner, lui, est américain, tout juste libéré du corps des Marines après plusieurs graves blessures. « Libéré » n’est pas le mot, Atticus Lish construit la « prison » qui le retient, peut-être à jamais, dans sa tête. Il erre dans NYC, perdu, hébété, à la recherche de… quoi ? Un job peut-être, une rencontre. C’est difficile, il fait un peu peur avec sa gueule cassée.

Le dragon du Muveran, Marc Voltenauer

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, La rentrée littéraire, Slatkine

Le dragon du Muveran, Ed. Plaisir de lire (Suisse), octobre 2015, 660 pages, CHF 23.- (17,50 €), août 2016, 516 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Marc Voltenauer Edition: Slatkine

 

Un polar montagnard et vaudois

Mû pas des souvenirs lointains, le lecteur que je suis butinait il y a quelques jours sur le réseau en quête d’un nouveau fond d’écran, une image du grand et du petit Muveran, montagnes vaudoises qu’il avait souvent admirées (et photographiées) dans son enfance… et, surprise, il reconnaît l’image d’un village familier qui fait l’annonce d’un roman récemment publié en Helvétie : un clocher de pierre avec le Grand Muveran en arrière-plan… Un polar qui se passe dans le village où j’ai passé tant de mois de vacances ! Une seule urgence s’impose alors : le trouver et le lire !

Le Dragon du Muveran, premier roman de Marc Voltenauer, se passe effectivement dans le village de Gryon et, au-delà de son décor, évoque et remue de façon très personnelle pour l’auteur de cette chronique, c’est en plus un bon, un très bon polar. Une vraie réussite dont les 660 pages (presque 666 !) ne m’ont pas résisté plus de trois jours.

Ils étaient un seul homme, Daniel James Brown

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Récits, Histoire

Ils étaient un seul homme, traduit de l’américain par Grégory Martin La Librairie Vuibert, 463 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Daniel James Brown

 

La vie et le destin d’un homme. L’essence et le sens du sport. La trame de l’histoire. Un grand livre. C’est pourquoi le « Bulletin Critique du Livre » en français n’ayant lié en quelque sorte sa pérennité à La Cause Littéraire qu’en ce début de 2016, j’ai néanmoins tenu à ce qu’y prenne toute sa place le roman de D. J. Brown, The Boys in the Boat, paru chez Viking à New-York en 2013, et heureusement publié en français en avril 2014.

« Il faisait gris à Seattle (tout « en haut » de la côte Ouest des Etats-Unis, à proximité immédiate du Canada) ce lundi 9 octobre 1933 ». Mais on pourrait aussi partir du mois de mars 1914, naissance de Joe Rantz, partir de son enfance et de son adolescence si proches de la nature, durement marquées par la mort prématurée (1918) de sa mère et les conséquences du remariage de son père, Harry. Ce jour, devant le hangar à bateaux, il n’est que l’un des 175 « freshmen » – étudiants de première année – novices venus s’inscrire pour tenter leur chance d’accéder au « huit » de leur promotion. En cette Amérique plongée depuis le jeudi noir de 1929 dans une terrible crise économique, Joe pauvrement vêtu – et pour cause – sait bien qu’être retenu dans l’équipe, un barreur, huit rameurs, lui permettrait de surnager et d’aider à couvrir les frais de son année de scolarité.