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La Une Livres

Une pierre, en chemin, Bernard Fournier (1)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 03 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Une pierre, en chemin, éd. Tensing, 2013, 112 pages, 9 € . Ecrivain(s): Bernard Fournier

 

 

1ère partie


Ce recueil constitue le quatrième opus de la suite Marches, dont le premier a été publié en 2005 Galerie Racine, le deuxième, suivi d’une lecture de Pierre Oster, aux éditions Le Manuscrit en 2008, le troisième aux éditions Aspect de Nancy, en 2011.

Composé de huit parties, l’opus s’ouvre sur des « Contes » dont l’Imaginaire assure le courant du quotidien, ainsi va l’objectif du genre puisant dans les ressources de l’imagination pour asseoir quelques balises dans la signalétique du réel (« Peut-être rions-nous, mais de peur, de / souffrance et de désespoir » ; « quand le passé nous tire par les cheveux » ; « Nous savons aussi la misère des âmes que la vie / a giflées et qui errent en se lamentant dans / nos habitudes et de nos poches ; ».

Deux, Philippe Jaffeux

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 01 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Tinbad

Deux, juin 2017, 236 pages, 21 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux Edition: Tinbad

 

Écrire / parler

Philippe Jaffeux écrit ici pour la première fois pour le théâtre. Des notes de l’éditeur, plus que le texte en lui-même, inscrivent le livre dans le genre dramatique. Ce qui relèverait du théâtre, ce serait cette lecture extérieure s’appuyant sur la présence de deux personnages, le décompte de 1222 répliques qui « peuvent être supprimées à l’envi et peuvent être disposées aussi dans n’importe quel ordre ». Elles seraient confiées à 26 comédiens ou comédiennes « sortant de la scène par tous les côtés, ainsi que du sol ; du plafond et de la salle ». Rien de tout cela n’apparaît dans les pages fort nombreuses de l’œuvre comme si l’auteur nous soumettait à une tout autre expérience, celle d’une acceptation ou au contraire d’un renoncement face à l’écriture de deux paroles conçues comme un « couple de numéros imprévisible » (numéro un et numéro deux) qui sature d’un bout à l’autre l’espace textuel sans jamais se répondre mais en avançant dans le matériau de leur co-substance. Ils ne parlent que de leur parole (dramatique).

Les Caliguliennes, Jacques Cauda

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 01 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

Les Caliguliennes, Les Crocs électriques, 2017, photographies d’Elizabeth Prouvost, . Ecrivain(s): Jacques Cauda

 

Jacques Cauda le « meurtrier »

Jacques Cauda dans la lignée de Sade et d’Artaud pousse la littérature littéralement dans le corps. Celui des femmes. Et celui de la première d’entre elles qui donne autant la nuit que le jour et à laquelle dans Les Caliguliennes les photographies d’Elizabeth Prouvost donnent des reflets aux noirceurs incestueuses.

Le livre est subliment « abject » en ce qu’il taillade. C’est donc un opéra – entendons ouverture. Et l’auteur y pénètre par toutes les blessures et les orifices. Jaillissent les éclaboussures provoquées par les saillies de l’écriture faite d’enjambements et des crimes. Chaque texte devient générateur d’une dévoration orgasmique. L’œuvre devient une histoire de sons et de cris fondamentaux sortis du plus profond de l’être. Le souffle est là sans pompe lyrique mais elle aspire le sang et le cerveau. La liberté se fait chair. Celle-ci ne résiste pas au sublime désordre rhétorique de Cauda. Il crachait ses poumons face à ceux qui en pincent pour les fortes poitrines.

Chamber Music suivi de Pomes Penyeach, James Joyce

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 30 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Poésie, Editions de la Différence

Chamber Music suivi de Pomes Penyeach, juin 2017, trad. Pierre Trouillier, 130 pages, 8 € . Ecrivain(s): James Joyce Edition: Editions de la Différence

 

« Pour comprendre comment Joyce devint Joyce, il faut en passer par ces deux recueils » (le premier publié en 1907, le second en 1927) a écrit Pierre Trouillier. En effet, la poésie a été pour l’auteur d’Ulysse la première expérience littéraire d’où l’intérêt majeur de la réunion en une édition bilingue de ces textes tombés, comme l’ensemble de l’œuvre, en 2012 dans le domaine public. Il s’agit, de plus, d’une véritable édition critique en raison de l’établissement scrupuleux du texte d’après les éditions originales, enrichie par les variantes des éditions ultérieures.

Le traducteur fait ici le choix de la versification et de la rime pour faire « partager en français une expérience rythmique et musicale proche de celle en anglais » qui ajoute sa beauté à la variété des mètres et des strophes.

Chamber music comprend 36 textes et fut rédigé par Joyce avant son départ volontaire d’Irlande en 1904. C’est au frère de celui-ci, Stanislaus, que l’on doit la conception finale du recueil qui « réorganisé et augmenté devait décrire le cheminement de l’âme du poète… jusqu’à son exil » sans suivre l’objectif initial qui consistait à suggérer la naissance et la mort d’un amour pour une dame, parcours hérité de la tradition courtoise.

Comme une lettre, Mireille Gansel

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 30 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Comme une lettre, La Coopérative, mai 2017, 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Mireille Gansel

 

 

Comment réduire des impressions de lecture, et cela de façon aussi peu cérébrale que possible, mais plutôt ressenties de l’intérieur, à l’image d’un chemin personnel que l’on fait en lisant de la poésie, sans en trahir le secret ? Cette question est bien vive ici, au sujet du recueil que Mireille Gansel publie ce mois-ci. Car il offre à la fois un voyage physique – Italie, Allemagne, mais aussi Paris ou Lyon – et nous fait partager un spleen. Et à travers lui, ce sentiment si particulier que chacun éprouve à sa manière sur l’hiver et ses lumières froides et blanches. Et là est la poésie justement, dans ce dénuement, dans ces mots éthérés, dans le rien, dans l’aube décharnée de janvier, principe intellectuel de la poésie qui raréfie les signes, qui les rend à eux-mêmes comme simple élément verbal, mais d’une telle simplicité hivernale, que la poésie naît et se développe, fait sens, épaissit le feuilletage de la signification, tout en se déchargeant des lourdeurs et des artifices brillants de l’été, par exemple, et de sa nature prospère.