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La Une Livres

Le cave du Vatican, Étienne Liebig

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 22 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Le cave du Vatican, La Musardine, avril 2017, 208 pages, 16 € . Ecrivain(s): Étienne Liebig

 

Elle, c’est Lorna, une très jolie fliquette, qui a ses méthodes pour obtenir les renseignements nécessaires au bon déroulement d’une enquête. Lui, c’est Glossu, son collègue, qui a aussi ses méthodes, mais plus classiques, puisqu’il distribue des mandales sans hésiter. Lorna, elle, se donne corps et âme pour aboutir lors d’enquêtes difficiles, et de son corps elle use et abuse, même si cela doit « débaucher » un jeune prêtre qui est raide dingue de ce corps.

Mais n’anticipons pas. Un premier meurtre est commis au Vatican, sur la personne d’un malfrat, connu des services de police à Paris. Et Lorna le connaissait « personnellement ». Elle est donc chargée de l’enquête avec son collègue Glossu. Ils se rendent alors à Rome pour éclaircir ce meurtre. Les différentes personnes interrogées vont mener ce duo de choc dans des lieux que, normalement, la prêtrise et le clergé en général ne sont pas censés fréquenter. Ainsi voit-on certains prélats rendre visite régulièrement à des prostituées, ou encore certains s’adonner à des pratiques sado-maso qui feraient pâlir le pire des maquereaux.

Canari, Duane Swierczynski

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 21 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Rivages

Canari, avril 2017, trad. anglais Sophie Aslanides, 408 pages, 22 € . Ecrivain(s): Duane Swierczynski Edition: Rivages

 

 

Serafina Holland, dite Sarie, étudiante particulièrement brillante, admise à suivre le cursus des « honors students » à la faculté de lettres de Philadelphie, est aussi une belle jeune femme, longiligne et bronzée de type mexicain. Pour son père, Kevin, addictologue, elle est une enfant remarquable, sortant assez peu, ne buvant pas, ne fumant pas, ne se droguant pas, un modèle pour son jeune frère Marty et un soutien pour la famille. Sarie a perdu sa mère, Laura. Elle y pense souvent et a hérité de sa Civic au volant de laquelle elle se déplace dans Philadelphie. Au cours d’une soirée précédant la fête de Thanksgiving, elle va cependant commettre l’irréparable : boire une gorgée de bière et aspirer une bouffée de « joint ». Et, il n’en faudra pas plus à notre étudiante exemplaire pour transgresser ses codes et accepter nuitamment d’emmener « D. », pour qui cette jeune femme pratiquement sobre est une aubaine, à un mystérieux rendez-vous.

Ce léger rien des choses qui ont fui, Alain Duault

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 21 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Ce léger rien des choses qui ont fui, mai 2017, 208 pages, 19 € . Ecrivain(s): Alain Duault Edition: Gallimard

 

Pour Alain Duault l’essence de l’amour participe aux lèvres du temps : de l’aurore au soir de la vie peut en jaillir le même goût. Mais les mains aussi comme le reste du corps participent à l’énigme intime qui paradoxalement arrive à effacer celui de l’univers. Il ne s’agit pas dans ce but de ressasser le passé mais de revenir à un éternel présent. Il n’est pas sans passé mais ne fait pas injure au possible.

Echantillon du vacarme ou souffle à peine, l’amour est bien plus qu’un soubresaut. Prenant appui sur le silence, naissant de ses abîmes, le poète l’intègre à son rythme comme une secrète respiration peu à peu restituée au temps. Et qu’importe si celui-ci conduit irrémédiablement à la nuit. Il faut croire qu’un jour « se lèvera demain », ici même, et « continuer à chercher la sortie du labyrinthe » revient à accepter de s’y perdre afin de refuser de s’apparenter au néant.

Duault touche au plus profond, comme dans les lieder de Schubert, dans les quelques lignes mélodiques de Beethoven ou dans les partitions musicales demandées de Philip Glass. Le poète crée sa musique paradoxale, à la limite du murmure, l’union des contraires : présence et absence, force et faiblesse. C’est là la manière du poète afin d’appréhender ce Grand Secret cher à Henri Michaux et qu’il convient à tout créateur digne de ce nom de se saisir.

Œuvres, Tome I, Tome II, Georges Perec en La Pléiade

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Œuvres, Tome I, Tome II, mai 2017, sous la direction de Christelle Reggiani, 2464 pages, 110 € le coffret jusqu’au 31 décembre 2017 . Ecrivain(s): Georges Perec Edition: La Pléiade Gallimard

 

« J’ai choisi pour terre natale, poursuit-il dans ce feuillet destiné au projet de Lieux, des lieux publics, des lieux communs… Le “lieu commun” sera donc l’espace de Perec. Les espaces communs deviendront son espace autobiographique ; les signes de son ancrage seront les “signes d’encrage”. Se dessinent là une éthique autant qu’une esthétique », Album Georges Perec, Claude Burgelin

Georges Perec se rappelle enfin à nous, Perec observateur, piéton, témoin d’un temps présent, amateur, joueur, verbicruciste, poète débonnaire, curieux de tout, et avant toute chose, Perec écrivain, ses romans en sont la preuve éclatante. Des Choses à l’Eternité, en passant par Je me souviens, et La vie mode d’emploi, ou encore Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, tout un monde, mille mondes frémissants et habités par la langue française, une géographie luxuriante – qui nous dit qu’il n’a pas inventé le slogan « Sous les pavés, la plage » –, un art de la composition, une passion pour l’écriture, pour une langue vive, une langue qui saute avec grâce d’un pied sur l’autre, d’une voyelle à une consonne. Pérec est un écrivain qui papillonne, qui palpite, qui folâtre, virevolte, voltige, d’une rue à l’autre, d’une porte à une fenêtre, tout est mouvement, et ses souvenirs s’y glissent comme la patte d’un chat sur une feuille de manuscrit.

Dans les montagnes chinoises, John Hopkins

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Dans les montagnes chinoises, juin 2017, trad. anglais (USA) Danièle et Pierre Bondil, 224 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): John Hopkins Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’Amérique du Sud est connue pour ses coups d’État, ses juntes militaires, ses allers-retours entre gouvernements démocratiques et dictatures. Le Pérou n’échappe pas à la règle. Non situé dans le temps de manière précise, mais par déduction probablement au début des années ‘80, Dans les montagnes chinoises, surnom des Andes provenant de l’origine asiatique des Indiens venus peupler ce sous-continent il y a plusieurs milliers d’années, est un roman qui aborde de manière romanesque la difficulté, voire dans ce cas précis l’impossibilité, d’établir de façon pacifique et stable la démocratie dans un pays déchiré par l’antagonisme de deux mondes irréconciliables.

Opposition des cultures, héritées des Incas pour la majeure partie de la population indigène avec sa mythologie toujours très prégnante et de l’Espagne catholique pour la minorité descendant des colons espagnols, frontières des langues, le quechua pour les Indiens et l’espagnol pour les grands propriétaires terriens, grand écart entre l’extrême pauvreté de beaucoup et l’insolente richesse de quelques-uns, l’illettrisme et le savoir, etc.