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2025, le protocole de glace, Christian Lestavel

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

2025, le protocole de glace, Autoédition, en vente format papier et numérique sur Amazon . Ecrivain(s): Christian Lestavel

Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté,

qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers,

qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude

La Boétie (1576)

 

Flippant de chez flippant ! A tel point que plusieurs fois j’ai suspendu ma lecture de 2025, le protocole de glace, fiction politique ancrée dans une sombre et plausible réalité, de Christian Lestavel. Dès le prologue, nous voilà mis au parfum nauséabond de nos lâchetés : « à chaque changement de siècle, nous pensons bâtir un nouveau monde, spirituel, philosophique, politique, territorial, océanique, industriel, spatial, numérique, alors que nous laissons derrière nous la mémoire du siècle précédent. L’Histoire ne nous sert à rien. Même notre Démocratie n’est qu’un pet ridicule, une misérable étincelle dans l’Univers infini qui nous entoure ».

Une trace dans le ciel, Agnès Clancier

, le Lundi, 19 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Arléa

Une trace dans le ciel, mai 2017, 227 pages, 20 € . Ecrivain(s): Agnès Clancier Edition: Arléa

 

« – Que ressentez-vous lorsque vous êtes là haut ?

– Je voudrais ne jamais redescendre ».

Ces deux lignes de dialogue, réel ou inventé par la plume féconde d’Agnès Clancier, illustrent parfaitement la vie et le caractère de Maryse Bastié qui fut une des premières aviatrices françaises. En cette qualité, elle réalisa quelques exploits mémorables comme le record de distance entre Le Bourget et l’URSS (1931) ou la traversée de l’Atlantique Sud, de Dakar à Natal au Brésil (1936).

Une trace dans le ciel débute en 1944, lorsque Maryse Bastié est arrêtée par la Gestapo. L’aviatrice est une femme libre qui a toujours été maîtresse de son destin, fût-ce au péril de sa vie. Mais là, pour la première fois, elle qui a couru tant de dangers, si souvent vu la mort de près et dont la volonté n’a pas de limite, n’est plus en mesure de décider de son sort. Va-t-elle être torturée ? « Est-ce que le 21 mars 1944 va être le jour de ma mort ? ».

Petits rituels sacrilèges, Werner Lambersy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Petits rituels sacrilèges, L’Amourier Editions, coll. Ex cætera, 1997, 51 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Werner Lambersy

 

Curieux ces Petits rituels sacrilèges, « bricolés » par Werner Lambersy, le poète d’Anvers, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages dont L’éternité est un battement de cils, son anthologie personnelle parue chez Actes Sud. « Bricolés » ne doit pas s’entendre de façon péjorative (le sens moderne figuré valorise d’ailleurs l’idée d’ingéniosité adroite contenue dans le verbe bricoler), bien au contraire puisque le poète l’affirme à l’entrée de ces Petits rituels sacrilèges publiés en 1997 aux éditions de L’Amourier :

« On me laisserait bricoler. Il faudrait éviter de déranger. Que je laisse faire, on me laissera dire. On mettra des lauriers dans la soupe du poète. En chaussant quelques charentaises encore chaudes, en suçant des chocolats glacés de l’entracte médiatique, on donnerait même des onguents pour l’eczéma des vanités, tout en faisant du bon commerce. Voilà, ça aurait dû être comme ça. Ça n’a pas pu, pas voulu, pas-lu-vous. Alors je bricole sans permission, comme on respire ».

Un roman étranger, Khalid Lyamlahy

Ecrit par Michel Tagne Foko , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Un roman étranger, éditions Présence Africaine, janvier 2017, 186 pages, 20 € . Ecrivain(s): Khalid Lyamlahy

 

Il est vrai que le sujet principal de ce livre est « l’immigration ». Dès lors que l’on acquiesce cela, on découvre aussi comme autre sujet « l’insertion ». Et l’angoisse d’être ou de paraître différent !

Ce roman ressemble beaucoup plus à un journal intime. Il est rempli de détails, d’émotions, de redondance, sûrement une petite faiblesse d’un premier roman, mais dès lors que l’on s’accroche et que l’on est bienveillant, on sort heureux d’avoir découvert cette œuvre !

Le personnage principal découvre, à l’entrée d’un cinéma, quand il doit présenter sa carte d’identité pour bénéficier d’un tarif préférentiel, que son titre de séjour expire dans presque un mois. Et là, va commencer pour lui un long moment d’angoisse et de multiples questionnements…

Il y a aussi, et surtout, dans ce livre, de très belles phrases. Par exemple, il dit de Sophie, cette jeune étudiante dont il est amoureux et à qui il ne sait pas comment avouer sa flamme :

Alfred Jarry, L’Expérimentation du singulier, Karl Pollin

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 17 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, USA

Alfred Jarry, L’Expérimentation du singulier, éd. Rodopi, coll. Faux Titre, 2013, 285 pages . Ecrivain(s): Karl Pollin

 

Ces trente dernières années, les plus intéressants livres consacrés à Jarry, tel le passionnant et érudit Alfred Jarry, le colin-maillard cérébral de Julien Schuh (Honoré Champion, collection Romantisme et modernités, 2014), ont replacé, dans la lignée des travaux d’Henri Béhar (Les Cultures de Jarry, Presses Universitaires de France, 1988) ou de Patrick Besnier (Alfred Jarry, Plon, collection Biographique, 1990 et Alfred Jarry, Fayard, 2005), l’auteur de Messaline « dans le contexte de son époque, parmi ses pairs en littérature », et, ce faisant, ont mis « en évidence un état d’esprit, une forme de pensée, un courant culturel dans lequel écrivains, artistes, philosophes et scientifiques de l’époque de Jarry se retrouvent ».

Cet état d’esprit fut propre à la fin-de-siècle. Analysant l’œuvre de Jarry, l’on remarque ainsi combien celui-ci « résume l’esprit de toute une époque, et mieux encore, de toute une famille d’esprits qu’on peut reconnaître par comparaison réciproque […] : un certain état de révolte où l’intelligence s’allie au tonique bouleversement de tous les conformismes ».