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La Une CED

Pendant qu'il neige : le secret de la chronique

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 14 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« C'est comme un chien dans ma tête : il aboie et j'écris. Sauf que ce n'est pas si simple. Il me semble que c'est moi qui suis au bout de sa laisse, qu'il me promène parfois durant une demi-heure par jour, me laisse gambader dans son univers puis me ramène vers mon angle mort qui est ma vie de tous les jours. Je m'explique donc : c'est un chien immense, composé d'étoiles dans une obscure nuit qui lui sert de peau sans fond. Il aboie en Alphabet et j'écris. Parfois bien, parfois mal, quand il va trop vite et que ne me restent que des bouts de phrases. Il est grand, le chien noir qui m'enjambe pour aller boire, à l'autre bout du monde, son eau et revenir. C'est comme ça que je peux décrire les choses qui se passent dans ma tête. Car dehors, pour ceux qui me voient de dehors, il ne se passe rien. Je suis penché sur un gros cahier plein de ratures, devant un micro, en train de tabasser un clavier et j'écris sans cesse, sans cesse et toujours. Un scribe dans un journal où je suis payé au mois pour faire semblant d'être courageux.

André Kertész et Ludovic Degroote : le geste impossible du souvenir

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 11 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

 

A l’occasion de la parution de Monologue de Ludovic Degroote aux éditions Champ Vallon, collection Recueil, octobre 2012, 97 pages, 11,50 €

 

Octobre 1977. Le photographe André Kertész perd sa femme Élisabeth, qu’il a rencontrée près de soixante ans auparavant. Il va faire l’utilisation du Polaroid SX-70, explorant « les possibilités intimistes offertes par ce procédé novateur, très éloigné de la pratique classique : petit format carré (8 x 8 cm), en couleurs, développement immédiat et production d’une vue unique, sans négatif », comme le soulignent Annie-Laure Wanaverbecq et Michel Frizot.

Parallèlement, il découvre dans une vitrine un buste en verre qui l’intrigue. Suite à trois mois d’hésitation, il l’achète.

Promenade informelle dans le verbe de René Char

, le Jeudi, 10 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

L’espoir de ce récit et des réflexions qui le prolongent n’est évidemment pas d’apprendre quoi que ce soit aux familiers de la poésie de René Char (toujours susceptibles de m’en faire eux-mêmes découvrir quelque recoin), mais plutôt de m’adresser à ses lecteurs occasionnels. Je fais l’hypothèse qu’il s’en trouve d’intimidés par une langue sans concession et un lien pouvant être perçu comme difficile à faire entre la hauteur de visées énoncées sous une forme proche de fragments présocratiques et une sensualité omniprésente, et envoûtante. L’angle sous lequel je leur propose de m’y accompagner n’est qu’une entrée possible parmi de nombreuses autres, que j’ai d’abord voulue facile à emprunter.

 

Une chaude après-midi de l’arrière-saison, en Vaucluse ; nous étions allés déjeuner chez un couple d’amis. L’enclave d’Apt se resserrait sur elle-même sous un soleil qui la criblait, et avant de reprendre la route vers notre Sorgue, ma femme exprima le désir d’une promenade.

Cette fois, l’habituelle question-couperet « Où va-t-on ? » ne s’abattit pas sur notre communion en même temps que le claquement des portières.

La mère Michel a lu (14) - La Comédie, Dante Alighieri

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 09 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

La Comédie (Enfer - Purgatoire - Paradis) de Dante Alighieri, Édition bilingue, présentation & traduction de Jean-Charles Vegliante, Nrf Poésie / Gallimard, 1280 pp., Coll. n°480 / 17 €

Le poème de la chrétienté

 

« Les intuitions des poètes sont les aventures oubliées de Dieu ».

Elias Canetti, Le Territoire de l’homme

Les échanges intellectuels Béjaïa-Tlemcen

Ecrit par Nadia Agsous , le Lundi, 07 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Documents

 

Même si les deux « perles du Maghreb », Béjaïa la Sanhajie et Tlemcen la Zenète, sont réputées avoir entretenu des relations politiques conflictuelles en raison de leur « situation géostratégique », il est cependant prouvé qu’elles ont eu des échanges culturel, scientifique, intellectuel et musical. Ces derniers ont favorisé « la constitution d’une tradition scientifique médiévale au Maghreb ».

C’est ce à quoi s’attache le beau livre Les Echanges Intellectuels Béjaïa-Tlemcen, réalisé à l’occasion de la manifestation culturelle : Tlemcen, Capitale de la culture islamique 2011.

Agrémenté de documents iconographiques de période étudiée, l’ouvrage regroupe dix-sept contributions d’universitaires algériens, français, espagnols et italiens. Structuré en cinq parties, il éclaire sur la nature des liens et des échanges entre Béjaïa et Tlemcen du XIIe siècle au XXe siècle.

Aux XIe et XIIIe siècles, des Tlemceniens ont séjourné à Bougie. Ils y ont étudié et/ou enseigné. D’autres ont occupé des fonctions administratives et/ou juridiques importantes. Abdelaziz b. Makhluf (1202-1286) était Cadi (juge de paix) à Bougie et fit la connaissance de savants tels que le bio-bibliographe, al-Gubrini (m. 1315) et al-Hirrali, « l’imam du Tassawuf » (soufisme), (m. 1240).